Par Paul Veit
L'année 1996 a été déclarée par les Nations Unies "année de la lutte contre la pauvreté". Selon cette même organisation, près du quart de l'humanité, soit 1,3 milliard d'êtres humains, vivent aujourd'hui encore dans le dénuement le plus absolu, privés non seulement de ce qui est essentiel à la survie, mais aussi de toute perspective d'avenir.
Et pourtant, au cours des cinquante dernières années, d'importants progrès ont été réalisés: le produit brut mondial a été multiplié par sept et le revenu par habitant a triplé en moyenne. La pauvreté est donc moins due à l'absence de création de richesses suffisantes qu'à l'accroissement des inégalités.
Aussi la lutte contre la pauvreté est-elle primordialement une lutte contre les irrégularités. De surcroît cette action hautement politique présuppose une définition claire des critères et des objectifs de développement.
Dans ce domaine - trop longtemps réservé aux seuls experts économiques - de nouvelles pistes d'investigation sont élaborées.
Pendant des décennies, la seule référence pour exprimer la croissance et le développement économique (deux notions d'ailleurs souvent assimilées) fut le produit intérieur brut (PIB). Selon cette méthode élémentaire, la richesse (ou la pauvreté) s'exprime à travers le revenu par tête. Néanmoins, l'analyse par revenu moyen gouverne toutes les disparités internes propre à chaque pays. Par ailleurs, elle ignore ce qui est produit et directement consommé sans donner lieu à un échange monétaire. Enfin et surtout, la pauvreté se mesure en quantité d'éléments non monétaires, indispensables à la vie, à la survie immédiate, mais aussi à toute projection dans l'avenir: système scolaire, sanitaire, préservation de l'environnement ...
Dans le cadre d'une conférence organisée conjointement par le Mouvement Ecologique et l'ASTM (le jeudi 29 mars 1996), Hans DIEFENBACHER a présenté un "Index for sustainable economic welfare". Les lecteurs intéressés à cette approche pourront trouver une documentation au CITIM et lire une interview très intéressante dans le "Letzebuerger Land" du 5 avril 1996, à la page 5.
Outre les recherches poursuivies par d'autres instituts économiques, signalons encore que les Nations-Unies et la Banque Mondiale ont développé des instruments de mesure plus appropriés.
La méthode préconisée par le Programme des Nations-Unies pour le développement (PNUD) - et dont les résultats sont publiés dans le rapport annuel sur le développement humain - combine le degré d'instruction de la population, le revenu par habitant et l'espérance de vie.
De son côté, la Banque mondiale a élaboré une nouvelle grille d'analyse selon laquelle la pauvreté se mesure à la combinaison de trois "autres" critères: le capital naturel (la valeur économique de la terre, de l'eau, des richesses du sous-sol et du sol, des minéraux, des matières premières), le degré d'équipement industriel (usines, infrastructures, moyens de transport ...) les resources humaines (degré de formation et d'instruction de la population, situation sanitaire et nutritionnelle, etc).
Horizon Local 1997
http://www.globenet.org/horizon_local/
http://www.macbroker.com/:cserve/langevin/horizon.htm