Algérie - Luxembourg
Pourquoi rapprocher l'Algérie et le Luxembourg?
Architectures, cultures et sociétés
Le M'zab, une leçon d'esthétique
L'objet traditionnel et sa relation avec le cadre bâti
Architecture Ottomane
Vers une architecture régionale contemporaine
On dit que l'architecture est la mère des arts, tant elle incarne et met en formes des valeurs, des savoir-faire, la vision de la vie en commun, tant elle laisse transparaître les conditions économiques et historiques.
C'est sur ce support que le groupe culture de l'ASTM a voulu expérimenter un type d'action nouveau pour nous, celui du dialogue et de l'échange Nord-Sud, avec l'idée que la coopération n'est pas qu'une question d'aide ou d'information-sensibilisation, mais qu'elle devrait permettre l'enrichissement mutuel autour de préoccupations communes.
C'est en collaboration avec le Service des Sites et Monuments nationaux, la Fondation de l'Architecture et l'Ecole polytechnique d'Architecture et d'Urbanisme d'Alger, que nous avons organisé une exposition et un débat accompagné d'une projection de diapositives.
L'exposition retraçait l'architecture ottomane et moderne en Algérie et l'architecture rurale luxembourgeoise. Ces belles expositions ont trouvé un écho très positif et ont même attiré une famille pied-noir du Sud de la France, qui nostalgique de l'Algérie, n'a pas hésité à faire le déplacement.
La table ronde visait à mettre en valeur nos patrimoines traditionnels respectifs à l'exemple du M'zab en Algérie et de villages luxembourgeois. Cette table ronde a lancé un débat passionné, face aux enjeux actuels de l'architecture au Luxembourg. Parler de la culture algérienne nous a permis de réfléchir à la nôtre et c'était bien là l'objectif de cette rencontre.
Pourquoi rapprocher l'Algérie et le Luxembourg?
C'est que, tout simplement, le groupe culture de l'ASTM s'est enrichi d'un nouveau membre, Ammar Bounaira qui est architecte et Algérien, et dont l'expérience et la réflexion dans le domaine des dynamiques culturelles nous ont permis d'affiner notre démarche de dialogue Nord-Sud.
D'autre part, le Luxembourg est pratiquement inconnu en Algérie. L'Algérie est par contre tristement connue au Luxembourg. Voilà une bonne occasion pour mieux faire connaissance!
marie-ange schimmer
Architectures, cultures et sociétés
(Ammar Bounaira) L'architecture est l'une des principales composantes de notre environnement. Elle le façonne, le structure, l'organise, le spécialise. Elle peut être aussi la cause d'un certain nombre de problèmes.
Il n'en demeure pas moins qu'elle reste un indicateur de témoignage culturel extrêmement important. Elle renseigne non seulement sur l'évolution de l'homme à travers les âges, mais aussi sur son mode de vie, sa conception ou sa vision du monde, ses valeurs, ses croyances, sa manière d'être.
Elle est aussi le témoin privilégié de son organisation sociospatiale, économique, juridique, stratégique et technique.
De ce fait, nous devons rester attentifs non seulement aux différents courants qui ont marqué la pratique architecturale, mais interroger aussi l'architecture dont on ne parle pas suffisamment pour ne pas dire jamais, parce qu'elle est considérée comme un art mineur, sans importance, à savoir l'architecture dite traditionnelle, rurale ou populaire, et qui constitue les deux tiers des constructions dans le monde.
Nous ne voulons faire l'apologie ni de l'un, ni de l'autre. Nous voulons tout simplement les interroger, chacune dans leur contexte pour qu'elle nous livre les secrets trop souvent précieux, mais négligés dans leur simplicité, dans leur unité, leur beauté. Les exemples choisis sont luxembourgeois et algériens, même si ce type d'association peut paraître a priori sans fondements.
Le M'zab, une leçon d'esthétique
La vallée du M'zab se situe à 600 km au Sud d'Alger, dans un site extrêmement hostile. Elle est principalement peuplée par les "Beni-Mzab" qui font partie du groupe ethnique berbère Zenata, qui ont été rejoints au IXe siècle par les populations ibadhites originaires d'Orient et du Maghreb.
La doctrine ibadhite ou mozabite est à l'origine de la formation de la communauté mozabite et de la création de ses villes. Elle a façonné son mode de vie, son mode de pensée, son idéal social, culturel et politique.
Historiquement, il faut retenir que les ibadhites sont des citadins qui, dans leur conquête de la vallée du M'zab, ont transité par de nombreuses villes, plus particulièrement à Basra et Kufa en Irak.
La structure urbaine
L'espace mozabite se présente suivant une logique, un ordre bien précis. Il traduit un ordre social bien déterminé et renvoie une image de cohérence et de rigueur. La ville se développe suivant un schéma radio-concentrique, dont le centre est attribué à la mosquée, élément stratégique de la ville autour duquel s'organise la vie de la cité. La mosquée est là pour préserver l'unité, l'intimité communautaire et l'ordre établi.
Cet état d'esprit se retrouve également dans l'architecture qui donne une image de sobriété, de cohérence et de pureté, par le dédale de ses multiples espaces qui permettent aussi bien le regroupement que l'isolement, et enfin, par son échelle, par ses systèmes constructifs judicieux et l'utilisation optimale des matériaux locaux.
L'artifice est absent. Dépouillé et sobre, le choix architectural insiste sur l'"essentiel", l'"utilitaire" et tente surtout d'être en adéquation avec les besoins, les aspirations, les préoccupations quotidiennes des habitants, les moyens dont ils disposent.
Les habitations
La maison est articulée à l'espace public (la rue) par une entrée en chicane1 ou "skiffa", conçue pour préserver l'intimité du groupe des regards étrangers.
La maison constitue l'espace sacré, intime réservé à la femme. Espace introverti, hiérarchisé (allant du public au privé), polyvalent, il obéit à des règles, des normes sociales: discrétion, réception (homme-femme), travaux ménagers, ...
Telle qu'elle est conçue, la maison nous renseigne parfaitement sur ces relations, et notamment sur
- hommes-femmes
- le dedans (féminin) et le dehors (masculin)
- l'ouvert et le fermé: les maisons sont centrées sur elles mêmes, fermées sur l'extérieur, mais ouvertes vers le ciel par l'intermédiaire du patio, notamment pour des raisons symboliques et climatiques
- le sacré et le profane (p.ex. espaces de vie familiale - sanitaires)
L'aspect égalitaire de la doctrine Ibadhite interdit tout effet ostentatoire. Ainsi, de l'extérieur, toutes les maisons sont identiques et communiquent entre elles à travers les terrasses. Les aménagements intérieurs sont réduits à leur plus simple expression.
Nous terminons cette description succincte par un questionnement sur le devenir de ces villes traditionnelles dont la croissance échappe de plus en plus à ses fondateurs qui constituaient le pouvoir local.
A celui-ci se substitue un pouvoir national créant de nouvelles institutions, de nouveaux critères d'esthétique - comment concilier les deux types de logiques, deux types de pratiques sur et de l'espace?
Comment ce terreau de valeurs de solidarité familiale traditionnelle, va-t-il intégrer ou non des valeurs idéologiques nouvelles: normes d'urbanisme et de construction actuelles qui s'inscrivent dans une démarche très techniciste et hégémonique, qui aboutit souvent à un contrôle social des comportements par des espaces de plus en plus spécialisés: centres commerciaux, maisons des jeunes et de la culture, etc.
De nouveaux enjeux, de nouveaux défis, de nouvelles instances s'engagent, pour permettre l'introduction de nouvelles valeurs, tout en préservant les formes de solidarité sociale et de la conscience du groupe.
Le pari de la modernité est lancé face à la force de la tradition. Quelle en sera l'issue? Quelles en seront les conséquences sur le plan social et spatial?
Devra-t-on redéfinir l'esthétique aujourd'hui, face aux nouvelles stratégies et aux nouveaux intérêts?
Ammar Bounaira, architecte
L'objet traditionnel et sa relation avec le cadre bâti
L'aspect général du cadre bâti traditionnel découlant des règles architecturales décrites précédemment sont effectivement en corrélation étroite avec les éléments décoratifs et mobiliers du fait de leurs caractéristiques fondamentales communes.
C'est la répartition équilibrée des volumes et des plans autour d'un axe ou d'un espace: médaillon central pour un tapis et cour intérieure pour l'habitat.
Cette symétrie est parfaitement vérifiable dans l'élaboration de la plupart des objets traditionnels. Les qualités architecturales du bâti, parce que moins visibles, ne peuvent à elles seules conférer à ces habitats cette unité de style remarquable au premier abord, ce cachet particulier si attachant d'où émane douceur de vivre et raffinement.
Si l'on peut se permettre ce raccourci, si les règles urbanistiques expriment plutôt l'esprit, l'agencement intérieur exprime la sensibilité.
Dans un cadre urbain, le tapis définit l'espace utile. Son répertoire chromique et décoratif trouve une relation avec le mobilier en bois décoré. Captant plus la lumière, les claustra2 aux vitres de couleurs sont en rapport avec les chatoyantes faïences et les rideaux à décors floraux ajourés.
Cette même ornementation est reproduite partout selon la nature du support et les règles techniques inhérentes à chaque matière: le motif est ciselé sur les cuivres avec incrustation d'argent ou non, brodé au fil d'or ou autres sur les tissus. Il se découvre aussi sur les chapiteaux en marbre et pièces en bois sculpté. Le décor floral est le thème privilégié de l'art traditionnel urbain. Le décor géométrique est propre à l'art traditionnel rural, mais sa relation avec le cadre bâti relève de la même logique, du même principe. Le décor, là aussi, participe à créer une unité de style. Il est présent sur les murs, les poutres, les portes, les coffres, les silos à grains. Cette relation est particulièrement marquée dans le tissage, le bijou, la poterie.
Ces objets, situés dans leur contexte, restituent la cohésion de toutes les composantes de cette culture, produits de la collectivité entière.
L'art traditionnel rural algérien ...
L'art traditionnel algérien est la manifestation d'une très ancienne civilisation rurale née au Maghreb dès les premiers temps de l'histoire, au moment où l'homme jadis chasseur, se fixa, devint éleveur et cultivateur.
Les symboles de cette civilisation ont remarquablement traversé les millénaires pour se manifester encore vivants dans le tissage, le bijou et la poterie berbères.
L'art rural se caractérise par un décor géométrique: losange, triangle qui donne un cachet identitaire ayant souvent un connotation magique et prophylactique.
Les couleurs sont limitées à 2 ou 3 tons: noir ou bleu foncé, rouge, marron.
Le mobilier peut être composé soit d'éléments construits (banquettes, niches, silos
en pisé, bois, argile), soit de meubles, en l'occurrence uniquement le coffre berbère.
... un art à part entière
L'art traditionnel rural est le produit de la stricte nécessité qui répond à tous les besoins des sociétés agropastorales.
Imprégné de traditions, modelé par le caractère de populations, issu de son milieu naturel, l'objet usuel traditionnel reflète le mode de vie des populations et ses croyances.
Produit d'un esthétisme inné, ces objets, à l'origine exclusivement utilitaires, sont par leurs formes, leurs décors et les valeurs qui les sous-tendent des oeuvres d'art à part entière.
L'art traditionnel urbain algérien ...
L'art traditionnel urbain est issu de la synthèse qui s'est opérée tout le long des siècles entre les apports civilisationnels extérieurs et le fonds culturel originel. Plus marqué par l'héritage musulman, il représente le degré d'évolution de la société et de son produit.
Dans ce nouveau cadre de vie: la dinanderie3 se substitua avantageusement à la poterie utilitaire, les rideaux en étamine brodée remplacèrent progressivement les tentures en laine..., prélude au développement de nouvelles valeurs esthétiques. Les objets s'affinèrent, leur gamme devint plus étendue et se fabriquèrent dans les normes admises.
L'art urbain s'exprime par:
- un décor floral: rosace, rinceaux4, entrelacs, signe civilisationnel représenté sur tous les objets
- des couleurs très variées: rouge, orange, jaune, vert, bleu, ...
- un mobilier urbain composé soit d'éléments construits (banquettes, niches, armoires, en marbre, en stuc ou faïences), soit de meubles, à l'origine des coffres, étagères, patères, miroirs à décors peints ou enluminés.
L'art traditionnel urbain a su répondre aux besoins de la cité. Le mode de vie moins contraignant, plus raffiné, propice aux loisirs, donna naissance à de nouvelles activités artisanales, encadrées par des corporations veillant à la qualité du produit.
... un art de terroir
Bien que cet art ait subi les influences extérieures et soit imprégné de multiples apports culturels, il peut être considéré à juste titre comme un art de terroir qui a su assimiler les valeurs d'autres civilisations sans les copier, les imiter.
La fleur persane, en s'acclimatant à l'humus local, est devenue plus géométrique. Le cyprès d'Asie mineure s'est stylisé à l'extrême, acquérant ainsi un caractère et une dynamique propres.
De toutes ces richesses, de ce savoir venu d'ailleurs, de cet héritage, le choix des éléments qui convenaient le mieux à la nature de l'homme, à ses croyances, à sa culture, à ses moyens, à ses ressources, a été opéré, donnant ainsi naissance à un art original très attachant.
... et aujourd'hui ...
L'objet traditionnel ne retrouve toute sa place que dans les grands événements. L'habit traditionnel d'apparat est très prisé.
La dinanderie, la broderie ont encore des centres d'activité renommés.
La céramique tournée et émaillée et le bijou traditionnel sont très en vogue, d'où un nombre croissant de magasins spécialisés dans leur commerce. Seule la cherté de ces produits limite le nombre des acquéreurs potentiels. Elevé au rang d'oeuvre d'art majeur, l'objet usuel traditionnel urbain et rural, ancien, rare, donc très recherché par les connaisseurs, figure dans les collections de prix. Des reproductions de ces objets sont proposées à la vente dans des centres artisanaux, de bonne facture, mais fort coûteux, ils perpétuent cependant une tradition et assurent par là même, la pérennité de l'objet traditionnel.
Dans le domaine artistique, le mouvement pictural "Aouchem", né dès 1963, tout en se réappropriant le signe identitaire et ses connotations culturelles, l'inscrit dans la modernité dans ses manifestations les plus élevées: peinture de chevalet, fresques, sculptures, ... élaboration d'un manifeste tendant à fixer les principes de ce mouvement. De nombreux artistes s'inspirent encore avec bonheur du patrimoine ancestral.
La sculpture
Notre démarche plastique personnelle relève de cette logique, mais s'intéresse davantage à la tradition orale, fondement de nos sociétés. Elle révèle la sensibilité d'un peuple et son sens aigu de la métaphore, dû à l'exercice constant de l'observation et de la critique, un héritage à préserver donc et à introduire dans les formes plastiques plus aptes à véhiculer, à fixer le langage imagé, à lui donner une autre dimension, un autre statut.
L'oeuvre Mater dolorosa a pour titre originel "El Quantara" (le pont), expression très usitée chez nous pour décrire la situation d'un individu sans droit, foulé aux pieds.
La sculpture intitulée Berceuse tend à figurer le degré d'union, de fusion, de dépendance aussi qui lie la mère algérienne à son enfant, l'infinie tendresse dont elle l'entoure. Le berçant sur ses genoux, elle lui transmet déjà dès cet âge, toute la sensibilité de l'âme maghrébine.
Nadjib Boucekkine, Sculpteur et ancien directeur du Musée des Arts et Traditions populaires d'Alger
Architecture Ottomane
La Ville d'Alger
La physionomie d'El Djazaïr5 à été largement modelée par la régence ottomane, maîtresse des lieux depuis le début du XVI siècle (1516). De plus, un tremblement de terre au début du XVIII siècle détruit complètement la ville, et c'est sans doute à ce siècle qu'il faut faire remonter l'essentiel des constructions civiles de la médina6 .
Les monuments religieux parmi eux la plus ancienne mosquée ottomane, celle d'Ali Betchine remonte à 1622. Si la datation est possible pour les édifices religieux et pour les palais grâce aux inscriptions épigraphiques, elle n'est pas évidente pour les maisons qui se caractérisent par une grande unité de style.
Le site d'Alger quant à lui, a connu des établissements humains depuis
l'Antiquité. Ce fut l'Ikosim des Phéniciens qui devint Icosium sous l'Empire romain et qui deviendra et restera El Djazaïr7 depuis le Xe siècle, grâce à la fondation par Bologhine Ibn hamade, prince Ziride.
La médina atteint son plein développement sous le règne de l'Empire ottoman, qui était à l'époque composée de populations cosmopolites (maures, juifs, turcs, bourbiers etc...) qui, à travers leur savoir faire, donnèrent à cette cité un éclat particulier et qui lui permit d'être élevée au rang de capitale sous l'Empire ottoman.
L'architecture de la médina se compose essentiellement de trois entités:
- la première et la plus répandue, est celle de l'architecture civile: maisons et demeures princières, ...
- la deuxième, l'architecture religieuse: mosquées, zaouias, ...
- la troisième, l'architecture militaire: caserne de janissaires8 etc...
Les palais, dont certains se trouvaient à l'extérieur des remparts appelés maisons hafs ou de campagne, reprennent le même type d'organisation spatiale de la maison avec des dimensions plus importantes et une grande richesse au niveau des matériaux (marbre, faïence, bois exotique etc...)
La maison traditionnelle
La maison traditionnelle s'organise autour d'un wast ed Dar, espace central avec une circulation périphérique appelée shin (galerie à arcades entourant le wast ed Dar).
La maison est un volume fermé sur l'extérieur, elle prend la lumière à partir du wast ed Dar qui remplit aussi la fonction de "cheminée" de ventilation drainant l'air pris par les petites ouvertures sur la façade.
Les maisons sont généralement élevées d'un rez-de-chaussée plus un étage avec un stah (terrasse).
Les maisons accrochées à la colline forment des "îlots" compacts d'une dizaine habitations, qui ont toutes une vue imprenable sur la mer grâce à une adaptation au site remarquable, quand on sait que les pentes peuvent atteindre 40%.
La médina, à la veille de la colonisation, comptait quelques 1700 maisons caractérisées par des colonnes à fût cylindrique ou cannelés en torsades, chapiteaux à corbeilles simple, balustrades de boiseries ajourées, sol en marbre, soubassement des murs, encadrements des baies sont revêtus de carreaux de céramique aux motifs très variés de fleurs et d'arabesques qui venaient par bateaux entiers d'Italie et de Hollande.
Le reste des murs recevait un lait de chaux grasse parfois teinté de bleu ou de vert qui donne une image pittoresque à la médina. Ces couches successives que l'on pratiquait à l'occasion de fêtes religieuses arrondissaient les angles cassés de cette architecture de briques minces et peu cuites, armées de rondins de thuyas ( bois réputé imputrescible) qui rayonnent du patio aux encorbellements9 au dessus de la rue.
Les rues si étroites sont jalonnées par les encorbellements des maisons qui, ingénieusement, récupèrent l'espace perdu de la rue au profit de la maison au premier niveau, plongeant ainsi le visiteur dans une obscurité d'une voûte de rondins.
Youcef Kanoun, professeur à l'Ecole polytechnique d'Architecture et d'Urbanisme d'Alger
Vers une architecture régionale contemporaine
Le caractère régional est une propriété nécessaire de chaque architecture authentique. Comme les bâtiments font partie d'un endroit concret, ils ne peuvent pas être partout les mêmes.
Ils doivent représenter les qualités particulières du lieu. Depuis les temps les plus anciens, cette qualité a été reconnue comme le genius loci - le génie du lieu.
L'architecture aidait l'homme à s'identifier avec l'esprit de l'endroit et lui offrait ainsi un sentiment d'appartenance et de sécurité.
Une architecture régionale contemporaine sous-tend quelque chose qui va plus loin qu'une simple recherche du contexte: en premier lieu, elle veut faire partie d'une tradition, dans le sens où elle veut offrir une nouvelle interprétation à certains objets d'identification humaine, et garantir ainsi une continuation et une survie de la tradition. Ainsi, tradition veut dire continuation et développement.
Une architecture régionale veut rendre l'espace habitable dans lequel se trouve l'homme. Elle veut capter l'atmosphère du lieu et le rendre ainsi vivable pour l'homme. Nos ancêtres avaient un don quasi naturel pour arriver à ce résultat. Ils savaient utiliser la topographie, les matériaux, la végétation, le climat et la lumière.
Ils savaient établir une relation saine avec leur environnement. Ils savaient interpréter et ainsi renforcer le génie du lieu.
Ainsi l'environnement immédiat de l'homme est aussi bien le point de départ de toute architecture que son but.
De nos jours, l'action de la création architecturale n'a trop souvent plus aucune relation avec l'environnement. Toute architecture authentique doit comprendre la transformation d'un simple site en un lieu, un endroit à vivre. Je pense que de nos jours, l'architecture doit faire preuve d'imagination pour arriver à créer des lieux adéquats. Pour cela, il n'existe pas de recette préétablie, la société d'aujourd'hui demande une réponse aux nouvelles fonctions.
Vouloir garder et renforcer le caractère de l'environnement n'est pas un problème intellectuel, il faut plutôt être ouvert aux qualités de l'endroit et il faut être capable de traduire les informations émanant du site afin d'arriver à un environnement bâti ayant un sens.
John Voncken, architecte au Service des Sites et Monuments nationaux, Luxembourg
Pour plus d'information, contacter : Action Solidarité Tiers Monde
39, rue du Fort Neipperg - L-2230 Luxembourg
Tél: 00352/ 400 427; Fax: 00352/ 40 58 49
Email: citim@ci.ong.lu
Horizon Local 1997
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