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Bernard Dalmon: "Mettre concrètement l'économie au service de l'homme"


Un parcours personnel particulier

Ayant vu les conditions de travail très dures de ses parents agriculteurs, il quitte sa famille à 21 ans dégoutté par le monde agricole. Pourtant 20 ans après, il est tout aussi occupé...

Sa carrière commence en Aveyron dans les machines outils. Il y reste 8 ans. N'y trouvant pas de projet personnel qui lui permette d'évoluer, il démissionne. Entre temps, il suit des cours des Arts et Métiers puis devient enseignant pendant un an pour faire partager ses valeurs aux jeunes. Avec les élèves, le contact est bon. Par contre, le milieu des enseignants lui semble beaucoup trop individualiste et replié sur lui même. A ce moment là, des responsables de projets étaient recherchés à Decazeville pour y développer la sidérurgie. Il veut agir pour la ville dont il est originaire et assume cette fonction pendant un an. Mais suite à une décision gouvernementale, les sociétés d'exploitation de sidérurgie ferment. En trois mois, 500 personnes sont licenciées.

Il présente alors au maire de Decazeville, son projet de création d'une petite entreprise. Le maire refuse persuadé qu'il ne pourrait pas aboutir étant donnée la distance qui le séparait de ses clients. En bon Aveyronnais, Bernard Dalmon est têtu. Par l'entremise du comité d'expansion économique, il prend contact avec la mairie de Luc Primaube à proximité de Rodez. Cette commune mi cité dortoir, mi centre d'activité agricole, accueille quelques entreprises de service. Le projet de Bernard Dalmon est accepté. Un local est mis à sa disposition.

L'entreprise " Défi 12 " voit ainsi le jour en 1989. Ce nom est choisi pour montrer que l'on peut créer et faire vivre des entreprises à haute valeur ajoutée, y compris en Aveyron. Défi 12 est un bureau d'études technique qui conçoit des produits mécaniques, des machines-outils pour l'industrie. Ses clients sont Renault, Bosch, Aérospatiale, Ratier, Labinal, Forest... L'entreprise est composée actuellement de 21 personnes, 5 ingénieurs et 15 techniciens supérieurs. Ils ne font que de la réflexion, de la création.

Au départ, il a fallu convaincre les clients que l'on peut exercer des métiers à haute valeur ajoutée en Aveyron et y concevoir des produits comme partout ailleurs. Défi 12 y est parvenu avec beaucoup de volonté, de force de persuasion. Les clients ont vite découvert les valeurs aveyronnaises de ténacité, de respect de la parole donnée et constaté que les produits conçus à la Primaube sont de même qualité que ceux de la région parisienne.

Défi 12 a du surmonter une autre difficulté : convaincre ses clients de visiter l'entreprise car " l'Aveyron, vu de Paris, c'est vraiment le désert ". Aujourd'hui, certains responsables de projets de Renault, de Peugeot y vont régulièrement avec leur famille !

Permettre à l'entreprise de jouer un rôle citoyen

Les techniciens, les ingénieurs aveyronnais partent à Toulouse, Paris ou Lyon faute de trouver un emploi chez eux. Bernard Dalmon a voulu permettre à certains d'entre eux de revenir et de s'impliquer dans la vie de leur commune. Défi 12 veut en effet réconcilier l'homme et l'économie. Concrètement, 4 salariés sont éducateurs de football, 2 sont conseillers municipaux. Cela est rendu possible par l'aménagement du temps de travail. Les éducateurs de football ont besoin du mercredi après-midi. Ils le prennent et organisent leur travail en conséquence. L'entreprise joue là un rôle économique et citoyen.

Des entrepreneurs impliqués dans la vie locale

C'est un des mots d'ordre du Centre des jeunes dirigeants d'entreprises (CJD) dont Bernard Dalmon est membre. Le CJD n'est pas un syndicat. Il regroupe des entrepreneurs, entre autres de très petites entreprises, autour d'un objectif principal : mettre l'économie au service de l'homme. Le CJD demande ainsi à ses membres de consacrer 20% de leur temps à de l'engagement citoyen pour participer à l'activité des chambres de commerce et d'industrie, à la vie locale, à la formation, pour influencer les décideurs, etc.

Ainsi, Bernard Dalmon participe activement à la vie de La Primaube. Le maire invite tous les trimestres tous les acteurs économiques, entrepreneurs, agriculteurs, artisans, commerçants à participer à une réunion pour discuter des projets de la commune. Y participe qui veut. Par exemple, la commune va être traversée par la route nationale 88 qui reliera Toulouse à Lyon. C'est une nécessité pour briser l'enclavement de l'Aveyron. Le maire a demandé l'avis des acteurs économiques de la commune sur ce projet. Tout le monde a pu parler et a été écouté. Un consensus s'est dégagé et un projet étayé a été proposé à la Préfecture.

L'implication des chefs d'entreprises de tous milieux autour du maire permet d'échanger et de voir ce qui est important, intéressant et opportun pour les uns et pour les autres. Elle est essentielle pour le développement local.

Bernard Dalmon est entrepreneur dans l'Aveyron, membre du bureau national de Centre des Jeunes Dirigeants d'Entreprises (CJD)


Sol & Civilisation - La lettre, numéro 10, nov. 1998

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Horizon Local 1997
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