Par Eric Jehenson
La revue belge “TRAVERSES”, magazine de l’économie sociale et de la vie associative, consacre son numéro n° 115 au commerce équitable. L’article de Jean Delespesse est particulièrement intéressant dans la mesure où, constatant des convergences entre les objectifs de l’économie sociale en Belgique et le commerce équitable, il propose de s collaborations commerciales entre ces deux secteurs.
A une époque où la mondialisation, telle que l’entend l’idéologie dominante, fait tout les jours des nouvelles victimes, les initiatives et les propositions de modèles alternatifs ne manquent pas, et ce au nord comme au sud. Cependant, malgré leur potentiel de création et d’imagination, elles sont très loin de faire le poids. D’où l’idée de coopérations et pourquoi pas de partenariats entre le nord et le sud. Cela s’est déjà fait, mais ne conviendrait-il pas de pousser ces expériences encore plus loin.
Les critères de sélection d’Oxfam
En fait, à l’initiative des Magasins du monde Oxfam, plusieurs critères de sélection des producteurs de ces magasins ont été comparés notamment avec ceux du Conseil wallon de l’économie sociale (CWES). Il s’agit, plus concrètement, du fonctionnement démocratique, de la socialisation du profit, de l’attribution des revenus, du respect de l’environnement et enfin d’autres critères plus particuliers. Il ressort que, excepté pour le respect de l’environnement où on peut déplorer le silence du CWES, on constate des objectifs identiques ou convergents mais exprimés différemment. Partant de là, il s’agirait pour ces deux acteurs, de construire ensemble quelque chose, mais quoi?
L’idée de commercialiser ensemble est ainsi apparue. Jean Delespesse fait remarquer, de manière par ailleurs assez énergétique, que le secteur de l’Economie sociale a beaucoup à apprendre des campagnes de communication des Magasins du Monde et des produits “made in dignity”. Ainsi pourquoi ne pas acheter des produits “made in Economie sociale”? L’état de marketing de ce dernier pourrait être examiné à la lumière de l’expérience des Magasins du monde. Un partenariat commercial serait en tout cas profitable aux deux secteurs. Ainsi, on pourrait acheter des produits de l’un chez l’autre et vice versa, organiser des centrales d’achats de produits de deux types à destination du secteur associatif, du secteur public ou pourquoi pas privé.
Le citoyen solidaire et responsable a la faculté, en qualité de consommateur, d’agir localement. Cependant, n’y a-t-il pas aussi paradoxe et danger d’associer deux mots, citoyen et consommateur, à une époque où justement le premier a de plus en plus tendance à s’effacer face au second. Etre citoyen d’un monde de plus en plus globalisé, ce n'est pas seulement consommer des produits “made in dignity” ou autres.
D’un côté, s’il faut certainement être ambitieux et oser un partenariat commercial entre ces deux secteurs que sont l’Economie sociale et le commerce équitable, l’idée de créer des chaînes de petites et moyennes surfaces pourrait aussi nous mettre mal à l’aise. Il ne faudrait pas trahir la philosophie et les buts poursuivis par ces organisations en se laissant submerger par un éventuel succès. Enfin, nous n’en sommes pas encore là...
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Horizon Local 1997
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