Cette page est une version archivée le 02 avril 2006 du site/annuaire horizon local de Globenet.
Ce site est maintenant fermé; il n'est plus tenu à jour, les informations peuvent être datées ou erronées,
et le seront de plus en plus au fil du temps. Et les formulaires sont désactivés.

Quel avenir pour les banlieues ?

Alain Hajjaj, ancien chef de projet à La Verrière, est chargé des affaires sociales à Trappes (78)


Trente années passées dans les banlieues lui permettent d'en connaître l'évolution, de dresser un constat objectif de la situation actuelle et de proposer quelques pistes de travail.

Dans les banlieues :

Or, dès 1973, certaines résidences n'ayant que 5 ou 10 ans, on parlait déjà de réhabilitation des banlieues. Malgré tous ces dispositifs, malgré l'énergie dépensée, les résultats se font attendre. Certes, on peut se demander ce que seraient devenues les banlieues sans tous ces dispositifs. Mais comment se contenter de cette remarque ?

Aujourd'hui, les interventions sont toutes concentrées sur le traitement de l'urgence. C'est bien le problème. S'il y a quelques années, les acteurs sociaux travaillaient sur la prévention des impayés des loyers, aujourd'hui leur travail est uniquement concentré sur la gestion des expulsions locatives.

Les réhabilitations des cités, la construction d'équipements qui ont consommé beaucoup d'argent public vont maintenant s'achever. Or les immeubles ont été construits pour une durée de vie de 30, 40 ans. Commence donc à se poser la question du devenir de ces banlieues ! Doivent-elles redevenir un lieu d'habitat transitoire ou doivent-elles se transformer en villes ? Il faudrait plutôt se demander : " A quoi pourraient servir les banlieues ? "

Le défi qui nous est posé, c'est de ralentir la dérive des quartiers et de faire en sorte que la présence de l'Etat reste forte afin que il y ait encore la possibilité d'agir. On peut inscrire ce défi dans un rapport au milieu rural :

- L'exode des retraités continue. Or, tout départ est une source de dysfonctionnement dans les cités. Il serait intéressant de faire persister des passerelles entre cette population qui avait quelques racines dans les banlieues et ceux qui restent.

- Le rapport au milieu rural reste très présent. 80 % des habitants des banlieues sont issus des milieux ruraux que ce soit la population franco-française ou celle liée à l'immigration qui vient exclusivement des milieux ruraux du Maroc, du Mali, du Sénégal ou d'ailleurs.

Il y a des files d'attente pour disposer d'un des 300 jardins ouvriers de Trappes. Des associations d'africains travaillent avec des villages du Mali pour les aider à se développer et essayer de faire en sorte que la population puisse faire le choix de rester au pays.

Il convient de poursuivre la réflexion sur le moyen d'organiser des collaborations en s'appuyant sur cet attachement au milieu rural.

- Enfin, le manque de référence au territoire est problématique dans les quartiers. Quand il s'organise, c'est sur des images négatives, sur des rapports de violence. Or, un projet de développement local, de dévelop-pement urbain se construit sur un sentiment d'identité.

Le monde rural a beaucoup à apporter aux urbains sur l'attachement au territoire, sur sa défense, la mobilisation des énergies et des potentiels pour le développement, et sur les solidarités intercommunales. Beaucoup de petits pays de France ont trouvé, en s'unissant, le moyen de dépasser un certain nombre de problèmes et créer des équipements, accueillir des entreprises...

La solidarité intercommunale, à l'image de certaines campagnes françaises, doit devenir un objectif prioritaire dans les villes et les banlieues pour que la solidarité joue plus efficacement. Tant que nous resterons sur des phénomènes de concentration non partagées, dans certaines villes, dans certains quartiers, nous aurons du mal à retrouver des formes d'équilibre, à la fois pour les populations et pour ceux qui y travaillent.

Il est indispensable de dépasser la gestion de l'urgence pour aborder le traitement de fond des problèmes des banlieues. La collaboration avec des ruraux est certainement un moyen d'y parvenir.


Sol & Civilisation - La lettre, numéro 4; décembre 1996

Pour plus d'informations, contacter: Sol et Civilisation
50 rue de Charonne - 75011 Paris - Tél: 48 05 53 11 ; Fax: 47 00 83 01


| Sommaire | Homepage |

Horizon Local 1997
http://www.globenet.org/horizon_local/
http://www.macbroker.com/:cserve/langevin/horizon.htm