Cette page est une version archivée le 02 avril 2006 du site/annuaire horizon local de Globenet.
Ce site est maintenant fermé; il n'est plus tenu à jour, les informations peuvent être datées ou erronées,
et le seront de plus en plus au fil du temps. Et les formulaires sont désactivés.

Pour relever les défis du futur :
promouvoir l'Economie Sociale

Par Jean MADEC - Sol et Civilisation


L'Economie sociale est très présente dans l'économie et la société modernes. Elle l'est singulièrement en France et plus spécialement en milieu rural oû sont nées et se sont développées depuis plus d'un siècle coopératives, mutuelles, associations... L'essor de l'ensemble témoigne de sa nécessité. Pourtant, dans le monde actuel, cette réalité est souvent mal connue ou reconnue ; certains estiment même que les formes de l'Economie Sociale sont davantage l'expression du passé que la promesse d'un avenir meilleur.

L'Economie Sociale a une histoire, riche et mouvementée, faite d'adaptations permanentes au contexte. Les fondateurs, politiquement de gauche ou de droite, avaient en commun le concept de solidarité et d'entraide pour l'ascension sociale et économique des adhérents et associés. Entre capitalisme et collectivisme, la notion de tiers-secteur prenait tout son sens.

Mais qu'en est-il aujourd'hui, alors que le système soviétique s'est effondré et qu'il n'y a plus de débat sur des modèles de société concurrents ? Les utopistes de tous bords semblent avoir disparu au profit de la pensée unique ou/et du politiquement correct . Est-ce donc que tous les problèmes sont résolus ?

Il semble au contraire que chacun s'interroge sur l'avenir, notamment celui des jeunes. Le sentiment que le libéralisme triomphant n'apporte pas la richesse et le bonheur immédiatement et pour tous, est latent.

Alors, paradoxalement, on se tourne vers l'Etat-providence pour compenser, tant bien que mal, les excès et les inconvénients d'un système libéral ouvert sur le monde. Davantage de libéralisme génère donc davantage d'Etat-providence. Or, pour distribuer, il faut d'abord ponctionner, et l'histoire des peuples montre que les ponctions ne sont pas sans limites. Jusqu'oû ce mécanisme de solidarité institutionnelle tiendra-t-il ?

Existe-t-il des solutions alternatives ?

Un élément de réponse à cette dernière question se trouve résumé par une expression anglo-saxonne : le self-help (1), c'est à dire la solidarité volontaire et active du couple aide-toi toi-même et l'union fait la force . Le self-help, c'est-à-dire l'Economie Sociale, est d'autant plus d'actualité que la crise de société est plus fortement ressentie.

Ainsi, l'Economie Sociale est essentielle pour l'avenir du milieu rural. Lorsque les poids économique et politique d'un groupe diminuent en valeur relative, son aptitude à se faire entendre et comprendre diminue plus que propor-tionnellement, sauf s'il démontre une cohésion et une solidarité internes fortes. C'est pourquoi le milieu rural doit renforcer et faire reconnaître sa spécificité, comme l'agriculture l'a fait autour de ses structures syndicales et d'économie sociale.

Il est temps que les élèves de l'ENA apprennent ce qu'est l'Economie Sociale, que les juristes sachent penser et rédiger des textes de lois et de décrets pour elle (et non en dérivés du système dominant) et surtout que les politiques en admettent la réalité et prennent en considération ses perspectives pour l'avenir.

Il est temps que les structures mêmes de l'Economie Sociale, aujourd'hui trop souvent contraintes par l'urgence, n'épuisent pas toute leur capacité de réflexion et de négociation à s'adapter aux exigences du système capitaliste pour poursuivre et soutenir la concurrence. Il faut désormais revendiquer fermement une place ès-qualité pour l'Economie Sociale, dans sa diversité, au niveau de l'Union Européenne, pour bâtir le monde de demain, oû les acteurs seront appelés à participer davantage.

Les efforts à conduire sont considérables. Il suffit de rappeler le décalage de rapports de force entre les supercentrales d'achat et les coopératives agricoles par exemple qui, elles, (contrairement aux autres formes juridiques), ne peuvent se délocaliser pour en prendre la mesure. Les dominés , au nom même des principes de concurrence et d'équité, doivent être mis en état de réagir efficacement.

L'économie sociale, dans sa diversité, est une forme d'organisation éminemment moderne et d'avenir, parce que d'essence humaniste, face aux excès d'un libéralisme dominant à l'échelle mondiale.

Les chiffres de la Commission Européenne (4 mars 1993) sont éloquents :

L'Economie sociale, dans la Communauté, ce sont des coopératives : 63 millions de membres, plus de 370 milliards d'écus de chiffres d'affaires ; des mutuelles de prévoyance : 47 millions de sociétaires, un chiffre d'affaires de 22 milliards d'écus ; 25 millions de familles couvertes par des coopératives et des mutuelles d'assurance pour un chiffre d'affaires de 40 milliards ; et enfin 40 millions d'associés et 3 millions de salariés animant des associations.

(1) voir L'économie sociale face à l'ultra-libéralisme Jacques Moreau


Sol & Civilisation - La lettre, numéro 2; juin 1996

Pour plus d'informations, contacter: Sol et Civilisation
50 rue de Charonne - 75011 Paris - Tél: 48 05 53 11 ; Fax: 47 00 83 01


| Sommaire | Homepage |

Horizon Local 1997
http://www.globenet.org/horizon_local/
http://www.macbroker.com/:cserve/langevin/horizon.htm