Pour avoir des nouvelles sur l'internet dans les pays du Sud, quoi de plus évident pour l'ASTM que de s'adresser directement à un de nos partenaires. C'est ce que nous avons fait.
Malheureusement, il n'y a que deux témoignages qui nous sont parvenus dans les limites de temps imposé par le Brennpunkt. Mais ce n'est pas pour cela, que ces émoignages soit moins intéressants... Les autres contributions seront insérées au fur et à mesure de leur arrivée. le débat est loin d'àtre clos.
Chili
Internet: interactivité ou dépendance technologique
Quatre ans avant le 21 siècle, Internet constitue un phénomène à échelle planétaire, qui a un grand impact sur la quasi-totalité des pays du monde.
Evidemment, cet impact est d'inégale importance à cause des profondes différences structurelles qui existent entre les pays riches et les pays pauvres. Sans aucun doute cela a-t- il également constitué une progression en matière d'échange et de diffusion d'information, ce qui a renforcé le développement des réseaux interactifs déjà existant au niveau social. Raison pour laquelle il serait intéressant de ju- ger de la répercussion possible de ce réseau dans les régions comme les nìtres, caractérisées par la pauvreté et la manque d'opportunités.
A cet égard, pendant les dernières années, le Chili a fait l'expérience d'une expansion technologique au pas de course, qui a permis la digitalisation à 100% du réseau de communications téléphoniques. Parallèlement, quatre lignes nationales de fibres optiques ont été installées, et ont causé un important changement dans le réseau téléphonique urbain et rural. Dans la pratique, ceci a permis au pays de devenir la nation de l'Amérique du Sud qui compte le plus grand nombre d'ordinateurs personnels par habitant.
Ce développement de la technologie et de la communication a servi de base au lancement d'Internet au Chili, ce qui a sans doute contribué à son expansion, notamment au sein des entreprises et des secteurs secondaire et tertiaire.
- Cependant, la question qui est soulevée est la suivante: Est-il vraiment possible de faire bénéficier les sec-teurs les plus pauvres de ce type de technologie? Ces progressions vont-elles contribuer à consolider ou à atténuer la situation de pauvreté et la marginalisation de nombreux secteurs du pays?
La réponse n'est pas simple, mais les expériences développées dans la région d'Araucania peuvent nous aider à avoir un point de vue sur ce problème.
- Depuis quelques années, un projet, nommé "Proyecto Enlaces" (projet liaison) créé à l'Université régionale fonc-tionne dans cette région, celui-ci relie les écoles pauvres de la commune de Temuco et des environs, par le biais d'un réseau informatique. En y ayant accès, les élèves mapuches de l'Enseignement Primaire de ces établissements, peuvent - et ils le font -se connecter avec le serveur d'Internet qui existe dans le projet "Proyeto Enlaces". Cette "interactivité" atteint des niveaux assez complexes, et actuelle ment les compétitions entre élèves de divers établissements sont très fréquentes afin de réaliser des "Olympiades Educatives" dans des branches et matières spécifiques. Ceci a signifié le développement de logiciels spéciaux, qui essaient à la fois de développer et de renforcer l'enseignement du Mapundungun (langue maternelle des mapuches).
- D'autre part, au niveau des ONG, SODECAM on développe des réseaux interactifs et d'échanges d'informations à l'initiative des jeunes. Ces initiatives seront connectées, dans un futur proche, aux terminaux de chacune des écoles des communautés auxquelles ces jeunes appartiennent.
- Une autre façon d'encourager sur le plan pratique cette chance de "passion" pour l'Internet, c'est l'expérience qu'on essaie de développer dans la Municipalité locale de Temuco. Il s'agit d'installer des terminaux que la localité pourra utiliser afin de dialoguer directement avec les responsables des activités municipales bien déterminées, de fournir des informations et des plaintes, évitant ainsi une saturation de la Municipalité par des rendez-vous.
Comme le fonctionnement de ces réseaux se trouve déjà établi sous cette forme, la situation ne fera que s'améliorer grÉce au développement de la technologie de communication du pays.
- Cependant, les questions essentielles ne sont toujours pas résolues. Jusqu'à présent, c'est encore un pari sur le futur, pour savoir si effectivement les réseaux de données comme Internet seront accessibles à la population moyennes. Celle-ci porte un jugement critique sur ce point, en attirant l'attention sur le fait que cet "outil de travail" peut se transformer en "un jeu", lequel a un apport bénéfique bien minime.
Du point de vue d'une région comme la nìtre, nous pensons, que pour le particulier, Internet peut représenter -dans l'immédiat - quelques avantages qu'il est important d'énumérer.
- Premièrement, Internet assure un pouvoir considérable (croissant) aux personnes par rapport aux organisations bureaucratiques. Dans la mesure oó l'information devient un bien collec-tif, elle est démocratisée et elle cessera d'àtre un monopole de la minorité (les informés) sur la majorité (ceux sans information).
- Deuxièmement, si le point précédent est vrai pour notre région, vu la logique du contraste entre les informés et les non-informés, nous pensons que la màme analogie peut àtre appliquée à la relation entre les pays. En rapprochant le Sud développé du Nord et en facilitant l'accès à l'échange de données on contribue au perfectionnement de programmes et aux initiatives de développement.
- Troisièmement, vu le réseau actuel, les contacts directs entre les institutions, les organisations et les personnes individuelles sont déjà facilités, ceci peut représenter un important élan à la créativité et à l'amélioration de ces initiatives.
- Finalement, il reste le problème de l'accès à ce réseau. De nos jours le Chili est en train de faire des efforts à ce sujet, et on tente d'ici l'an 2000 d'informatiser à 100% tous les établissements éducatifs et de les interconnecter. Toutefois, plusieurs secteurs, comme celui des paysans seront encore confrontés à certaines difficultés. Un autre sujet en attente est l'encouragement des initiatives qui favorisent un développement complet à l'intérieur-màme du réseau. Dans le cas de notre région ceci signifie obtenir des moyens afin de créer des programmes capables de renforcer les cultures originelles, et d'améliorer le mode de vie du paysan. Si ce dernier point n'est pas réalisé, les réseaux d'information et d'échange de données seront sans doute un facteur en plus de décomposition culturelle et de dépendance. Facteur qui ira s'ajouter aux autres déjà existants.
SODECAM
(Sociedad de Desarrollo Campesino Mapuche TEMUCO, CHILI)Traduction: Isabel Manaia
L'internet: son rôle et son implication dans les pays du Sud
Togo
Nos connaissances sur l'Internet
A l'intérieur de "le pont", organisation pour la coopération et le développement, la connaissance sur l'Internet, ce nouveau système de communication est assez vague. Tout récemment, la télévision togolaise a diffusé une émission d'information sur l'Internet, émission qui aurait certainement permis à la majorité des togolais qui l'ont suivi d'àtre sommairement informés sur l'existence et le fonctionnement de ce sytème. A la suite de nos recherches d'information pour mieux comprendre le système de fonctionnement d'Internet, il nous a semblé opportun de faire l'analyse suivante qui donne notre point de vue personnel sur cette nouvelle technologie en tant que moyen de communication.
Implication d'Internet comme moyen de communication dans les pays du Sud
L'utilisation de l'Internet passe par le matériel informatique qui reste à ce jour peu développé au Togo comme dans nombre de pays du Sud. Au Togo, les organisations gouvernementales et les ONG sont faiblement, ou pas du tout, équipées de matériel informatique. On estime à près de 90% les ONG qui ne sont pas informatisées au Togo, et donc ne pouvant pas avoir accès à l'Internet. PLusieurs raisons justifient la faible couverture informatique des organisations dans les pays du Sud.
* le matériel informatique coûte cher par rapport aux ressources locales et en comparaison avec les pays du Nord: 70 à 100% plus cher que dans les pays du Nord.
* le coût de fonctionnement (taxe et matières consommables) et de maintenance des équipements est également plus élevé que dans les pays du Nord et dépasse souvent les capacités financières des organisations.
* les techniciens de maintenance sont rares et localisés dans la capitale, avec des implications financières (facturation de frais de déplacement) en cas de recours à ces techniciens en dehors de leur ville de résidence.
* le personnel a rarement une formation de base en informatique et les stages en cours d'emploi sont assez théoriques et peu efficaces en raison du manque de matériel une fois le stagiaire retourné chez lui. Actuellement, l'accès à l'information d'une faáon générale est difficile et assez chère pour celui qui veut àtre vite et mieux informé. C'est le cas des journaux, des courriers postaux, des émissions télévisées, du téléphone et du télécopieur. L'Internet pourrait àtre un moyen d'accéder plus facilement à l'information et de diminuer les coñts, ce qui devrait faciliter les échanges Sud-Sud et Nord-Sud.
Cependant, eu égard aux contraintes déjà énumérées plus haut, nous pouvons dire, sans risque de nous tromper, que les conditions cadres ne sont pas encore réunies au Togo pour faciliter l'accès à l'information par le système de l'Internet. Certes, une minorité de personnes morales et/ou physiques tirera profit de cette nouvelle technologie. Mais, dans le contexte actuel des systèmes de communication de notre pays, l'Internet ne fera qu'accentuer le fossé déjà trop grand entre les riches et les pauvres d'une part, le Nord et le Sud d'autre part. L'Internet a donc peu de chances d'atteindre aujourd'hui ses objectifs en matière de communication dans certains pays du Sud comme le Togo.
L'initiation du système Internet dans le Sud doit obligatoirement passer à travers l'amélioration des conditions cadres:
- diminution des frais d'investissement pour le matériel informatique;
- installation d'un service appui-conseil-formation pour les nouveaux utilisateurs de l'informatique;
- amélioration du service de maintenance;
- intégration de la communication informatisée dans la politique nationale;
- accessibilité de l'information sur le système Internet à tous les intéressés.
Les pays du Sud au diapason de la science
En tout cas, personne ne peut barrer la route à la science qui fait son "petit bonhomme de chemin". Il revient aux pays du Sud de prendre conscience de cette réalité pour se mettre au diapason de la science. Nous avons des connaissances mystiques terribles qui peuvent trouver une explication scientifique si nous mettons du zèle à faire travailler notre matière grise ou lieu de nous livrer aux conflits internes qui ne profitent en définitive qu'aux vendeurs d'armes.
N'Key AMO (conseiller technique de le pont, Lomé- Togo)
Horizon Local 1997
http://www.globenet.org/horizon_local/
http://www.macbroker.com/:cserve/langevin/horizon.htm