Par Joseph Tohmé
Les élections législatives qui se sont déroulées à la fin de l'été 1996 ont eu une réelle valeur de test pour le Hezbollah. Pour un mouvement chi'ite libanais qui avait pensé capitaliser la popularité que lui avait valu sa résistance au printemps à l'opération militaire israélienne "Raisins de la Colère" sur le sol libanais, les résultats électoraux obtenus cinq mois plus tard n'ont certainement pas été à la hauteur des espérances ...
Le Parti s'était d'abord présenté au Mont-Liban (Baabda) et à Beyrouth comme force d'opposition. Il y héritera du vote protestataire et récoltera pour cela de nombreuses voix sur sa liste, mais les enjeux se trouvaient ailleurs, dans ses fiefs du Sud et de la Békaa.
Or c'est à un réel coup de théâtre que le Parti a dû faire face à la veille des élections du Sud et de la Békaa: le Hezbollah s'est vu contraint, sur intervention syrienne des plus appuyées, de faire alliance avec son concurrent chi'ite Amal avec qui il entretient des relations des plus désastreuses depuis sa création en 1982.
De cette alliance forcée, le Hezbollah en gagnera un bloc parlementaire de 9 députés à l'assemblée. Mais les désillusions sont grandes, que cela soit parmi ses sympathisants chi'ites ou non-chi'ites, mais aussi chez certains cadres et membres du Parti; qui pour la plupart n'ont appris la formation de la coalition alors qu'ils étaient en campagne dans le Sud du pays, sillonnant les villages pour approfondir le divorce avec le mouvement Amal...
Le parti est aujourd'hui en proie au doute et à l'introspection. La crise profonde qui secoue le parti est essentiellement dû à une interrogation profonde sur la nature, les objectifs et le positionnement que doit adopter le Hezbollah. Le parti est certes une émanation directe de l'Iran et son action obéit la majeure partie du temps aux impératifs stratégiques et tactiques locaux - essentiellement iraniens mais surtout syriens -, mais cette coalition forcée avec Amal a suscité cette fois-ci un trouble que d'aucun juge irréparable au sein des partisans de la formation chi'ite. Dans les semaines qui suivent ces élections, des journalistes de la presse, de la chaîne de télévision hezbollah Al Manar, des universitaires s'interrogent sur la crédibilité et la viabilité du parti, tant et si bien que la direction du Parti demande à ses fidèles de mettre un terme au débat soulevé dans ses organes audiovisuels, tandis que les fauteurs de troubles sont écartés ...
Les questions qui se posent à la formation chi'ite sont pourtant essentielles: Le Parti appartient-il au pouvoir ou à l'opposition? Se caractérise-t-il par les valeurs qu'il prône ou n'est-il qu'un mouvement à la solde de puissances régionales et de leurs intérêts stratégiques propres? A-t-il le pouvoir de refuser les opérations que lui assignent ses parrains syriens ou/et iraniens ou n'est-il qu'une force de sécurité téléguidée à la frontière Sud du pays? Est- il un parti d'opposition, un parti essentiellement contestataire représentant les "déshérités" ou est-il un parti appelé à assumer le pouvoir?
A moins que plus globalement, au niveau régional, le parti ait à l'occasion de ces élections démontré une fois de plus et de manière patente, qu'il n'a pas réussi à changer de statut, qu'il n'a pas réussi à être autre chose que l'instrument de la Syrie qui le manipule au gré de l'avancée ou des reculades du processus de paix qu'elle a tant bien que mal entamé avec Israël ... Ou quand le processus s'enraye entre Damas et Tel-Aviv, les escarmouches se multiplient au Sud du Liban ...
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Horizon Local 1997
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