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La participation des femmes aux projets de logements sociaux
Module de formation


Directives à l'intention de l'instructeur

Introduction
Chapitre 1 : La formulation des critères de sélection
Chapitre 2: Le recrutement des bénéficiares
Chapitre 3: La planification de l'etablissement
Chapitre 4 : La planification de l'infrastructure
Chapitre 5 : La planification du logement
Chapitre 6: Le financement du logement
Chapitre 7 : Les femmes et la construction
Chapitre 8: La construction en auto-assistance et les entrepreneurs
Chapitre 9: L'entretien du projet
Chapitre 10: Le recouvrement des couts
Bibliographie


Directives à l'intention de l'instructeur

Les directives à l'intention de l'instructeur expliquent l'emploi du module de cours durant le stage de formation. Elles donnent la liste du matériel nécessaire et les grandes lignes du déroulement et de l'organisation du stage.

Le manuel de cours

Le manuel de cours, destiné aux stagiaires, décrit les divers aspects de la participation des femmes aux projets de logements sociaux. Chaque chapitre correspond à une phase séparée de l'exécution du projet et comprend:

  1. une discussion des raisons de la participation des femmes;
  2. un résumé des obstacles à la participation des femmes;
  3. une discussion des implications lorsqu'on inclut ou lorsqu'on exclut les femmes de la participation au projet;
  4. des recommendations relatives à la façon d'assurer la participation des femmes à l'exécution du projet.

Les études de cas et les exemples de participation des femmes à des projets de reclassement de colonies de squatters ou à des projets de trames d'accueil présentés dans le présent manuel ont été tirés de différentes parties du monde, avec l'intention d'illustrer d'une manière globale la diversité des variantes d'ordre culturel.

Bibliographie

Tous les articles et ouvrages cités dans le manuel de cours sont repris dans la bibliographie. Il appartient à l'instructeur de faire un choix entre ces publications et de les distribuer aux stagiaires.

Le présent module de formation a été préparé sur la base des recherches faites par Caroline 0. Moser et par Sylvia H. Chant de la Section de la planification du développement de l'Université de Londres.

Directives à l'intention de l'instructeur

Le présent module a été préparé pour un stage de formation sur le rôle des femmes dans l'exécution de projets de trames d'accueil ou de projets de reclassement de colonies de squatters. Le module fournit un cadre au cours, mais l'instructeur devra y ajouter des informations utiles et adapter le cours aux conditions locales.

Groupe cible

Personnel de projet (directeurs, agents de développement communautaire et autres intéres sés par la participation communautaire).

Nombre de participants

10 à 20 personnes.

Durée: Trois jours (minimum).

Lieu

On choisira un lieu d'accès facile à une colonie de squatters, un projet de reclas sement de colonies de squatters ou un projet de trames d'accueil.

Equipement

Un tableau noir et, si possible, un projecteur ou du matériel video.

Films

"People of the Barrio" (Equateur) (52 minutes) et "Think, Dream, Laugh" (Sri Lanka) (30 minutes).

Préparation

Le degré possible de participation des femmes aux projets de logements sociaux varie d'un projet à l'autre, en fonction des décisions de politique faites durant la phase de formulation du projet. Le degré de la parti cipation des femmes au sein de chaque projet dépend également de son contexte culturel.

L'instructeur doit, afin d'adapter le stage à la situation de travail actuelle ou future des participants, préparer une documentation détaillée avant le commencement du stage, qui devrait fournir toute une série de données de base importantes relatives à:

  1. des projets locaux de trames d'accueil ou de reclassement de colonies de squatters et l'expérience de la participation à ces projets;
  2. la position culturelle qu'occupe la femme dans la société dans laquelle le projet sera exécuté;
  3. des informations utiles quant à la situation économique des femmes et leur participation dans la force ouvrière.

La veille du début du stage, l'instructeur distribue le cours, la documentation de base ainsi que tout autre matériel utile aux stagiaires, pour que ceux-ci puissent les lire en vue d'acquérir une impression générale des questions qui seront traitées.

Stage de formation (une journée)

L'instructeur et les stagiaires suivent ensemble le cours et discutent les possibilités et les restrictions de la parti cipation des femmes aux différentes phases de l'exécution d'un projet, en établissant un lien avec leur propre expérience. A la fin de chaque chapitre, un certain nombre de questions relatives aux sujets traités dans ce chapitre sont reprises dans une liste qu'on peut utiliser pendant le stage en vue de réviser le chapitre et de discuter de son applicabilité à la situation de travail des stagiaires.

Travaux pratiques (1 à 2 jours)

Les participants doivent être divisés en groupes de trois à cinq personnes. Chaque groupe doit préparer des réponses à certaines questions soulevées pendant le cours. En fonction du nombre de participants, on peut former des groupes autour de sujets tels que:

Les groupes peuvent recevoir des informations sur ces sujets en s'entretenant avec les pou voirs publics, en se rendant sur les sites des projets de reclassement et en lisant des publications relatives à ces sujets. L'instructeur peut inviter des spécialistes d'institutions gouvernementales et d'autres organisations à aider les groupes de stagiaires.

Certains travaux pratiques sont difficiles à réaliser, à cause du manque de données disponibles. Toutefois, ils peuvent servir d'exercices de prise de conscience pour obliger le personnel de projet à se rendre compte du manque d'informations concernant les femmes et de la tendance à la préférence masculine dans la phase de formulation du projet.

Session récapitulative

Chacun des groupes présente les résultats de son travail en session plénière, pour que (un jour) les autres participants puissent en discuter. Ces résultats permettront de formuler des propositions concrètes et détaillées pour une plus grande participation des femmes aux différentes phases de l'exécution du projet.

Evaluation

Les stagiaires et l'instructeur font une evaluation du stage.


Introduction

Objectif du module

Le présent module traite du rôle que jouent les femmes dans l'exécution des projets de logements sociaux et son but est de faire prendre conscience au personnel de projet de la nécessité et des moyens d'augmenter et de renforcer la participation féminine. Le module ne traite pas des moyens de faire prendre conscience aux femmes de leur rôle actuel et futur dans les projets de logement. Etant donné la diversité des positions occupées par les femmes dans différentes sociétés, on ne peut traiter de ces moyens que dans des situations concrètes. D'une manière plus spécifique, l'objectif du présent module est:

1) de souligner les raisons de l'importance de la participation des femmes à l'exécution de projets de logements sociaux;

2) d'indiquer les obstacles qui, souvent, limitent la participation des femmes;

3) d'identifier les formes que peut revêtir la participation des femmes dans les différentes phases d'un projet;

4) de recommander des méthodes et des techniques propres à améliorer la partici pation des femmes à l'exécution des projets.

Les femmes et les établissements sociaux

Dans de nombreux établissements sociaux, femmes constituent la moitié, si ce n'est plus, de la population adulte. Etant donné qu'elles portent et élèvent les enfants, les femmes passent la journée entière, contraire ment aux hommes, à l'intérieur ou à proximité de leur maison. De plus, la nature de leurs tâches domestiques fait de la femme l'utilisateur par excellence des installations d'infrastructure.

Le rôle crucial que les femmes peuvent jouer dans le développement des établissements humains est rarement reconnu par les autorités responsables de la planification et par la partie masculine de la communauté. Par consé quent, malgré leur importance en qualité d'utilisateur, souvent, la participation des femmes dans les projets de logements sociaux est minime par rapport à celle des hommes. Et lorsqu'elles participent vraiment, leur contribution est souvent sous-estimée.

L'importance de la participation des femmes

Trois raisons principales plaident en la participation faveur de l'incorporation de des femmes à l'exécution des projets.

a) La participation des femmes à l'exécution des projets est une fin en soi.

Les femmes, autant que les hommes, ont le droit et le devoir de participer à l'exécution de projets qui affectent profondément leur vie. Etant donné que les femmes, en qualité d'épouses et de mères, acceptent la responsabilité primordiale de porter et d'élever les enfants, elles sont les plus affectées par les projets de logements et d'établissements humains. Elles devraient, en conséquence, être impliquées dans la planification et la conception ainsi que dans la réalisation et la gestion de projets qui ont un rapport si étroit avec leur vie.

b) La participation des femmes est un moyen d'obtenir de meilleurs résultats au niveau des projets.

Puisque les femmes sont responsables du bien être de la famille, elles sont les plus grandes utilisatrices des logements. Donc, plus que les hommes, elles sont conscientes des besoins les plus urgents en matière d'infrastructures et de services et elles sont aussi plus motivées par la réussite d'un projet dont le but est d'améliorer leurs conditions de vie.

Exclure les femmes de la participation peut avoir des effets néfastes sur les résultats d'un projet, alors que leur participation active peut souvent apporter de meilleurs résultats. Un projet répond, si les femmes y participent, aux besoins éprouvés et aux priorités telles qu'elles sont ressenties par les femmes au niveau de la planification des logements et des établissements.

c) La participation des femmes aux activités de logement les encourage à participer dans d'autres domaines.

Grâce à sa participation active aux projets de logement, la femme peut être encouragée à participer pleinement à la vie de la communauté. Participer à des projets peut être important pour lui permettre de surmonter son apathie et son manque de confiance, et à partir de là, elle se manifeste un peu plus dans la communauté. La femme sort de sa maison et découvre les possibilités des solutions d'auto-assistance. Peu à peu, les autres membres s'aperçoivent que la participation de la femme peut jouer un rôle important dans la résolution des problèmes de la communauté.

Différences culturelles

Dès le début, il est essentiel de reconnaître que la position de la femme dans la famille et dans la communauté, et donc sa capacité de participation, varie d'une société à l'autre. Dès lors, il est difficile de faire des remarques de caractère général à propos du rôle de la femme dans l'exécution des projets de logement sociaux.

Dans le présent module, des études de cas de projets réalisés dans divers pays sont employées pour illustrer ces différences culturelles. Elles indiquent aussi qu'il

faut être sensible et compréhensif à l'égard des particularités de chaque culture.

Obstacles Les obstacles qui limitent la participation des femmes aux projets de logements sont, pour la plupart, d'ordre culturel. Toutefois, les trois facteurs suivants semblent déterminer la mesure dans laquelle les femmes participent aux projets, indépendamment des aspects culturels:

a) la composition de la famille;

b) le niveau de revenu et le temps disponible;

c) la spécificité de la femme.

Composition de la famille

Les familles à faible revenu et les femmes dans ces familles ne forment pas un groupe homogène. Il existe des différences tant au niveau des revenus et de l'éducation que dans la structure de la famille et la position de la femme au sein de cette famille. Ces facteurs exercent souvent une influence consi dérable sur les besoins de la femme en matière de logement et sur sa capacité de participer à l'exécution des projets de logements.

Dans les établissements sociaux, les femmes doivent exécuter leurs tâches ménagères dans des circonstances souvent extrêmement pénibles.

On doit faire une distinction très nette entre les familles dans lesquelles les femmes sont épouses ou partenaires et celles dans lesquelles elles sont chargées de famille.

Les familles dans lesquelles les femmes sont épouses/partenaires

Le type de ménage le plus courant consiste en un homme vivant avec une femme, comme époux ou partenaires, ayant des enfants et parfois des petits-enfants. En général, l'homme est considéré, tant par la société que par les autorités, comme chef de famille même lorsque la femme est son égale ou qu'elle est le principal gagne-pain et prend les principales décisions.

Dans les familles ayant un homme à leur tête, les maris empêchent souvent les femmes de participer aux divers aspects des projets de logements. Dans certaines cultures même, la femme est confinée au logis et on ne doit pas la voir en public. Dans la plupart des cultures, bien que la femme puisse aller où elle veut, il existe une division stricte du travail entre l'homme et la femme. Tout ce qui a affaire à la construction d'une maison et les décisions à prendre à ce sujet appartient traditionnellement au domaine des hommes.

Les femmes chargées de famille

Il existe deux types de familles dirigées par une femme. Dans le premier type, l'époux est absent en permanence; la femme est chef de jure de la famille. Dans le deuxième type, l'époux ou partenaire est absent temporairement; la femme est alors chef de facto de la famille.

Les femmes chargées de famille portent souvent seules la responsabilité de leur famille, et jouissent à bien des égards d'une liberté personnelle bien plus grande que les épouses ou partenaires pour participer activement aux activités de la communauté.

A l'échelle mondiale, on estime qu'en moyenne 30 pour cent des familles ont une femme à leur tête; dans certaines régions, en particulier en Amérique latine, ce chiffre peut même être plus élevé. Vu le nombre croissant de femmes chargées de famille parmi la population pauvre des villes, les femmes formeront une proportion de plus en plus importante du groupe cible des projets sociaux. Cependant, les organismes de planification, à l'instar de la société assument que le seul type de famille est celui où la femme est l'épouse ou la partenaire.

Le niveau de revenu et le temps disponsible

Etant donné qu'elles de portent et éduquent les enfants, la plupart des femmes ne peuvent trouver du travail que dans le secteur non officiel, où elles sont généralement moins bien payées que les hommes, pour un même genre de travail. Par conséquent, pour en faire un gagne-pain, elles sont obligées de faire de plus longues heures que les hommes.

En plus de leur travail à l'extérieur, les femmes doivent aussi s'occuper de leur travail domestique. Dans les établissements sociaux, on ne dispose que d'infrastructures élémentaires (par exemple une fontaine publique et une clinique pour plusieurs familles), ce qui oblige la femme à passer énormément de temps à s'occuper de son foyer. Comme déjà elles font de plus longues journées de travail que les hommes pour gagner le même salaire que ceux-ci, il ne leur reste guère de temps pour participer à des activités communautaires.

Spécificité de la femme

Souvent on exclut les femmes des projets ou on sous-estime leur rôle à cause des préjugés relatifs à la spécificité de la femme. Les pouvoirs publics refusent souvent aveuglement de reconnaître que les femmes peuvent avoir d'autres besoins et d'autres priorités que les hommes.

Au stade de la formulation des projets, en particulier des projets de trames d'accueil, les responsables (à majorité masculine) ne s'occupent pas du sexe des intéressés lors de la définition des groupes cibles. Dès lors, certaines catégories de femmes, notamment celles qui sont chargées de famille, sont exclues au point qu'elles n'ont même pas accès au projet.

Par ailleurs, la tradition empêche souvent que les femmes occupent des postes clé dans les organisations locales ou dans la participation à des activités communautaires. Si les responsables organisent la participation de la communauté par l'intermédiaire des organi sations locales existantes, il est tout à fait improbable que celles-ci tiennent compte des besoins et des priorités des femmes dans les programmes de logements.

Recommandations

A la fin de chaque chapitre, on soulignera les recommandations visant à améliorer la participation de la femme dans la phase du projet qui a été traitée dans le chapitre en question. On distingue deux types de recommandations:

- méthodes et techniques conçues pour assister et sensibiliser les responsables de la planification afin qu'ils se rendent compte des besoins des femmes dans les établissements sociaux;

- méthodes et techniques conçue

s pour aider la femme à surmonter son manque de confiance au sein de la communauté.

Pour stimuler une plus grande participation de la femme à l'exécution des projets de logement, ces deux types de recommandations sont aussi importantes l'une que l'autre.

CHAPITRE 1

La formulation des critères de sélection

Accès aux projets de logements sociaux

La formulation de critères de sélection est l'une des premières phases de l'exécution d'un projet de logements sociaux. C'est à ce stade que les pouvoirs publics décident des bénéficiaires du projet. A cet égard, il y a deux questions qui sont d'une importance essentielle pour la participation des femmes.

Si l'on choisit comme critère principal le revenu, il arrive souvent que les plus démunis d'entre les démunis sont exclus de l'accès à de tels projets. Etant donné que les femmes chargées de famille sont plus pauvres que les hommes qui se trouvent dans la même situation, la femme a souvent plus de difficultés à obtenir une parcelle dans le cadre d'un projet de logements sociaux.

Les responsables de projet ne saisissent pas toujours les différences qui existent entre les hommes chefs de famille et les femmes chefs de famille, lorsqu'ils établissent des critères annexes dans le but de déterminer les groupes-cibles. Du fait que ces critères ont été conçus pour les familles ayant un homme à leur tête, il arrive souvent que les femmes n'y satisfassent pas.

Revenu

Les projets de trames d'accueil sont réalisés à l'intention de familles qui, en raison de la modicité de leur revenu, ne peuvent pas se permettre un logement de type classique, mais qui sont néanmoins capables d'effectuer des versements réguliers afin de payer la par celle, le logement et les services dont ils bénéficieront. En général ce sont les familles dont le revenu dépasse celui des 10 pour cent des plus pauvres de la population qui sont éligibles.

Les femmes font principalement des travaux ne nécessitant pas de connaissances spéciales; elles ne s'organisent pas en syndicat, elles sont des servantes ou elles travaillent dans le petit commerce. Elles gagnent moins que les hommes et ne sont protégées par aucun système de sécurité sociale. Par conséquent, les femmes sont souvent exclues des groupes cibles des projets de trames d'accueil.

Par ailleurs, les estimations du revenu familial sont souvent basées uniquement sur les salaires. On sous-évalue en général les revenus accessoires (par exemple de source privée, comme le support économique qu'une famille reçoit d'amis ou de parents, les dons en nature et en vêtements, etc.) qui forment une partie importante du revenu total des femmes chargées de famille. Dans les calculs, on ne tient pas compte non plus de l'argent disponible pour les besoins domestiques élémentaires de la famille ni de la volonté de la famille de se payer un logement.

Equateur

Le projet de trames d'accueil de Solanda à Quito était un projet intégré qui fournissait des logements, des infra structures et des programmes sociaux à près de 6000 familles pauvres. Un des objectifs du projet était l'amélioration de la condition de la femme.

Les femmes chargées de famille formaient 30% du nombre total de candidats, mais 46% d'entre elles ne pouvaient pas prétendre au projet du fait que leurs revenus étaient trop faibles. Les critères de sélection stipulaient que le salaire mensuel devait atteindre un minimum de 7 890 sucres (131 dollars E.U. au taux de change de 1983) et un maximum de 10.716 sucres (178 dollars E.U.), à condition que pas plus de 25% du revenu de la famille soit consacré aux frais de logement (Blayney et Lycette).

Abaisser le niveau du revenu minimum exigé pour tenir compte des difficultés économiques des femmes ne suffit pas à faciliter leur accès aux projets de logements. Le résultat serait qu'un plus grand nombre d'hommes chefs de familles à faible revenu auraient eux aussi accès à des logements. Et c'est précisément ce qui s'est passé à Solanda.

Il faut donc des mécanismes pour protéger les femmes chargées de famille dans la sélection des groupes-cibles. S'il y a de nombreuses familles appartenant à cette catégorie, on devrait peut-être leur attribuer un certain nombre de parcelles dans le cadre du projet, afin que les hommes ne profitent pas de l'abaissement des critères de sélection.

Volonté de paiement

Les responsables se basent uniquement sur le revenu de la famille concernée pour sélectionner les bénéficiaires de projets de logements sociaux. Il est important, non seulement que les bénéficiaires soient en mesure de payer leur logement, mais aussi qu'ils soient disposés à payer, et qu'ils attachent une grande importance à l'amélioration de leurs conditions de logement.

Les ressources économiques sont en général mieux réparties chez les familles dirigées par les femmes que celles dirigées par les hommes. Chez ces derniers, les maris et les pères dépensent une partie considérable de leur revenu pour eux-mêmes plus que pour leur famille (Fernando, Singh). Par ailleurs, des études ont démontré que les femmes sont plus disposées à faire des dépenses pour leur logement que les hommes, et qu'elles accordent une haute priorité à de bonnes conditions de logement.

Régularité de l'emploi

Les familles ayant un revenu stable grâce à un emploi régulier jouissent d'une préférence dans les projets de logements sociaux, car les bénéficiaires doivent être en mesure d'effectuer des paiements réguliers. Souvent, les femmes ont des emplois irréguliers, surtout dans le secteur non-officiel, qui ne leur offre aucune protection sociale ni de statut légal.

Ainsi, les critères annexes, exigeant la preuve de la stabilité de l'emploi, établis sent une discrimination contre les femmes chargées de famille.

Ainsi, la participation féminine a souvent été bloquée dans les projets. Cela a été le cas de Santa Ana (El Salvador) et de Dakar (Sénégal) où les femmes avaient des difficultés considérables à apporter la preuve de leurs revenus venant de sources non-officielles. Au Brésil, les femmes à la retraite souffraient du désavantage que la plupart d'entre elles n'avaient pas cotisé à la sécurité sociale durant leur vie active et que donc elles ne bénéficiaient pas d'une pension de retraite.

Brésil

Dans le programme des projets de trames d'accueil financé en 1975 par la Banque Nationale Brésilienne du Logement, un certain nombre de critères de sélection relatifs à l'emploi excluaient les femmes. Les familles devaient gagner jusqu'à trois fois le salaire minimum pour être candidates à une parcelle. En 1977, 43% des femmes chargées de famille au Brésil gagnaient moins de la moitié du salaire minimum.

A Acude, un projet à Volta Redonda, les critères de sélection précisent que la préférence sera donnée aux personnes possédant un emploi fixe, parce qu'un emploi dans le secteur officiel garantit la régularité des paiements à long terme, et donne des possibilités de contrôle éventuelles (Machado).

Composition de la famille

La structure de la famille forme un autre critère de sélection difficile. A Boa Vista (Brésil), les candidats devaient être absolument des pères de famille. Ceci illustre à quel point les responsables des projets assument que le chef de famille est automatiquement un homme et que les familles sont automatiquement calquées sur le modèle de la famille nucléaire occidentale.

A Mexico, une coopérative (USCOVI) ayant organisé un projet de trames d'accueil établissait ses critères de sélection en précisant que les attributaires devaient avoir un partenaire (concubin) - mêmes s'ils n'étaient pas obligés d'être mariés avec ce dernier (Arredondo et al). ?

Dans un projet de logement à Dakar (Sénégal), les règles relatives à la sélection des candidats spécifiaient qu'une parcelle ne pouvait être attribuée à une famille qu'à condition que celle-ci consiste d'un homme et de toutes ses femmes, que ces dernières soient ou non dépendantes de facto. Cette clause exclut la possibilité pour les femmes mariées à des hommes polygames d'accéder à un logement indépendant pour y vivre avec leurs enfants.

Dans un programme de trames d'accueil au Honduras, en revanche, la liste des critères de sélection posait la simple condition que la famille comprenne au moins trois membres ayant vécu ensemble pour une durée minimum d'un an avant la demande de logement. Le sexe du chef de famille n'était pas précisé (Resources for Action, 1982a).

RECOMMANDATIONS

Revenu

Les exigences relatives au revenu semblent être le plus grand obstacle à la participation des femmes chargées de famille aux projets de logement, surtout si l'accent est mis sur les revenus salariaux et sur les revenus bruts. Dans la phase de formulation des critères de sélection, le personnel de projet doit tenir compte des difficultés auxquelles les femmes font face sur les marchés d'emploi urbains ainsi que du fait que ce sont leurs responsabilités au sein de la famille qui les empêchent d'assumer des emplois à plein temps dans le secteur officiel.

Quelques moyens de résoudre les problèmes des femmes concernant l'accès au logement:

a) Inclure les revenus de sources privées dans l'évaluation du revenu total de la famille.

b) Utiliser le revenu par personne de la famille comme moyen d'évaluer exactement la capacité de paiement de cette famille.

c) Tenir compte de la différence d'attitude entre les hommes et les femmes à l'égard de la volonté de payer pour le logement.

Emploi

Les projets doivent trouver différentes méthodes d'évaluation de la capacité de paie ment des bénéficiaires. Beaucoup de pauvres, et en particulier les femmes chargées de famille, font face à d'énormes problèmes pour prouver la régularité de leur revenu, du fait qu'elles travaillent soit à leur compte soit dans le secteur non-officiel.

Toutefois, au cas où la preuve d'un emploi est requise, les responsables du projet pourraient résoudre le problème de vérification de la manière suivante:

a) en se rendant sur le lieu de travail d'une femme chargée de famille afin d'évaluer sa capacité de revenu;

b) en estimant le revenu hebdomadaire net sur une période de plusieurs jours ou semaines afin d'évaluer tant la nature que la viabilité de l'emploi ainsi que le revenu moyen (ceci peut être utile dans les phases ultérieures du projet pour le calcul des modalités de paiement).

Composition de la famille

Les responsables de projet chargés de formuler les critères de sélection doivent reconnaître que les familles ne sont pas toutes conformes au modèle nucléaire occidental et n'ont pas toutes un homme à leur tête.

En vue de faciliter l'accessibilité des femmes aux projets de logements sociaux, les responsables devraient:

a) éviter d'établir des stipulations relatives au sexe du chef de la famille ou à la composition de cette dernière;

b) observer une sorte de discrimination positive à l'égard des femmes, afin de neutraliser les éventuels effets nuisibles impliqués par l'assouplissement des critères de sélection relatifs au revenu.

Autres solutions aux problèmes de logement

Le problème de l'accès des femmes chargées de famille aux logements dans le cadre de projets de trames d'accueil peut en partie se résoudre plutôt en rénovant leur présent abri qu'en les réinstallant dans des établissements nouveaux et coûteux (Sorock et al).

QUESTIONS

a) Travaux-Pratiques

1) Quel est, dans votre ville, le pourcentage de femmes chargées de famille par rapport au nombre total de familles?

2) Quel genre d'emploi les femmes occupent elles dans votre ville?

3) Les familles ayant une femme à leur tête sont-elles plus pauvres que celles ayant un homme à leur tête?

b) Sujets de discussion

1) Quel est le principal critère de sélection dans votre projet? Dans quelle mesure le facteur revenu détermine-t-il l'accès au projet?

2) Quels sont les critères annexes?

3) De quelle façon changeriez-vous les critères de sélection si vous vouliez aider les femmes chargées de famille A avoir accès au projet?

CHAPITRE 2: Le recrutement des bénéficiaires

Une fois que le groupe cible a été défini, on passe au recrutement des bénéficiaires du projet. Comme dans la phase précédente, les méthodes de recrutement des bénéficiaires, les moyens d'annoncer le projet, les procédures de demande et les conditions du premier versement ne sont pas à la faveur des femmes ou même les excluent.

Ce phénomène s'explique par le fait que les responsables ne sont pas conscients que:

(i) souvent les femmes ne reçoivent pas les information;

(ii) beaucoup de femmes sont analphabètes;

(iii) les femmes n'ont pas le temps de faire la demande d'une parcelle ou d'une maison;

(iv) les femmes manquent de confiance lorsqu'elles ont à faire avec la bureaucratie;

(v) les femmes n'ont pas accès au crédit.

Faire connaître le projet

Les responsables du projet assument souvent que presque tous les pauvres savent lire les journaux ou les annonces publiques. En conséquence, ils distribuent des tracts au sujet des projets de logement. Cette méthode d'annonce implique que beaucoup de femmes ne reçoivent pas ces informations.

D'abord, dans les pays en développement, le niveau d'éducation de la femme est en général très inférieur à celui des hommes. Par conséquent, le taux d'analphabétisme est beaucoup plus élevé chez les femmes que chez les hommes. Ensuite, les femmes sont en règle générale moins exposées aux informations que les hommes. Vu leurs responsabilités à la maison, elles sont dans l'impossibilité de se rendre aux endroits (de travail ou de réunions publiques) où il y a de forts chances que les informations sont disponibles.

Les femmes chargées de famille ont plus de chances d'être informées que les épouses. Du fait que les premières sont souvent obligées de travailler à l'extérieur, elles ont une plus grande mobilité que celles qui ne font que s'occuper des enfants et des travaux domestiques.

Tunisie

A Tunis, très peu de femmes interrogées dans un établissement humain spontané et dans un projet de logements de base étaient au courant des programmes de logements sociaux dans leur ville car, pour des raisons d'ordre culturel, elles restaient tout à fait à l'écart de la vie publique (Sorock et al).

Paraguay

Dans deux projets de logements sociaux et dans un établissement humain spontané au Paraguay, près de la moitié des femmes interrogées se plaignaient du fait qu'elles sont en général mal informées au sujet du logement. Elles considèrent ce manque d'informations comme un obstacle à l'amélioration de leurs conditions de vie. Seulement 16% des hommes considèrent le manque d'informations comme un problème (Sorock et al).

Il arrive parfois que les responsables des projets utilisent des méthodes directes d'annonce, en organisant par exemple des réunions dans une communauté où il y a des chances que des candidats éventuels habitent. Souvent les femmes ne peuvent pas assister à ce genre de réunion, soit parce qu'elles ne trouvent pas le temps, à cause de leurs responsabilités domestiques, soit parce que leur mari ne leur permet pas de s'y rendre.

Procédures de demande

Après l'annonce du projet, les gens doivent faire leur demande. En général, un(e) candidat(e) doit se rendre au bureau indiqué en vue de donner aux autorités une série de renseignements le (la) concernant. Il y a, à ce stade, trois problèmes qui se posent particulièrement aux femmes.

D'abord, dans certains pays, il y a de fortes chances que les femmes connaissent moins la ville que les hommes, ou bien, elles n'ont le droit de s'y rendre qu'à conditions d'être accompagnées par un homme. De plus, elles ont souvent des difficultés à trouver du temps et de l'argent pour se rendre au bureau où il faut présenter la demande.

Ensuite, les procédures de demande comprennent souvent des formulaires difficiles à remplir, comportant des questions d'ordre personnel. A l'appui des informations, il faut avoir des pièces justificatives, telles que la preuve de son identité et une référence de son patron. Tout ceci présente des difficultés pour les femmes.

Enfin, certaines femmes n'ont jamais eu officiellement affaire avec une agence publique. En conséquence, il se peut qu'elles manquent de confiance, et qu'elles aient peur de manifester leur ignorance. Si elles sont analphabètes, elles auront du mal à remplir le formulaire de demande.

Equateur

Dans le projet Solanda à Quito, 7 176 femmes candidates ont fait l'objet d'une étude socio-économique effectuée par les responsables du projet. Mais 1 500 se sont désistées à la phase suivante du processus - qui consiste à prendre un questionnaire d'informations générales demandé par la Banque équatorienne du logement en vue de l'octroi d'un prêt.

Par ailleurs, 901 candidates ont pris un formulaire mais ne l'ont pas rempli correctement. Ainsi, 33% des candidates de départ se sont exclues du projet avant même le commencement du processus ?de sélection (Lycette et Jaramillo).

Conditions du premier versement

La nécessité de verser un acompte à la demande d'une parcelle dans le cadre d'un projet de trames d'accueil forme une autre barrière au recrutement des femmes. Les femmes chargées de famille dans les projets de reclassement des colonies de squatters ont souvent le même problème: on exige dès le départ un acompte pour l'installation de l'infrastructure.

En général, les femmes chargées de famille ont un revenu plus faible que les hommes et donc elles n'ont souvent pas la possibilité de faire des économies. Dans les pays en développement, très peu de femmes ont accès au crédit. Les banques et les organisations de crédit assument systématiquement que le chef de famille est un homme. Les femmes chargées de famille sont considérées comme des "personnes à risques", et le crédit leur est refusé. De plus, dans certains pays, il est rare que les femmes soient propriétaires de biens pouvant servir de garantie pour un emprunt.

Par ailleurs, les prêts que les femmes demandent sont souvent si peu importants qu'on ne les prend pas au sérieux. Une étude des comptes bancaires en Inde a montré que les économies faites par les femmes représentent 40% du ?total de l'épargne; pourtant, 4% seulement des femmes avaient reçu un prêt (Singh).

De même que les informations concernant les projets de logements, les informations concernant les programmes de crédit sont canalisées par le biais de réseaux ou d'organisations d'hommes. D'ailleurs, la femme ne sait pas a priori comment demander un crédit. Les importants frais de banque et les heures fixes d'ouverture sont d'autres problèmes qui se posent aux femmes en particulier (IWTC, 1981).

Equateur

Une étude du projet Solanda à Quito a montré que, au stade de la demande, seulement 15 % des femmes qui, grâce à leur revenu, étaient éligibles pour l'attribution d'une parcelle, avaient fait suffisamment d'économies pour être en mesure de payer le versement minimum qui était de 35 000 sucres (ce qui représente 15 % du coût total du type de maison le moins cher).

Même si les femmes chargées de famille avaient vendu tout ce qu'elles possèdent pour obtenir de l'argent, pas plus de 69% étaient en mesure d'effectuer le premier versement. Si on avait réduit de moitié le montant du premier versement, si 50 % de toutes les possessions étaient vendues et si toutes les économies étaient utilisées, le pourcentage de femmes aurait. augmenté de 23 %; néanmoins, elles auraient quant même été obligées de faire d' importants emprunts.

Des entretiens avec les intéressées ont montré qu'il existait d'autres moyens d'obtenir de l'argent pour effectuer le premier versement, entre autres, en réduisant les autres dépenses du budget familial et en empruntant de l'argent auprès d'amis et de parents. Il était évident que le projet devait accorder aux femmes quelque soutient financier, d'autant plus que très peu d'institutions financières à Quito étaient disposées à les aider, vu le coût relativement élevé du service de prêts peu importants.

Etant donné que le projet de Solanda visait à promouvoir l'accès des femmes au logement, l'idée d'organiser une coopérative à buts multiples avait été proposée. Le but était que cette coopérative crée des activités rémunératives à l'intention des femmes, qui pourraient alors mieux couvrir leurs frais de logement.

Au départ, on avait aussi proposé d'établir auprès de la Banque équatorienne du logement (BEV), un fonds de garantie pour le versement de l'acompte afin de permettre aux attributaires d'effectuer leur premier versement dans une période de 10 ans. Cependant, la BEV ne disposait pas de fonds suffisants pour mettre au point un programme d'une telle envergure. A la place de ce programme, les responsables du projet ont décidé de ramener le premier versement à 5 % du coût de la maison, et de d'abaisser les normes de construction (Lycette et Jaramillo).

Dans certains pays, des organisations non gouvernementales ont créé des organisations non-officielles de crédit à l'intention des femmes, pour pallier au manque de soutien financier accordé aux femmes par les institutions officielles. En Inde, la SEWA (Self Employed Women's Association) qui est une association des femmes travailleuses indépendantes, compte plus de 13 000 membres, dont 90 % sont analphabètes. Cette association a, dans une grande mesure, facilité l'accès des femmes aux petits crédits (IWTC, 1981; Singh).

RECOMMENDATIONS

Faire connaître le projet

Le personnel de projet devrait, afin de compenser l'exclusion relative des femmes de la vie sociale ainsi que le désavantage de l'analphabétisme, faire usage d'autres moyens de faire connaître les projets que par les affiches ou par le biais de la presse. Il faudrait faire des efforts particuliers pour fournir aux femmes, le plus tôt possible, des informations compréhensibles concernant le projet.

Les formes appropriées de communication sont les suivantes:

(a) La communication des informations sous forme verbale plutôt qu'écrite, et sous une forme plus accessible pour la plus grande partie du groupe cible. Par exemple: des annonces à la radio, des messages à travers des haut-parleurs et des réunions tenues par des assistants sociaux ou des agents de vulgarisation dans les quartiers de la ville où il y a des chances que les futurs résidents des projets de trames d'accueil soient recrutés.

(b) Approches directes, telles que:

- réunions dans les quartiers pauvres organisées par le biais des organisations communautaires, où les femmes sont probablement représentées (lieux de culte, écoles, cliniques prénatales, maternités ou associations féminines locales);

- réunions à caractère non-officiel aux endroits où les femmes se rencontrent souvent, tels les puits ou les places du marché le jour du marché (ce qui ne dérangerait pas leur plan de travail);

- visites de porte à porte par les agents de vulgarisation, à des heures qui conviennent aux femmes chargées de famille ainsi qu'aux épouses;

- emploi des réseaux de communication non officiels au moyen desquels on peut encourager les femmes à mettre d'autres femmes au courant du projet (le "bouche à oreille" est souvent la meilleure façon de communiquer les informations dans les communautés à faible revenu).

Procédures de demande

Les planificateurs devraient essayer de réduire les craintes des femmes à l'égard des institutions officielles et de minimiser et de simplifier la paperasserie et autres formalités nécessaires à l'accès aux pro grammes de logements sociaux. Le personnel du projet devrait aider tout spécialement les femmes à remplir les formulaires et à les soumettre en fournissant des preuves à l'appui des informations données.

Une manière de procéder serait que le personnel de projet organise des réunions dans les quartiers de la ville où les groupes- cibles vivent le plus souvent, et leur explique le but du projet avec de mots simples. Au besoin, il faudrait organiser des réunions destinées uniquement aux femmes, où la garde des enfants serait assurée. On pourrait alors distribuer aux femmes les formulaires qu'il faut, et les aider à les remplir sur place.

Si les femmes hésitent à remplir les formulaires en public, il serait peut-être préférable de faire des visites de porte à porte, après la réunion en groupe. A la longue, ces visites deviennent un gain de temps, du fait que les documents disponibles peuvent être contrôlés immédiatement. Cependant, le personnel de projet doit savoir que beaucoup de femmes auront du mal à fournir une preuve tangible d'emploi ou de sécurité sociale.

Si le personnel de projet se rend personnellement- aux établissements sociaux concernés, le nombre maximum de femmes du groupe cible sera atteint et, en plus, les femmes bénéficiaires auront économisé leur temps et les frais de déplacement. Dans de nombreuses sociétés, il est important qu'à toutes les phases du projet, le personnel s'occupant des femmes soit des femmes elles-mêmes.

Premier versement

En général, la barrière financière est pour les femmes l'obstacle le plus difficile à franchir. Au départ, les responsables du pro jet seront peut-être amenés à décider de réserver une partie du budget pour constituer un Fonds de garantie pour le versement de l'acompte, pour que les femmes chargées de famille ne possédant pas d'économies ni de garantie ne soient pas exclues des possibilités d'emprunt.

L'alternative serait d'établir des conditions d'acompte différentes selon les différentes catégories de candidats. On demandera aux familles qui disposent d'économies suffisantes au moment de la demande de déposer un verse ment relativement important et d'effectuer de petits remboursements ultérieurement. Le contraire se passerait pour les femmes chargées de famille: un premier versement peu élevé ou même pas d'acompte du tout, et des remboursements ultérieurs plus importants. Un tel système devrait aller de pair avec des activités rémunératrices au sein de l'établissement.

En outre, un soutien devrait être accordé aux banques et aux associations qui se spécialisent dans l'octroi de crédit aux femmes. Si les bénéficiaires sont recrutées partir de quartiers spécifiques de la ville, ou si on leur accorde une période de grâce avant le paiement effectif du premier versement, on pourra organiser d'abord des groupes d'épargne officieux dans les communautés cibles.

QUESTIONS

a) Travaux pratiques

1) Faites l'inventaire, dans votre ville, des divers moyens utilisés pour annoncer les projets de logements sociaux.

2) Pour quelles raisons les femmes chargées de famille ne sont-elles pas au courant des projets de logements sociaux?

3) Quel est le pourcentage de familles dirigées par une femme dans votre projet?

4) Combien y a-t-il de femmes parmi le personnel du projet chargé du recrutement des bénéficiaires?

b) Sujets de discussion

1) Comment peut-on annoncer votre projet si l'on veut atteindre les femmes?

2) Comment peut-on aider les femmes à faire une demande?

3) Quelles modifications doit-on apporter aux conditions du premier versement afin d'aider les femmes chargées de famille à surmonter leurs difficultés financières?

CHAPITRE 3: La planification de l'établissement

La planification de l'établissement est habituellement la première phase d'un projet de logement qui donne à la communauté l'occasion de participer activement à la prise de décisions. Toutefois, l'étendue de la participation communautaire varie en fonction de la nature du projet.

Dans les projets de trames d'accueil, de nombreuses décisions fondamentales, telles que l'emplacement du site et le nombre de parcelles, ont été déjà prises avant le recrutement des attributaires. Si, toutefois, les futurs résidents sont choisis avant que la planification détaillée ne commence, il peut y avoir de bonnes possibilités de participation communautaire.

Obstacles à la participation

Le plus grand obstacle lorsqu'on fait la participation participer les groupes cibles à la planification d'un projet de trames d'accueil est l'absence de communauté. Il appartient au personnel du projet d'encourager la création d'une communauté entre des gens qui ne se connaissent pas encore.

Dans la plupart des établissements spontanés, il existe déjà une certaine forme d'organisation communautaire; en fait, il se peut que ce soit cette organisation qui ait lancé le projet de reclassement. Si c'est le cas, les planificateurs ont une base sur laquelle ils peuvent engager les participants dans la planification, bien que cette méthode risque d'affecter négativement la participation des femmes.

Si la tradition veut que les organisations communautaires aient un homme à leur tête et presque toujours des hommes comme membres, cela signifie qu'elles auront tendance à représenter les intérêts des hommes. Si le personnel du projet travaille exclusivement avec, ou par le biais, de telles organisations, cela empêchera les femmes de participer au projet. Dans les projets de trames d'accueil, où les organisations communautaires n'existent pas encore, on peut créer facilement des organisations ouvertes aux femmes et encourager la participation de celles-ci à leurs activités.

D'un autre côté, dans les projets de reclassement de colonies de squatters, les responsables du projet ne seront pas obligés de créer de nouvelles filières pour la participation communautaire féminine. Car souvent, dans ces colonies, les femmes ont déjà établi des réseaux non-officiels pouvant servir de base à la participation communautaire des femmes.

Equateur

A Guayaquil, des squatters se sont établis dans les champs de palétuviers (mangroves) aux abords de la ville. Dans de telles circonstances où même l'eau est rare et précieuse, les femmes sont constamment réunies par le hasard et forment des liens d'entraide complexes, liens qu'elles formalisent par des rapports de parrainage. Quand le réservoir d'eau n'est pas approvisionné, elles se regroupent pour discuter comment elles peuvent se partager l'eau qu'elles ont; lorsqu'un enfant se tue en tombant d'une passerelle, les femmes se réunissent pour consoler la voisine. C'est ainsi qu'elles deviennent conscientes de leurs souffrances communes, et ce sont les femmes qui exhortent leurs voisines à former des comités pour faire pression sur les autorités locales pour qu'elles améliorent les infrastructures. (Moser, 1982).

Le transport

Lorsque le site du nouvel établissement est choisi, les autorités oublient souvent que les femmes doivent se rendre dans différentes parties de la ville à des heures de la journée qui ne sont pas les mêmes que celles des hommes. En conséquence, non seulement elles ne disposent que de peu de temps du fait qu'elles doivent combiner leurs rôles économique et domestique, mais encore, elles perdent du temps à se déplacer entre leur nouveau logement et leur lieu de travail.

Brésil

A Belo Horizonte, de nombreux cars font le trajet de la zone périphérique au centre ville aux heures de pointe le matin et le soir, pour assurer le transport des hommes à leur lieu de travail. Les femmes ont elles aussi besoin de transports publics pour des activités variées, telles que les courses, le ramassage des enfants à la sortie des écoles, les visites à l'hôpital ou au dispensaire et leur propre travail à mi-temps. Cependant, beaucoup d'autobus n'assurent pas le service pendant la journée, aux heures où les femmes ont besoin de moyens de transport. En conséquence, le temps passé chaque jour en transport est trois fois plus important chez les femmes que chez les hommes, en moyenne (Schmink, 1982).

Inde

Entre 1975 et 1977, 700 000 squatters à Delhi furent réétablis dans 17 quartiers dans la banlieue de la ville. Dans l'un d'eux, Dakshinpuri, les femmes ont beau coup plus souffert du déplacement que les hommes. Dakshinpuri étant situé loin de leur lieu de travail précédent, pour un grand nombre d'entre elles, les frais de transport diminuaient leurs maigres revenus à tel point que ce n'était plus la peine de travailler. Alors que le taux d'emploi avait baissé de 5% seulement chez les hommes, 27% des femmes ont été obligées de s'arrêter de travailler (Singh).

Si, étant donné les prix élevés des terrains, on doit installer des colonies à la périphérie des villes, il est indispensable de mettre au point des moyens de transport sûrs et bon marché ou d'organiser des activités rémunératrices viables à l'intention des femmes au sein même du nouvel établissement, pour compenser leur perte de revenu.

Les longues heures passées en transport peuvent aussi avoir des effets négatifs sur les autres composantes du projet. Dans le projet George de reclassement de colonies de squatters à Lusaka (Zambie), la construction de logements pour la réinstallation des femmes chargées de famille a été considérablement retardée parce que les femmes passaient beau coup de temps à voyager entre leur maison et leur travail sur la place du marché (Rakodi).

Bail

Dans les projets de trames d'accueil aussi bien que dans les projets de reclassement de colonies de squatters, le bail est un aspect très important. La sécurité du bail stimule les investissements dans l'amélioration du logement, et un titre de propriété peut sou vent servir de garantie pour l'obtention d'un prêt.

Les droits fonciers sont en général accordés aux hommes, car les autorités assument que ceux-ci sont les chefs de famille, même lorsque ce sont les femmes qui assument l'entière responsabilité de leur famille ou qui sont le principal soutien. Dans certains pays, les femmes n'ont pas le droit d'être propriétaires de biens fonciers. Le fait que les femmes n'ont pas, ou ne peuvent pas avoir, de biens fonciers a un certain nombre de conséquences.

D'abord, le bien foncier représente une forme d'économie, du fait que sa valeur augmente avec le temps. Si les femmes n'ont pas de titre foncier, elles risquent de se retrouver sans argent en cas de divorce ou de séparation. De plus, un homme peut facilement divorcer ou se séparer de sa femme s'il est seul propriétaire de la parcelle et de la maison.

Ensuite, en tant que principale source de revenu, l'homme exerce déjà un contrôle presque illimité sur sa famille et sur ceux qui dépendent de lui. Si de plus il est le propriétaire légal de tous les biens fonciers, son pouvoir de contrôle est quasi absolu, et en conséquence, il prendra probablement toutes les décisions relatives au modèle, à l'amélioration et à l'organisation de la maison.

Enfin, dans de nombreux pays, l'accès des femmes au crédit est extrêmement limité. Si elles ne peuvent pas enregistrer le titre foncier à leur nom, elles ne sont pas en mesure d'utiliser ce bien foncier comme garantie pour l'obtention d'un prêt.

Mexico

A Mexico, une coopérative appelée Union de Sollicitantes y Colonos para la Vivienda (USCOVI) a acheté, en 1980, des parcelles à l'intention de 60 familles. Consciente de l'importance du nom figurant sur le titre foncier, les statuts de cette coopérative comportent l'obligation que les titres fonciers soient au nom de la femme, pour assurer sa protection et celle de ses enfants contre l'abandon de son partenaire masculin (Arredondo et al).

Modèle de l'établissement

Etant donné que souvent les terrains sont coûteux et peu abondants, les établissements sont conçus en sorte d'utiliser au mieux l'espace disponible. C'est en se fondant sur ces critères d'ordre technique et financier qu'on prend des décisions concernant le modèle d'aménagement des terrains. Il est rare qu'on prenne en considération la culture et le style de vie des attributaires, surtout s'il s'agit de femmes.

Plan du site

Dans plusieurs pays, l'univers social de la femme est défini par les limites physiques de sa maison ou de son voisinage. Par conséquent, le plan du quartier revêt pour elle une importance particulière. Si les femmes ne peuvent pas participer dans la même mesure que les hommes à la planification d'un site, il y a peu de chances que leurs besoins spécifiques et leurs priorités soient suffisamment pris en considération.

Les besoins qu'éprouvent les femmes en ce qui concerne l'aménagement de la parcelle peuvent être radicalement différents de ceux éprouvés par les hommes. Les femmes préfèrent vraisemblablement que les parcelles soient groupées autour des services d'infrastructure, de sorte qu'elles puissent rencontrer d'autres femmes pendant qu'elles effectuent leurs travaux domestiques; en outre, leur double fardeau t travaux domestiques et activités rémunératrices) peut être allégé par l'aide qu'elles s'apportent mutuellement.

Cependant, on n'organise pas souvent les sites selon ce modèle, qui tend à être peu rentable du point de vue de l'utilisation économique de l'espace.

Zambie

L'aménagement de la zone de réinstallation dans le cadre du projet de reclassement George à Lusaka a profondément changé la vie des femmes. Les rues et les parcelles ont été quadrillées, avec une maison par parcelle, ce qui donne un caractère privé à chaque famille. L'inconvénient est qu'auparavant les femmes pouvaient effectuer leurs travaux domestiques et rester dans le champ de vision des autres. Le nouvel aménagement les isole. Autrement dit, elles ne peuvent plus laisser leur maison ouverte ou leurs enfants jouer sous l'oeil vigilant des voisines (Schlyter).

Activités rémunératrices

Comme l'on assume normalement que les hommes travaillent à l'extérieur et que les femmes sont entièrement prises par les travaux domestiques, on néglige la création d'activités rémunératrices au sein même de l'établissement.

Dans les cas où les familles ne peuvent pas survivre en comptant sur le seul revenu de l'homme, les femmes sont obligées de contribuer comme elles peuvent au budget familial. Les femmes chargées de famille, quant à elles, doivent avoir un revenu suffisant pour toute la famille. S'il n'y a pas de création d'emplois au sein de l'établissement ou si les réglementations en matière d'aménagement du territoire ne permettent pas les activités rémunératrices dans les quartiers d'habitation, ces femmes sont obligées de chercher du travail à l'extérieur du voisinage. Ceci provoque souvent de sérieux problèmes pour les enfants, qui sont livrés à eux-mêmes.

Kenya

Dans le projet de trames d'accueil de Dandora à Nairobi, les règles stipulaient que la terre et la maison devaient être utilisées uniquement à une fin d'habitation. Pourtant, de nombreux habitants de Dandora sont des femmes chargées de famille qui travaillaient à domicile dans le secteur non-officiel.

Malgré l'action des autorités pour imposer une stricte séparation entre les activités à domicile et les activités rémunératrices, et malgré la menace et le harcellement incessant des askaris (genre de policiers) de la ville, 48% des femmes ouvrières de la Phase I du projet Dandora ont continué à travailler chez elles.

Pour celles qui ont accepté de se plier aux réglementations, les autorités ont permis la location de chambres comme forme de revenu.

L'autorisation de louer des chambres leur était accordée dans le but de compenser la perte des moyens traditionnels de gagner de l'argent à domicile.

Pourtant, les femmes chargées de famille ne réussissaient pas à perfectionner leur maison dans la même mesure que les hommes chefs de famille, à cause du manque de temps et d'argent. En conséquence, les locataires préféraient louer des chambres dans les maisons mieux construites et mieux entretenues appartenant à des hommes. Ainsi, planifier sans tenir compte de la spécificité de la femme la gêne considérablement pour trouver des revenus pour sa famille (Nimpuno Parente).

L'aménagement de l'établissement doit permettre la création d'activités rémunératrices à l'intention des femmes, dans son voisinage. Il faut prévoir de l'espace pour ces activités et prévoir en même temps des programmes de formation et des crédits.

Inde

A Madras, la Urban Development Authority (Autorité pour le développement urbain) exécute un grand programme de logements qui, entre autres, comprend une unité ambulante de formation technique. La contribution au revenu familial provient souvent, en grande partie, des femmes et des enfants; donc, accroître le revenu grâce à la formation technique a des conséquences positives sur le recouvrement des coûts (Singh).

La garde des enfants

Les planificateurs ne réservent pas, en général, de fonds pour la garde des enfants, parce qu'ils partent du principe que les femmes sont responsables du soin et de l'éducation des enfants. Pourtant, pour que la femme puisse participer à des activités rémunératrices, elle doit pouvoir faire garder ses enfants, afin que cette tâche lui soit épargnée. Dans certaines communautés, les grand-mères et les autres femmes de la famille assument cette tâche pendant que la femme travaille. Dans d'autres, l'absence de services de garderie sur le lieu de travail limite sérieusement la participation des femmes sur le marché de l'emploi.

RECOMMANDATIONS

Participation communautaire

Les responsables du projet doivent, durant la phase de planification, consulter les femmes, qu'ils se planifient avec des organisations existantes ou de nouvelles organisations. Dans les projets de trames d'accueil où les bénéficiaires ne sont pas encore recrutés, une enquête sur les femmes pauvres vivant dans des circonstances identiques à celles du groupe cible pourrait fournir de précieuses informations relatives aux besoins et aux priorités des femmes en matière de planification.

Dans d'autres projets, où une communauté existe déjà, les responsables du projet doivent faire preuve de prudence lorsqu'ils ont affaire uniquement à des organisations dirigées par des hommes. Ils devraient, si possible, voir si les organisations qui existent déjà sont représentatives et; s'ils constatent que les femmes sont exclues de ces organisations, ils devraient trouver des moyens de contourner le problème pour permettre la participation féminine.

Emplacement du site

Dans les projets de trames d'accueil et de reclassement, les responsables du projet devraient se renseigner sur les endroits où les femmes travaillent et essayer d'implanter le projet autant que possible à proximité du lieu de travail des femmes. Cette forme de "discrimination positive" est indispensable si les femmes doivent: gagner de l'argent, se charger des tâches domestiques et éduquer leurs enfants. En plus, le personnel du projet devrait aussi voir où les femmes à faible revenu font leurs courses et où leurs enfants vont à l'école.

Dans le cas où le projet doit absolument être localisé en banlieue, loin des lieux de travail traditionnels des femmes, des mesures doivent être prises pour assurer:

(a) un moyen de transport bon marché, sûr et fréquent qui fonctionne pendant la journée entière et non uniquement aux heures de pointe;

(b) des possibilités de travail rémunéré pour les femmes aussi bien que des services de garderie, des marchés et des écoles au sein de l'établissement.

Bail

Les femmes chargées de famille constituent une large proportion du groupe-cible. A cela il faut ajouter que les femmes qui accèdent au projet en qualité de membres d'une famille ayant un homme à sa tête ont de fortes chances de se retrouver chargées de famille, soit par l'abandon soit par la migration prolongée de l'homme. Si la femme n'a pas de titre foncier, elle risque de se retrouver sans abri. Du fait que c'est d'habitude la femme qui assume, en fin de compte, la plus grande responsabilité pour ses enfants, il est essentiel que les droits de la femme aux titres fonciers soient reconnus pour qu'elle puisse sauvegarder les intérêts de sa famille.

Les responsables du projet devraient inclure des femmes dans le personnel de projet pour les tâches d'enregistrement des titres. A Amman (Jordanie), dans un projet de reclassement d'une colonie de squatters, il s'est trouvé par hasard que c'était une femme qui était responsable de l'enregistrement des titres au bureau chargé du développement de la communauté. Par suite, les hommes de la communauté donnaient l'autorisation à leur femme d'aller remplir les formulaires. Et c'est ainsi que plusieurs titres fonciers ont été enregistrés au nom des femmes.

Aménagement de la colonie

Consulter les femmes et tenir compte des problèmes qui leur sont spécifiques sont des aspects vitaux pour le succès d'un projet. Chaque fois qu'on a tenu compte des besoins des femmes concernant réservation d'endroits aménagés pour qu'elles puissent exercer un emploi rémunérateur ou un emploi à domicile, les résultats ont en général été positifs.

Même là où on ne peut réserver de l'espace pour permettre aux femmes d'exercer des activités, on peut utiliser d'autres méthodes pour répondre à leurs besoins. Si les initiatives économiques et domestiques font partie intégrante des plans du projet, l'éventail des activités qui se créent s'élargit énormément.

Questions

(a) Travaux pratiques

(1) Identifiez la composition par sexe de l'organisation communautaire dans votre projet. Est-elle dominée par les hommes ou par les femmes?

(2) Est-ce que les hommes et les femmes ont des avis et des priorités différents en ce qui concerne la planification de la colonie, l'emplacement du site et l'aménagement de l'espace?

(3) Est-ce que ce sont les hommes ou les femmes qui détiennent généralement les titres fonciers dans votre projet?

(b) Questions à débattre

(1) Comment peut-on encourager la participation de la femme à la vie communautaire?

(2) Est-il important que les femmes aient des titres fonciers enregistrés à leur nom? Comment organiseriez-vous les procédures d'enregistrement dans votre projet pour faire en sorte que les titres aillent aux femmes?

CHAPITRE 4 : La planification de l'infrastructure

Etant donné leur faible capacité de paiement, les habitants concernés par les projets de reclassement de squatters et les projets de trames d'accueil ne peuvent souvent pas se permettre plus que les fontaines publiques, les fosses d'aisance, des chemins de terre battue et des drains à ciel ouvert. En vue de la modicité des budgets disponibles, il est d'une importance vitale que les priorités définies par les femmes soient dûment considérées, en ce qui concerne les infrastructures et les services élémentaires.

D'abord, les femmes ont l'habitude d'effectuer des travaux domestiques sans services publics, et, par conséquent, ce sont elles qui peuvent le mieux définir l'infrastructure de première nécessité. Deuxièmement, le travail de la femme peut être négativement affecté par l'introduction d'une nouvelle infrastructure qui ne répondrait pas à ses besoins. Consulter les femmes permet de trouver un juste milieu entre les besoins et les services fournis, en ce qui concerne le projet lui-même, la technologie appliquée, l'emplacement choisi, etc.

Travaux domestiques

L'absence d'infrastructures adéquates alourdit les travaux domestiques et peut provoquer une énorme pression physique et mentale sur la femme. A Queretaro (Mexique), les femmes sont obligées de travailler dans des conditions si rudimentaires que leurs journées sont de 30 à 40% plus longues que celles des hommes. Dans le Sahel, les femmes doivent porter l'eau dans des jarres sur leur tête, ce qui peut provoquer des troubles pelviens, responsables de complications lors des accouchements (IWTC, 1982).

En général, les femmes arrivent à se débrouiller en l'absence de services d'infrastructures, ou en cas d'insuffisance de ces services. Toutefois, leurs solutions impliquent souvent une grande fatigue et une perte de temps: les femmes emmènent leur linge à l'extérieur de l'établissement pour le laver dans des rivières ou des réservoirs; elles jettent ou brûlent leurs ordures loin de leur maison. Tout ce travail, qui va de pair avec le manque de temps, les empêche d'effectuer les autres travaux du ménage et de participer aux activités communautaires.

Infrastructures

(a) Pompes à eau

Dans de nombreux pays, les principaux porteurs d'eau dans la communauté sont les femmes et les enfants. Cependant, les pompes à eau introduites dans le but de fournir de l'eau saine aux pauvres sont fréquemment conçues pour les hommes. Il arrive souvent que les femmes et les enfants cassent le bras de la pompe car ils ne sont pas en mesure de faire fonctionner celle-ci correctement (IWTC, 1982).

Les femmes ont l'habitude d'effectuer les travaux domestiques sans services d'infrastructure fondamentaux; ce sont donc elles qui sont les mieux placées pour décider des infrastructures de première nécessité.

(b) Les ordures

A Lusaka, les planificateurs de projets ont trouvé que la plupart des familles jetaient très peu d'ordures. En conséquence, ils ont prévu que les habitants se partageraient les poubelles, ce qui faciliterait aussi le travail des éboueurs. Cependant, les gens rendaient les poubelles, et insistaient pour qu'on leur fournisse des poubelles individuelles (Martin). Si les femmes, en qualité de principales ouvrières domestiques, avaient été consultées, on aurait peut-être évité cette situation.

(c) Assainissement

Les femmes bénéficiaires d'un projet en Amérique Centrale refusaient d'utiliser les toilettes conçues et construites par des ingénieurs hommes, parce qu'un espace avait été laissé au pied du mur, ce qui exposait leurs pieds, et constituait pour elles une offense à la discrétion (IWTC, 1982). Cet exemple illustre non seulement comment on peut complètement oublier les femmes et aussi comment on peut gaspiller les investissements.

Les décisions avaient été prises sans considération pour les femmes, et il en était résulté que la moitié de la communauté ne faisait pas usage des services d'infrastructure.

Dans certains pays, l'assainissement reçoit une priorité extrêmement faible, parce que tout le poids du travail lié à l'hygiène échoit aux femmes et parce que les hommes, contrairement aux femmes, n'ont pas besoin de la même discrétion pour faire leurs ablutions.

Au Bangladesh, les femmes qui n'ont pas de cabinets privés convenables ne peuvent se soulager qu'avant le lever ou après le coucher du soleil, ce qui peut provoquer de graves problèmes d'ordre médical. A Bombay, les femmes qui vivent dans les bidonvilles ont aussi besoin de toilettes privées. Autrement, elles sont obligées de se soulager dans des endroits isolés où elles sont particulièrement vulnérables aux viols et aux brutalités (Agarwal et Anand).

RECOMMANDATIONS

Services

Les priorités définies par les femmes à l'égard de certains types d'infrastructures sont plus importantes pour les projets de logement que celles des hommes. On devrait veiller à observer une discrimination en faveur des femmes en matière de services d'infrastructure. Ceci implique:

(i) de consulter les femmes, tant aux réunions publiques organisées à leur intention que par des visites de porte à porte, faites par le personnel du projet, pour connaître leurs priorités en matière de services d'infrastructures; et de discuter en détail des avantages et des inconvénients des divers types d'installations possibles.

(ii) de consulter les femmes à du modèle approprié, en faisant usage de dessins ou, encore mieux, de petites maquettes en trois dimensions pour que des aspects tels que les dimensions et la forme des bras de pompe puissent être mis à l'épreuve (si possible, les responsables du projet devraient essayer d'incorporer les suggestions des femmes dans le choix et la conception de la technologie).

QUESTIONS

(a) Travaux pratiques

(1) Les hommes et les femmes ont-ils des priorités différentes en ce qui concerne la planification des services d'infrastructure?

(2) Dans votre projet, comment décide-t-on de la nature et du type de services d'infrastructure à mettre en place dans l'établissement?

(b) Sujets de discussion

(1) Comment réaliser un juste milieu entre les besoins de services d'infrastructure et les possibilités?

(2) Quelle est la meilleure manière de s'assurer que les femmes participent à la prise des décisions relatives aux services et à l'infrastructure de la communauté?

(3) Est-il préférable d'intégrer les femmes dans les comités qui existent déjà ou de créer de nouveaux comités de femmes?

CHAPITRE 5 : La planification du logement

La planification du logement est une bonne occasion de faire participer la population aux projets de logements sociaux. Dans certains cas, la conception de la maison est la responsabilité de chaque famille qui construit sa propre maison en respectant certaines lignes de conduite tracées pour le projet, et avec l'assistance technique et financière donnée par le personnel du projet. Dans d'autres cas, les habitants doivent soit construire selon un plan choisi parmi plusieurs plans types considérés comme acceptables et réalisables par les autorités, soit agrandir des logements de base conçus et construits pour le projet.

Normes

Dans la plupart des projets de reclassement de colonies de squatters, on donne aux attributaires la liberté de construire ou d'améliorer leur maison à leur gré; les responsables du projet ne font qu'administrer le soutien technique et financier. Les attributaires seront à même de construire un meilleur type de maison qu'avant, et qui correspondra mieux à leurs besoins et à leurs priorités.

Dans la plupart des projets de trames d'accueil, on accorde aux bénéficiaires une certaine période pour construire leur maison, étant entendu qu'ils doivent respecter certaines normes fixées par le projet - le raisonnement justifiant ce principe étant que les projets de logements sociaux visent à encourager les participants à vivre dans de bonnes conditions et non à transformer leur établissement en taudis.

Néanmoins, les normes minimales à respecter dans des délais limités rendent la construction des maisons coûteuse et laborieuse pour les attributaires et, par conséquent, peuvent créer des problèmes pour les femmes chargées de famille. Les normes minimales signifient que les bénéficiaires ne peuvent plus employer de matériaux de construction bon marché, tels que les débris recyclés et les rebuts, ou des matériaux autochtones comme le bambou et la terre. Il se peut que les familles doivent faire appel à de la main d'oeuvre professionnelle si elles ne disposent pas de temps ou de compétences pour construire la maison selon les normes prescrites pour les projets d'auto-assistance.

El Salvador

Dans le programme de logement de la Banque Mondiale à Santa Ana, les femmes ne gagnaient pas suffisamment pour payer la main d'oeuvre qualifiée en vue d'achever leur maison; elles ne pouvaient pas non plus construire leur maison dans les délais impartis, du fait que leur absence au travail signifiait pour elles une perte de revenu. Il n'y avait aucune solution satisfaisante, et il fallait nécessairement restructurer le projet et organiser une assistance pour les femmes, par exemple sous forme du versement d'une indemnité pendant la période de construction (Lycette et Jaramillo).

Par ailleurs, établir des normes de logement sans se référer aux aspects culturels et au style de vie de la communauté intéressée peut, dans la pratique, s'avérer impraticable et risque de détruire ce tissu délicat que sont les rapports sociaux. L'étude de cas suivante montre de quelle manière une tentative visant à améliorer les conditions de logement sans consultation antérieure de la communauté à été préjudiciable aux intérêts et à la vie du groupe cible qui devait recevoir l'assistance prévue par le projet.

Tanzanie

La "Campagne pour un meilleur abri" (Better Housing Campaign) a été lancée pour persuader la population de remplacer leurs maisons traditionnelles bâties avec des matériaux locaux tels que des feuilles de palmier et des troncs de palétuviers, par des maisons solides aux toits en tôle ondulée et aux planchers en ciment.

L'habitat traditionnel était bien adapté aux habitudes locales, qui accordent une grande valeur à l'autonomie et au besoin de discrétion et de vie privée des individus d'une même famille. Les membres d'une même famille construisent des abris temporaires à proximité de terres cultivables, pour pouvoir vivre indépendamment du reste de leur famille. Les femmes divorcées, au lieu de retourner chez leurs parents, construisent souvent leur propre maison.

En obligeant les gens à utiliser des matériaux importés, la Campagne a augmenté les coûts de construction. En conséquence, les membres d'une même famille éprouvaient des difficultés à vivre indépendamment. Les familles étaient obligées de vivre comme une unité intégrée, privées de l'autonomie et de la discrétion qui leur sont chères. Ceci affectait tous les membres de la famille, mais en particulier les femmes. Celles-ci perdirent beaucoup de leur autonomie traditionnelle (Caplan).

Modèles de logement

Afin de faciliter la construction de logements, le personnel du projet prépare en général un certain nombre de modèles de maison entre lesquels les attributaires peuvent choisir. Si l'attributaire souhaite construire un autre type de logement, il ou elle doit soumettre un plan aux autorités locales en vue d'obtenir un permis de construire. Ceci coûte du temps et de l'argent et met donc la femme chargée de famille dans une position particulièrement désavantageuse, du fait qu'en général elle n'est pas en mesure de faire une demande de permis de construire pour la maison qu'elle préférerait.

Il faudrait que des discussions aient lieu le plus tôt possible entre les responsables du projet et la communauté à propos des aspects sociaux, financiers et techniques de la conception d'une maison. Autrement, la maison risque de ne pas correspondre aux souhaits de ses principaux occupants.

Equateur

A Guayaquil, les femmes d'une colonie de squatters préféraient vivre dans des huttes en bambou qu'elles avaient construites plutôt que dans les maisons en briques d'un projet de la Banque Mondiale, qui étaient deux fois plus petites que les huttes. Elles expliquaient que c'était un cauchemar de devoir élever des enfants dans un espace si étroit, vu surtout le climat tropical de la ville (Moser, 1985). Tunisie Le projet de logement Ibn Khaldoun à Tunis offre une variété d'unités d'habitation, allant de la simple maison rudimentaire à des logements relativement élaborés de quatre pièces. Les études ont montré que les femmes n'étaient pas satisfaites de la conception des maisons. Leur principal problème était celui de l'espace, et plus spécifiquement, l'étroitesse de la cour intérieure (Resources for Action, 1982b).

Dans certaines villes, Tunis par exemple, la nécessité qu'éprouvent les femmes de disposer d'un espace intérieur est impérieuse, du fait qu'elles passent presque toute leur vie dans leur maison. Le manque de terrains, l'insensibilité à l'égard du besoin d'espace des femmes ainsi que cette aspiration bourgeoise d'avoir des maisons de style européen, résultent souvent en une réduction de l'espace de la cour intérieure. Ceci a conduit, dans certains cas, à des dépressions nerveuses, des névroses et même des suicides chez les femmes.

Dans les villes où les femmes mènent une vie renfermée, les caractéristiques du logement revêtent une grande importance. Ce n'est pas facile de modifier la taille des parcelles dans ces genres de zones d'établissements humains, mais on peut envisager des modèles d'aménagement différents pour les projets ultérieurs. Agrandir la surface des cours au détriment de l'espace public serait éventuellement une solution. Une autre solution consisterait à diminuer la largeur des rues et à construire plusieurs habitations ayant des cours individuelles assez petites, autour d'un grand espace public qui serait, si possible, inaccessible aux hommes.

Inde

L'Ahmedabad Study and Action Group (ASAG) (Groupe Ahmedabad d'étude et d'action) a réalisé un programme de réinstallation financé par le gouvernement; il a invité les femmes à participer aux discussions relatives au plan des maisons et du quartier. Celles-ci accordaient une haute priorité aux salles de bains privées et faisaient des suggestions à propos des emplacements pour la cuisson, la collecte et le stockage de l'eau, etc. La plupart de leurs suggestions ont été prises en considération et il en est résulté un plan de maison plus fonctionnel (Singh).

La négligence des priorités définies par les femmes se manifeste non seulement au niveau des responsables de projet mais aussi au sein de la famille elle-même.

Mexico

Dans les colonies de squatters à Queretaro, les femmes attachaient une grande importance à une cuisine en brique spacieuse et bien bâtie, qui empêchait l'amoncellement de la poussière, venant des rues non pavées, sur la nourriture et les ustensiles. Car le nettoyage fréquent était pénible du fait qu'il fallait couvrir de grandes distances pour chercher de l'eau. De plus, avec une grande cuisine elles pouvaient accomplir leurs travaux domestiques en surveillant leurs jeunes enfants.

Et pourtant, chez plusieurs familles, la cuisine consistait en un auvent de tôle ondulée, tandis que les autres pièces, telles que les chambres, étaient construites en priorité. Les souhaits exprimés par les femmes n'ont donc pas eu la priorité qu'ils méritaient (Chant, 1985).

Les femmes, qui sont les principaux usagers de la maison, doivent jouer un rôle essentiel dans le plan du logement.

Travail à domicile

Dans le plan du logement, il est rare que les planificateurs considèrent le fait que les femmes ont besoin de travailler chez elles pour gagner leur vie. En conséquence, les plans des maisons sont souvent mal conçus pour la pratique de l'artisanat, ou pour la location. Il est évident que c'est en fonction du type d'activités commerciales qu'on détermine l'espace nécessaire et le plan de l'habitation. Il serait souhaitable, par exemple, que la femme qui désire faire un petit magasin de la pièce de devant ait une pièce spacieuse pour l'entrepôt de ses marchandises, et que cette pièce ait des prises pour des appareils électriques tels qu'un réfrigérateur. Dans les climats chauds, les femmes ont éventuellement besoin d'une grande véranda, où elles peuvent pratiquer la couture, l'artisanat, la vente de friandises, tout en surveillant leurs enfants et ceux

de leurs voisines.

Nicaragua Les femmes du projet San Judas à Managua ont exprimé leur préférence pour de l'espace à l'extérieur de leur maison. Dans les régions rurales dont elles émigraient, les femmes s'occupaient de jardins potagers, dont les produits constituaient une grande partie des moyens de subsistance de la famille. En accord avec les souhaits des femmes, on n'a construit que sur 20 % de la parcelle. Le reste de la terre était disponible pour la petite agriculture et pour le développement futur (Vance).

RECOMMANDATIONS

Normes

Il faudrait que les planificateurs reconnais sent que, s'ils imposent des normes élevées et - des délais auxquels les attributaires doivent se conformer, il y a de fortes chances que de nombreuses femmes chargées de famille soient exclues du projet du fait qu'elles ne sont pas en mesure de répondre à de telles conditions. Il serait raisonnable de ne pas insister sur ces conditions à l'égard des femmes chargées de famille. En même temps, il serait utile de s'assurer que les femmes des familles ayant un homme à leur tête n'aient pas à souffrir d'un manque de volonté de la part de l'homme d'investir dans un logement.

On pourrait identifier des sous-groupes dans la population cible, en se basant sur le niveau et la régularité du revenu, sur le nombre de personnes à charge, etc. Chaque sous-groupe devrait observer ses propres normes en ce qui concerne les délais impartis pour l'achèvement de la maison et le type de matériaux qu'il est censé utiliser.

Modèle de logement

Les femmes sont les premiers usagers du logement, de deux points de vue. D'abord, elles sont responsables de l'entretien de la maison et de l'assainissement. Ensuite, du fait qu'elles sont plus ou moins renfermées dans la maison, elles ont besoin de vie privée. Pour répondre aux principaux besoins des bénéficiaires, c'est-à-dire les femmes, les responsables du projet doivent prendre en considération leurs préférences et leurs besoins, qui sont la plupart du temps liés à la culture. Des enquêtes, des discussions et l'observation des bienfaits de la participation des femmes contribueraient à augmenter les chances de succès des projets.

Activités économiques

L'autorisation d'avoir des activités économiques, telles que le petit commerce et la location de chambres, a) permettrait aux femmes de concilier leurs activités économiques et leurs tâches domestiques; b) augmenterait le revenu familial; c) fournirait aux femmes une source de revenu indépendante; et d) apporterait une solution au problème de logement des femmes chargées de famille qui n'ont pas les moyens d'acheter un terrain ou des biens immobiliers (Lycette et Jamarillo).

Réunions

La conception d'un quartier devrait être décidée au moyen de dialogues avec la communauté, qui s'étendraient sur une certaine période. On pourrait au départ concevoir des plans en se fondant sur de longs entretiens avec les participantes au projet, puis les présenter à la communauté entière de manière à pouvoir y apporter des modifications ultérieures. Les débats en petits groupes sont les plus indiqués pour les femmes, car les grandes réunions ont tendance à être dominées et menées par les hommes.

QUESTIONS

(a) Travaux Pratiques

(1) Quel type de maison préfèrent les femmes dans votre projet (modèle, normes, etc.)?

(2) Décrivez le processus de consultation au stade du choix du plan des logements dans votre projet. Dans quelle mesure les femmes sont-elles consultées?

(3) Combien de familles dans votre projet ont un petit commerce et/ou louent des pièces de leur maison?

(b) Sujets de discussion

(1) Décrivez de quelle manière on peut obtenir des investissements familiaux satisfaisants pour le logement.

(2) Comment peut-on adapter au mieux le plan d'une maison pour répondre aux besoins des femmes? Comment peut-on faire participer les femmes au plan des logements?

(3) Comment concevez-vous la promotion des activités rémunératrices et de la location de chambres?

CHAPITRE 6: Le financement du logement

Dans les projets de logements sociaux, les bénéficiaires sont ceux qui, en général, doivent payer la totalité ou la quasi-totalité des coûts du projet. Même si la maison est construite selon la méthode d'auto-assistance, d' importantes sommes d'argent sont indispensables pour l'achat des matériaux de construction et le paiement de la main d'oeuvre spécialisée, notamment pour la plomberie et l'électricité.

Les femmes chargées de famille étant en général plus pauvres que les hommes, et les femmes disposant en général de moins de temps et de moins d'aptitudes techniques pour construire leur maison, le financement de la construction d'une maison est par conséquent plus difficile pour les femmes que pour les hommes.

Même dans les familles où l'homme est chef, c'est d'habitude la femme qui gère le budget familial. C'est donc sur elle que repose généralement la responsabilité de gérer le budget de manière à pouvoir rembourser les prêts.

Accès au crédit

Il y a peu de chances que les femmes aient autant d'économies que les hommes, officiellement ou officieusement. Lorsqu'elles ne possèdent pas de livret d'épargne, elles ont plus de difficultés à obtenir un prêt d'une banque pour la construction d'une maison. En outre, elles font face à des problèmes spéciaux tels que le manque d'informations à propos des programmes de crédit, le manque d'argent et l'irrégularité des revenus, le manque de capital, la complexité des procédures de demande de prêt, la discrimination de la part des bureaucrates masculins, les taux d'intérêt élevés et le manque de statut légal dans certaines régions.

Les responsables des projets ont essayé de compenser cette exclusion des femmes des programmes officiels de crédit par deux moyens: a) stimuler la mise en place, dans la communauté, de coopératives d'épargne réservées exclusivement aux femmes et b) établir des caisses de crédit destinées spécifiquement à la construction de logements.

Institutions non-officielles de crédit

Voici quelques exemples de programmes de crédit assez importants à l'intention des femmes, qui se sont soldés par une réussite:

(1) Le Fonds de crédit pour le développement (Women in Development Loan Fund) à la Barbade (où 42,9% des familles sont dirigées par une femme), fondé en 1975 pour administrer le financement commercial, donner des conseils et assurer la formation technique des femmes à faible revenu;

(2) L'Association coopérative africaine pour l'épargne et le crédit (African Cooperative Savings and Credit Association, ASOSCA) à Nairobi, qui essaie d'exercer une pression sur les pouvoirs publics afin de promouvoir la participation des femmes aux unions de

crédit (IWTC, 1981);

(3) Le Fonds de contributions volontaires pour la Décennie des Nations Unies pour la femme, établi en 1975 comme suite à l'Année internationale de la femme. Les ressources de ce Fonds servent à des programmes et des projets dont les bénéficiaires sont les femmes des zones rurales et les femmes démunies des zones urbaines.

Cependant, ces types d'organisations sont peu fréquents et, de plus, ils sont essentielle ment orientés vers l'emploi. Jusqu'à ce jour, peu d'associations se chargent d'accorder des crédits aux femmes spécifiquement pour le logement.

Octroi de prêts dans le cadre des projets

Parfois, les responsables du projet mettent à la disposition des attributaires des prêts pour construire leur maison. La création d'une caisse de crédit peut résoudre plusieurs problèmes auxquels les femmes doivent faire face.

D'abord, la communauté a ainsi aisément accès aux informations. Deuxièmement, les procédures de demande de prêts peuvent être adaptées au niveau d'éducation des bénéficiaires. Troisièmement, on peut arranger, pour tenir compte des autres aspects du recouvrement, des plans réalistes de remboursement des emprunts pour le logement. Quatrièmement, le personnel de projet a une idée assez précise des groupes de la communauté qui ont le plus besoin de crédit. Malgré tout, les exemples de ce type d'initiative sont rares.

De nombreuses femmes travaillent dans le secteur non-officiel, où elles gagnent moins que les hommes pour le même travail.

Les pertes de revenu pendant la construction

Un problème qui est rarement pris en considération par le personnel de projet est que, lorsqu'ils construisent leur maison, les gens doivent prendre du temps qu'ils passe raient autrement au travail et qu'ils risquent ainsi de perdre une partie de leur revenu, ou d'être incapables d'aider leur famille. La construction d'une maison ne signifie pas seulement le travail sur place mais aussi la recherche de matériaux, l'achat de ces matériaux, la location de matériel et l'organisation des travaux de construction avec les parents et les amis. Par conséquent, l'exécution des travaux peut entraîner une perte considérable de revenus pour les ouvriers du secteur non-officiel, qui sont généralement obligés de travailler le plus longtemps possible afin d'augmenter leurs revenus.

Ce phénomène se produit particulièrement chez les femmes, qui occupent la première place dans le secteur non-officiel et qui ne disposent généralement pas d'autre source de revenu. Dans un projet de trames d'accueil à Managua (Nicaragua), les planificateurs ont été sensibles à ce problème et fournissaient des repas aux familles qui prenaient le relais en fin de semaine (Vance). Le problème de la perte de revenus a été aussi reconnu dans un projet d'auto-assistance destiné exclusivement aux femmes au Panama.

Panama

Un projet de construction en auto assistance pour les femmes (WSHCP) a été lancé en 1981 après la destruction, par un incendie, des maisons de près de 300 familles à Curundu, une colonie de squatters construite sur un marais en bordure du fleuve Curundu. Ce projet comprenait 100 maisons à construire entièrement par les femmes (45% d'entre elles étaient chargées de famille).

Le projet comprenait des stages de construction à l'intention des femmes, attribuait des matériaux et des outils, assurait l'assistance technique et, ce qui est le plus important, versait une indemnité aux femmes durant la période de construction. On avait introduit cette indemnité dans le but de permettre aux femmes de s'arrêter de travailler pendant la durée qu'elles passaient sur les chantiers de construction. Les coûts des matériaux de construction et les subventions n'avaient pas besoin d'être remboursés avant l'achèvement de la construction.

Cette indemnité apportait une solution aux problèmes économiques immédiats aux quels les femmes doivent faire face lorsqu'elles cherchent du temps pour construire leur maison. Toutefois, il leur fallait encore faire des sacrifices financiers pendant plusieurs années. Les femmes devaient rembourser les prêts obtenus sous forme de matériaux de construction et l'indemnité qu'elles avaient reçue sur une période de 25 ans. Le problème est que les projets de logement sociaux disposent en général de budgets limités, et qu'en l'absence de fonds, d'autres méthodes pour résoudre les problèmes financiers des femmes sont difficilement concevables (Girling et al).

Budget familial

Le budget familial est d'une importance cruciale dans le financement d'un logement. La volonté d'investir dans le logement est, à divers égards, aussi importante que la question du revenu disponible dans la famille.

Les épouses des chefs de famille n'ont souvent aucun contrôle sur la répartition du budget familial. De plus, il se peut que les hommes retiennent une grande partie de leur salaire pour leurs dépenses personnelles. Si la famille s'engage à construire une maison d'un certain prix dans une période donnée, il importe de considérer les incidences des prélèvements sur le budget familial sur les autres aspects de la vie familiale, en particulier la somme d'argent attribuée à la femme pour le ménage. Si le prêt est remboursé aux dépens du budget domestique, les femmes risquent de devoir travailler encore plus qu'avant dans la maison, afin de compenser la perte de ressources et de faire des économies.

RECOMMANDATIONS

Il est capital que les responsables du projet fassent participer la communauté entière (c'est-à-dire les hommes et les femmes) aux discussions relatives aux aspects financiers de la construction des logements, de sorte que les problèmes puissent être repérés et que des solutions puissent être suggérées. L'un des moyens de réduire les problèmes de financement consiste à prévoir des délais souples pour la construction et à baisser les normes de construction.

Voici quelques recommandations spécifiques relatives au financement du logement:

Epargne et crédit

Pour les femmes, qui n'ont pas d'économies et qui sont vraisemblablement obligées d'engager de la main d'oeuvre spécialisée pour la construction de leur maison, l'accès aux fonds pour la construction d'un logement est particulièrement important. Pour s'assurer que les femmes chargées de famille puissent emprunter de l'argent en vue de financer les travaux de construction, il faudrait:

(i) créer une caisse de crédit du projet répondant aux aspirations des femmes chargées de famille, en particulier avec des taux d'intérêt bas, des procédures de demande simplifiées, du personnel féminin, etc.;

(ii) encourager la création de coopératives non-officielles d'épargne et de crédit parmi les femmes de l'établissement (qui pourront servir de modèle pour des initiatives communautaires ultérieures, comme par exemple des projets d'activités génératrices de revenu).

Les pertes financières pendant la construction

Le personnel de projet doit reconnaître qu'il se peut que certaines familles ne soient pas en mesure de subvenir à leurs propres besoins pendant la période de construction, parce que:

(i) elles sont obligées de payer un loyer autre part jusqu'à ce que la construction soit achevée;

(ii) elles ne gagnent pas d'argent pendant la construction de leur maison.

Le versement d'une indemnité pourrait résoudre dans l'immédiat le problème de la subsistance, mais entraînerait des engagements financiers à long terme qui viendraient s'ajouter aux charges de la femme. Il faudrait donc envisager d'autres mécanismes. Une méthode à suggérer consisterait à payer les femmes pour la construction de leur propre logement et celui des autres, comme cela a été pratiqué à Kirillapone, projet réalisé à Colombo, à Sri Lanka (Fernando).

Budget familial

Il ne faudrait pas que la construction de la maison mette en péril les autres aspects du bien-être de la famille, c'est-à-dire que la famille ne devrait pas économiser sur les autres besoins fondamentaux, tels que la nourriture, les vêtements, l'hygiène et la scolarité. Pour éviter que les femmes fassent des sacrifices dans le ménage au profit de la construction de leur maison, les responsables du projet pourraient:

(i) soit insister, en organisant des séances de gestion du budget familial à l'intention des hommes et des femmes, sur le fait que les sacrifices à faire doivent appartenir au domaine des loisirs personnels;

(ii) soit encourager la création, au sein de la communauté, de magasins subventionnés, de centres de santé et de garderies d'enfants où les services seront fournis gratuitement.

QUESTIONS

(a) Travaux pratiques

(1) Dans votre projet, comment est-ce que les familles financent la construction de leur maison?

(2) Identifiez les problèmes relatifs à l'accès au financement.

(3) Combien de femmes chargées de famille, comparé aux hommes chef de famille, ont dû abandonner le projet, à cause de problèmes financiers?

(b) Sujets de discussion

(1) Par quelles méthodes pourrait-on améliorer l'accès des femmes aux prêts pour la construction?

(2) Existe-t-il des moyens de planifier les dépenses familiales de telle sorte que de l'argent soit réservé au logement sans pour autant causer des sacrifices dans la partie du budget réservée aux besoins élémentaires tels que la nourriture et les vêtements?

CHAPITRE 7 : Les femmes et la construction

La vie des femmes est sérieusement affectée par la nature de leur maison, et donc elles ont le droit acquis de participer à la construction de leur maison et d'accélérer les travaux. Cependant, il y a deux obstacles à leur participation. Premièrement, les femmes, et en particulier celles qui sont chargées de famille, n'ont pas assez de temps, d'aptitudes techniques et de confiance pour contribuer à la construction de leur maison. Deuxièmement, dans certaines sociétés, les femmes ne sont pas autorisées à s'engager dans la construction parce que "ce n'est pas un travail de femme" et parce que les hommes ont peur de montrer que leur femme les aident. Parfois, si on voit leur femme travailler, les maris risquent de s'exposer à l'humiliation publique et à la dérision de leurs amis.

Les femmes en ouvrières en bâtiment

Néanmoins, même si elles ne prennent pas part aux travaux de construction proprement dit, les femmes participent au déroulement de la construction en jouant au rôle d'appui. L'inclusion de la femme dans la construction varie en fonction de la structure de sa famille, mais, dans l'ensemble, sa participation est rarement reconnue comme construction en tant que telle, que ce soit par les hommes ou par elles-mêmes.

Dans les familles dont le chef est un homme, les épouses ont tendance à se charger des corvées "secondaires": aller chercher de l'eau, mouiller les briques, mélanger le mortier, passer les outils, nettoyer les débris derrière les ouvriers et leur donner à manger et à boire. Ces travaux sont souvent considérés comme une simple extension de leurs tâches domestiques habituelles. Les femmes nient souvent qu'elles ont un rôle à jouer dans la construction de leur maison; elles se voient plutôt comme des aides. Les femmes participent beaucoup plus activement lorsqu'on engage des ouvriers, car elles doivent diriger les travaux en l'absence de leur mari.

Matériaux de construction

Dans certains quartiers pauvres, la responsabilité du choix et de l'achat des matériaux de construction retombe sur les fa milles. Le fait de faire le tour des magasins pour trouver de bons matériaux coûte du temps et de l'argent. Par ailleurs, étant donné que les colonies de squatters disposent de peu de routes d'accès conçues pour les véhicules, les frais de livraison sont élevés et par conséquent les coûts des matériaux sont augmentés.

Certains projets disposent de centres d'approvisionnement subventionnés au sein de l'établissement, dans le but de faciliter l'achat de matériaux pour les bénéficiaires. Si cette solution semble pratique, économique et raisonnable pour les habitants, elle risque en revanche de créer des problèmes en faisant concurrence aux petits commerçants, revendeurs locaux de matériaux de construction. Malgré tout, ces centres de vente de matériaux de construction sont souhaitables pour leurs avantages en matière de coût et de crédit, en particulier pour les femmes qui n'ont pas assez de temps pour chercher des matériaux de bonne qualité mais peu coûteux.

Les prêts pour l'acquisition de matériaux de construction sont souvent payés en nature pour s'assurer que les attributaires ne les utilisent pas à d'autres fins que la construction de leur maison. Ceci veut aussi dire qu'ils sont obligés d'acheter les matériaux du centre du projet, où le choix peut être limité. Toutefois, la possibilité de trouver à proximité des matériaux de qualité dont la livraison est facile peut résoudre beaucoup de problèmes pour les femmes.

Lorsque les femmes participent activement à la construction en auto-assistance, avec l'aide de leur famille, elles sont en mesure de gérer les travaux de construction. En fait, le travail dans le bâtiment n'est guère plus pénible que les travaux domestiques qu'elles sont obligées d'entreprendre quotidiennement dans les établissements où les infrastructures et les services sont insuffisants.

Si les autorités désirent modifier la répartition traditionnelle des rôles au sein de la communauté, faire participer les femmes aux travaux de construction est un bon moyen d'aboutir à ce résultat. En revanche, si les autorités veulent consolider les traditions locales, elles se rendront compte non seulement qu'elles renforcent les inégalités entre les sexes, mais encore qu'elles réduisent les chances de succès du projet.

Bien que les femmes participent couramment aux travaux de construction, leur contribution est rarement reconnue.

Formation

La formation des femmes aux techniques de construction est très importante, et ce pour deux raisons. D'abord, la plupart des femmes n'ont pas de qualifications, et la formation augmentera leurs chances d'obtenir un emploi. Ensuite, la formation technique peut créer un sentiment de confiance en soi et de solidarité parmi les femmes.

Il serait possible, par le biais de programmes de formation soigneusement conçus, de faire participer pleinement les hommes et les femmes, et d'améliorer les relations entre les sexes dans la vie communautaire, comme l'illustre l'étude de cas suivante, à Sri Lanka.

Sri Lanka

Le projet Kirillapone de Save the Children Federation (SAVE: Fédération des Etats Unis pour la sauvegarde des enfants) à Colombo était un programme de reclassement intégré, groupant divers aspects (santé, assainissement, logement et infrastructures physiques). Ce projet a reconnu non seulement le rôle des femmes en tant qu'épouses et mères, mais aussi leur besoin d'emploi et d'autonomie.

Lorsqu'on s'est aperçu que le revenu des femmes avait tendance à passer à la famille, SAVE a décidé de se concentrer sur les femmes, dans la plupart de ses initiatives d'emplois et d'activités rémunératrices.

De plus, la formation des femmes aux techniques de construction satisfaisait leurs besoins tant immédiats qu'à long terme. Cela apportait des améliorations aux conditions de logement de la région, et donnait aux femmes un emploi sur le marché du travail, qui manquait de main d'oeuvre dans le bâtiment. En outre, on a jugé qu'il était sage de faire participer les femmes à la construction pour adapter la conception des logements sociaux aux besoins de leurs principaux usagers.

Au début, les femmes étaient réticentes à se présenter à la première phase du pro gramme d'apprentissage en menuiserie, maçonnerie et pose des toitures. SAVE a entrepris une deuxième série d' entretiens spécialement à l'intention des femmes, et 58 femmes firent la demande pour huit postes de maçon. Au départ, les hommes hésitaient à travailler aux côtés des femmes sur les chantiers, mais ils se sont vite adaptés à la situation, et apprirent les nouvelles techniques ensemble.

Pendant les travaux de construction, un nombre croissant de femmes quittait les bidonvilles pour travailler au Moyen Orient, soit en qualité de servantes, soit comme ouvrières en bâtiment. La formation leur avait donné une plus grande confiance en leurs propres capacités. De nombreuses femmes qui

étaient jusque là restées chez elles ont trouvé du travail sur les chantiers de construction (Fernando).

RECOMMANDATIONS

Les planificateurs devraient stimuler la participation des femmes aux travaux de construction:

(1) en s'assurant que les femmes ont autant de chances d'accès aux programmes de formation technique que les hommes;

(2) en organisant les stages d'apprentissage technique à des heures qui conviennent aux femmes, en leur accordant quelque soutien financier et en prévoyant des garderies d'enfants convenables;

(3) en s'assurant que les animateurs sont capables de donner aux femmes confiance et assurance, au cas où elles devraient faire face à la résistance des hommes.

Du fait que les hommes jouent souvent un rôle important lorsqu'il s'agit de la participation de leur femme aux programmes d'apprentissage technique, des efforts doivent être faits pour convaincre les hommes de l'importance de la participation des femmes. Les planificateurs devraient encourager une attitude complaisante de la part des hommes, par le biais de discussions et d'ateliers.

Matériaux de construction

Les matériaux construction de peu coûteux et faciles à acquérir peuvent résoudre de nombreux problèmes. Par conséquent, l'établissement d'un centre de distribution de matériaux de construction, par les responsables du projet et au sein de la colonie, est fortement recommandé, à condition:

(1) que les matériaux ne coûtent pas plus, ou si possible moins, que ceux des autres vendeurs en ville;

(2) qu'un large assortiment de matériaux soit disponible;

(3) que le centre ne prive pas les autres petits commerçants locaux de leur source de revenu (en engageant les entreprises locales comme points de vente pour leurs marchandises);

(4) que le centre ne desserve que les bénéficiaires du projet;

(5) que les matériaux soient transportés aux parcelles gratuitement;

(6) que les gens soient autorisés à acheter une certaine quantité de matériaux à crédit, sans intérêts.

QUESTIONS

(a) Travaux pratiques

(1) Quels travaux, dans votre projet, sont-ils effectués par des ouvriers embauchés? Lesquels sont effectués par les familles elles-mêmes?

(2) Lorsque la construction est faite par les familles elles-mêmes, quels travaux sont-ils effectués par les hommes, et quels travaux sont-ils effectués par les femmes?

(b) Sujets de discussion

(1) Quels sont les problèmes que vous rencontrez dans votre projet, si vous voulez créer un centre de livraison de matériaux de construction?

(2) Pour quelles raisons pensez-vous qu'il existe une répartition de la main d'oeuvre en fonction des sexes, dans le domaine de la construction?

(3) Quels avantages une plus forte participation des femmes apporte-t-elle à la construction en auto-assistance?

CHAPITRE 8: La construction en auto-assistance et les entrepreneurs

En principe, on distingue trois méthodes fondamentales d'auto-assistance:

a) l'auto assistance individuelle (chaque famille travaille pour son propre compte);

b) l'auto assistance réciproque (construction par des équipes de familles);

c) la construction par un entrepreneur (construction par des ouvriers spécialisés, engagés et payés par une ou plusieurs familles). Dans la pratique, les logements sont construits d'habitude par une combinaison de ces trois méthodes. Par exemple, les familles engagent un maçon qui se charge de bâtir l'édifice de la maison, et eux-mêmes se chargent du reste des travaux.

Auto-assistance individuelle

La majorité des femmes chargées de famille ont des emplois temporaires dans le secteur non officiel. Bien qu'il leur soit facile de prendre un jour de congé, leur travail est si mal payé qu'il leur serait difficile de se priver de la paye d'une journée. Dans le but de gagner le maximum, les femmes qui travail lent dans le secteur non-officiel ont tendance à faire de plus longues heures que les ouvriers salariés, et en plus, elles ont leurs travaux domestiques. En conséquence, pour la femme chargée de famille, la construction en auto-assistance individuelle est souvent difficile à entreprendre; dans ces conditions, les délais imposés pour la construction ne font qu'agraver le problème de la construction en auto-assistance.

De plus, beaucoup de familles édifient des abris temporaires sur leur parcelle pendant qu'ils construisent leur maison, en vue de faire des économies d'argent sur le loyer et le transport. Par suite, non seulement les conditions de vie sont loin d'être confortables, mais les femmes sont obligées d'effectuer leurs tâches domestiques dans des conditions particulièrement pénibles, et donc disposent d'encore moins de temps pour la construction de leur maison.

Auto-assistance réciproque

L'auto-assistance réciproque réduit les coûts pour les familles individuelles, du fait que les matériaux de construction peuvent s'acheter en gros et les compétences être mises en commun. C'est ainsi que les familles réussissent à achever leur maison assez rapidement. Les groupes d'auto-assistance sont en général recrutés parmi les hommes, en partant du principe qu'il est plus facile de leur apprendre les techniques de construction. Ceci représente un gâchis considérable du potentiel de compétences techniques offert par les femmes.

Panama

Parmi les 105 femmes participant au pro jet de construction en auto-assistance pour les femmes du Panama (WSHCP), 91 ont reçu un apprentissage pour participer à la construction de 100 maisons à Curundu. Chaque stage durait deux mois, et les femmes se spécialisaient chacune dans un domaine, tel que la maçonnerie, la plomberie ou la menuiserie. Les femmes travaillaient en groupes de 8 à 10 sous la supervision d'un instructeur, d'un ingénieur, d'un plombier qualifié et d'un contremaître.

La construction fut achevée en 10 mois, soit seulement trois mois de plus que prévu. La plupart des femmes ont apprécié cette expérience, outre le fait qu'elles ont acquis une confiance en soi et qu'elles ont de plus fortes chances de trouver ultérieurement un emploi (Girling et al).

Cependant, le travail de groupe n'est pas nécessairement si harmonieux et, lorsque les hommes travaillent aux côtés des femmes, les risques de conflit semblent s'accroître. Dans un projet de relogement à Lusaka, où on avait organisé des groupes de construction par bloc de maisons, des problèmes ont surgi à cause des différences de contributions faites par les diverses familles et par les divers groupes. Malgré les problèmes de manque de temps disponible chez les femmes, il s'est avéré que c'étaient les hommes qui assistaient au plus grand nombre de réunions mais que c'étaient les femmes qui en réalité faisaient le plus gros du travail (Rakodi).

Nicaragua

En 1980, un an après l'installation du gouvernement révolutionnaire sandiniste de San Judas, un projet de développement communautaire, démarré dans une des plus vieilles colonies de squatters les plus densément peuplées de Managua, a pris un nouveau tournant. L'idée du Ministère était d'organiser des groupes mixtes pour la construction en auto-assistance.

Etant donné que les hommes avaient de l'expérience dans le domaine de la construction, quatre hommes ont été choisis pour diriger et former les groupes. Au début, pendant la phase de défrichement les membres des familles travaillaient collectivement. Les femmes étaient acceptées car le travail était semblable à ce qu'elles faisaient traditionellement dans les régions rurales.

Apprendre des techniques de construction permet aux femmes non seulement d'améliorer leurs conditions de logement, mais aussi d'améliorer leurs chances sur le marché de l'emploi.

Quant la construction des maisons a commencé, les hommes ont commencé à se plaindre que les équipes de travail ne fonctionnaient pas et qu'il y avait trop de femmes sur les chantiers. Ils ont suggéré que les femmes envoient des hommes pour les remplacer. Ceci a provoqué la colère des femmes, et la situation s'est complètement dégradée.

Sous la pression des hommes, le Ministère a dû établir de nouvelles directives. Les nouveaux règlements stipulaient que les femmes mariées étaient obligées d'envoyer leur mari au chantier et que les femmes célibataires devaient trouver un parent homme pour effectuer les travaux à leur place, autrement elles seraient expulsées du projet.

Cependant, de nombreuses femmes n'ayant pas d'autre choix que de travailler pour leur propre compte, elles ont refusé de signer le nouveau contrat. Les sanctions ne furent jamais appliquées, d'une part parce que la situation était dans une impasse - de solides arguments étant avancés par les femmes qui n'avaient pas réussi à trouver de remplaçants hommes et d'autre part, parce qu'avec le temps, les femmes ont pris confiance en elles-mêmes et ont participé plus activement à tous les travaux de construction (Vance).

Construction par un entrepreneur

Si la construction des maisons en auto-assistance réciproque n'est pas possible, les femmes font face à un problème particulier, du fait qu'elles ne possèdent pas de connaissances en techniques du bâtiment et qu'elles sont donc obligées d'engager de la main d'oeuvre spécialisée.

Nairobi

Dans le projet de trames d'accueil de Dandora, la majorité des femmes n'avaient pas suffisamment de temps pour construire leur maison; elles ne possédaient pas de connaissances en techniques du bâtiment, et n'avaient pas d'hommes dans la famille pour les aider. Par suite, la construction par un entrepreneur a été la principale forme de construction utilisée par les femmes, étant donné le niveau élevé des normes minimales établies par les autorités.

Les femmes aidaient les entrepreneurs dans les gros travaux de construction mais, malgré cela, elles devaient payer chèrement la main-d'oeuvre engagée. Plusieurs femmes ont été victimes de vol et de perte de matériaux. Une des femmes a été forcée, parce qu'on la truandait, d'engager successivement trois entrepreneurs. Le premier lui volait ses matériaux, le second installait les cadres des fenêtres sans les fixer avec du ciment pour pouvoir revenir les voler pendant la nuit (Nimpuno-Parente).

RECOMMANDATIONS

La construction en auto-assistance individuelle est une méthode lente et la construction par l'entrepreneur est coûteuse. Les planificateurs devraient par conséquent encourager la création de groupes d'auto-assistance réciproque dans les projets de trames d'accueil. Si l'on encourage la femme à participer en auto-assistance réciproque, elle sera en mesure d'apprendre des techniques de construction, ce qui lui permettra ultérieurement d'avoir de meilleures chances d'emploi.

Plusieurs problèmes se posent toutefois dans l'organisation des groupes d'auto-assistance réciproque, car il faut assurer la rapidité de la construction et l'harmonie entre les sexes. Dans certains cas, il semble opportun de créer des coopératives de construction réservées aux femmes, pour les raisons suivantes:

(1) former les femmes dans un groupe sans hommes peut être moins coûteux, du fait qu'il y a peu de risques de conflits susceptibles de freiner la construction;

(2) les femmes ne subissent pas l'hostilité des hommes, laquelle risque de porter préjudice à leur confiance en soi.

Dans d'autres cas, il serait peut-être souhaitable de mélanger les sexes, en particulier si les groupes de construction dans la communauté sont organisés par blocs. Les agents du projet pourraient tenir des sessions de prise de conscience à l'intention des hommes, pendant lesquelles ils parleraient de l'importance du rôle des femmes dans la construction. Cependant, il est important de souligner que ce processus prendra énormément de temps et que, par conséquent, l'option des groupes du même sexe peut être plus utile si les gens sont pressés d'avoir un logement.

QUESTIONS

(a) Travaux pratiques

(1) Dans votre projet, quelle est la méthode la plus fréquemment appliquée l'auto assistance individuelle, l'auto assistance réciproque ou la main d'oeuvre engagée?

(2) Votre projet a-t-il un programme de formation aux techniques du bâtiment? Est-ce que les femmes aussi bien que les hommes ont participé à des stages?

(3) Les femmes participent-elles à la construction? Si oui, quelles sont leurs tâches?

(b) Sujets de discussion

(1) Quels problèmes se présentent-ils dans les groupes d'auto-assistance réciproque?

(2) Si l'on veut faire participer les femmes à la construction des maisons, à quels problèmes doit-on faire face?

(3) Dans votre projet, vaut-il mieux enseigner des techniques de construction aux femmes sans les hommes, ou en groupes mixtes?

CHAPITRE 9: L'ENTRETIEN DU PROJET

La participation communautaire à l'entretien de l'infrastructure peut considérablement réduire les dépenses pendant la période de recouvrement des coûts. Pour atteindre ce but, la communauté doit apprendre à utiliser correctement l'infrastructure telle que les fontaines publiques et les fosses d'aisance, et à effectuer de petites réparations. De plus, les habitants devraient apprendre à entretenir et améliorer leur logement à peu de frais, car c'est une condition indispensable pour augmenter la valeur des parcelles et des maisons. On néglige trop souvent d'apprendre des techniques aux femmes, alors que ce sont souvent elles qui sont chargées d'effectuer l'entretien et les petites réparations.

Dans les communautés à faible revenu, ce sont surtout les femmes qui se chargent des travaux domestiques et il est de leur intérêt que leur établissement soit maintenu aussi propre et aussi habitable que possible, même face aux plus dures épreuves. La participation bien réelle des femmes à la gestion de la communauté dans les zones d'établissement spontanées prouve que l'entretien communautaire doit pouvoir se pratiquer aussi dans les projets officiels de logement, à condition que les autorités soient disposées à coopérer avec les femmes de cette communauté.

Mexico

Dans les communautés pauvres de Queretaro, les femmes jouent un rôle crucial dans la collecte et le traitement de l'eau pour la rendre potable. Comme il n'existe pas de systèmes d'égouts, elles ont construit des fosses d'aisance; ou bien elles sont obligées de faire leurs besoins en plein air, ainsi que leurs enfants, ce qui les oblige à accompagner ceux-ci à la périphérie de l'établissement, et à leur donner de l'eau pour se laver les mains ensuite. Autrement, des maladies telles que la poliomyélite pourraient se répandre facilement. Etant donné qu'il n'y a pas de système de ramassage des ordures, les femmes sont obligées de les porter dans de lourds sacs pour les jeter loin de chez elles, ou bien de les brûler dans un endroit isolé, afin de garder leur environnement immédiat aussi hygiénique et aussi présentable que possible.

Etant donné l'absence de routes, les femmes sont obligées de balayer et de niveler des sentiers rocailleux et envahis par la végétation. Aux endroits de l'établissement qui sont en pente, l'absence de pavés rend leur maison poussiéreuse, et allonge la durée de leur trajet.

Chargées des travaux domestiques, c'est dans leur propre intérêt que les femmes doivent entretenir l'infrastructure de l'établissement.

S'il n'y a pas de marché dans le voisinage, elles sont obligées de se rendre tous les jours en ville parce que, dans un climat chaud, les aliments ne peuvent pas garder leur fraîcheur sans réfrigération adéquate. Si les femmes ne prolongeaient pas leur journée de travail pour maintenir un certain niveau de vie pour leur famille et leur communauté, le bien-être de beaucoup de familles pauvres en souffrirait sévèrement t Chant, 1984).

Des problèmes surgissent lorsque les femmes font face à une nouvelle technologie qu'elles ne comprennent pas parce qu'on ne la leur a pas enseignée. Il est surprenant, étant donné le rôle essentiel que jouent les femmes dans l'hygiène et le confort de leur communauté, de constater à quel point on néglige de leur apprendre les nouvelles technologies. Une mauvaise conception des équipements et l'absence de discussions convenables avec la communauté en ce qui concerne le mode d'emploi d'une nouvelle infrastructure a souvent pour résultat des pannes fréquentes, comme le montre le cas de pompes à eau conçues pour les hommes.

Si l'on fait participer les femmes activement à la phase de planification, de prise de décisions, de formation et de construction d'un projet de logement, il y a de fortes chances qu'elles assument aussi la responsabilité de l'entretien de l'établissement.

Sri Lanka

Dans le projet de reclassement Kirillapone à Colombo, on a reconnu que si les femmes bénéficiaient de la formation technique et si elles participaient à la construction des maisons aussi bien que des services communautaires, se charger de l'entretien leur paraîtrait logique et naturel. Traditionnellement, la femme a toujours été considérée responsable du nettoyage de la maison et de ses environs. En revanche, l'entretien du parc immobilier ainsi que de l'environnement physique est considéré comme une tâche appartenant au quartier ou à la communauté.

A Kirillapone, l'entretien était assuré régulièrement par le biais des shramadana ou main d'oeuvre volontaire. Les volontaires étaient invariablement des femmes, et, récemment des jeunes garçons et filles. Si les femmes n'avaient pas participé à la construction des maisons, des canaux de drainage et des sanitaires, elles auraient quand même participé à l'entretien du parc immobilier. L'enthousiasme des jeunes membres de la famille pour ce qui est nettement une activité communautaire montre qu'elles ont pris conscience de leur propre investissement dans la communauté (Fernando).

RECOMMANDATIONS

Les femmes devraient être inclues dans l'entretien des services et de l'infrastructure introduits par les responsables de projet pour trois raisons principales:

1) le projet atteindra de bons résultats, et il y aura peu de chances que l'établissement se détériore et devienne un taudis;

2) les coûts de rénovation et de réparation seront diminués si la communauté fait un bon usage de l'infrastructure;

3) si les femmes savent faire les petites réparations concernant leur logement et les infrastructures, cette indépendance leur évitera les délais de réparation des services et de longues périodes de privation de services fondamentaux tels que l'eau et l'électricité.

Par conséquent, les responsables de projet devraient axer la question de l'entretien sur les principaux usagers à savoir les femmes. Ce qu'ils peuvent faire:

(1) reconnaître que les femmes jouent un rôle crucial dans la gestion de leur communauté, en matière de logement et de services;

(2) étudier les travaux entrepris par les femmes pour mettre en place des services, en évaluant les difficultés rencontrées;

(3) consulter les femmes au sujet de la conception de nouvelles technologies;

(4) faire participer les femmes à la construction des maisons et à l'installation des services et des infrastructures;

(5) organiser des ateliers pour apprendre aux usagers principaux - les femmes - à utiliser les services (dans la maison ou à l'extérieur);

(6) organiser des groupes de voisinage pour surveiller le fonctionnement des services, et des réunions mensuelles pour parler des problèmes d'entretien et des méthodes pour les résoudre;

(7) organiser des "ateliers de réparation" où on peut discuter des problèmes techniques courants, et où on peut apprendre aux femmes à effectuer différents petits travaux de réparation.

QUESTIONS

(a) Travaux pratiques

(1) Où, quand et avec qui la question de l'utilisation et de l'entretien a-t-elle été discutée lorsque les services ont été mis en place?

(2) Quel est le groupe cible pour les discussions relatives à l'entretien?

(3) Apprend-on aux bénéficiaires du projet comment faire les réparations? Si oui, l'apprend-t-on aux hommes ou aux femmes?

(b) Sujets de discussion

(1) Quels sont les bénéfices à attendre de discussions avec les bénéficiaires à propos de l'emploi et de l'entretien?

(2) Devrait-on apprendre aux hommes et aux femmes à effectuer les réparations nécessaires à l'entretien des services communautaires et des logements?

(3) Serait-il plus utile d'apprendre les techniques aux femmes dans des groupes composés de femmes uniquement ou dans des groupes mixtes?

(4) Décrivez les problèmes associés à la collecte des paiements dans votre communauté.

CHAPITRE 10: Le recouvrement des coûts

Le recouvrement des coûts est l'un des aspects les plus délicats des projets de logements sociaux. Le remboursement des prêts pour le terrain, l'infrastructure et les services engagent les bénéficiaires à payer pendant plusieurs années. Les prêts doivent en général être remboursés sur une période de 10 à 30 ans, à des taux d'intérêt légèrement moins élevés que la moyenne nationale, et qui sont fonction de la durée de la période de remboursement.

Trois aspects du recouvrement des coûts affectent les femmes en particulier: la capacité de paiement, la volonté de paiement des femmes et de leur mari, et le système de collecte des paiements.

Capacité de paiement

Les femmes chargées de famille sont dans une position désavantageuse si les responsables du projet calculent, pour la communauté entière, des remboursements qu'ils jugent "raisonnables" en se basant sur les revenus moyens de la famille. Dans les projets de logements sociaux, les femmes travaillent généralement dans le secteur non-officiel et donc ne sont pas toujours en mesure de payer des mensualités fixes. Si les autorités ne sont pas bien informées des caractéristiques économiques des sous-groupes au sein du groupe-cible, les redevances risquent de pénaliser les plus démunis d'entre eux.

Jamaïque

Une étude auprès de 9 702 bénéficiaires (3 680 femmes) d'un crédit-logement du National Housing Trust (NHT) a mis en lumière les difficultés auxquelles les femmes faisaient face pour rembourser les prêts. Au bout de deux à trois mois, les bénéficiaires avaient déjà des arriérés de non-paiement.

Les principaux problèmes étaient le chômage, l'insuffisance des revenus et le poids des dépenses d'ordre domestique de première nécessité. Et il ne restait plus grand-chose pour rembourser les prêts. Bien que, en moyenne, les femmes gagnent beaucoup moins que les hommes, on a constaté qu'un plus grand pourcentage d'hommes avait des arriérés. Par ailleurs, il apparaissait que les femmes faisaient preuve d'un sens des responsabilités plus poussé que les hommes en ce qui concerne le règlement de leurs dettes. Même si elles n'étaient pas en mesure de payer, elles se rendaient personnellement au bureau de paiement pour expliquer leurs problèmes aux responsables.

Dans certains cas, les femmes de familles ayant un homme à leur tête versaient personnellement les redevances afin d'assurer le logement pour leurs enfants et pour elles-mêmes. Ce phénomène se rencontrait surtout dans les mariages de droit coutumier, où les femmes bénéficiaient de peu de sécurité (Conseil du peuple).

Volonté de paiement

La volonté de paiement est un aspect vital pour le succès du recouvrement des coûts, et l'expérience montre que les femmes sont plus dignes de confiance que les hommes. Elles sont plus ouvertes envers le personnel du projet et mieux disposées à expliquer les raisons de leurs dettes. Ceci est certainement dû au fait que les femmes ressentent une responsabilité fondamentale à l'égard de ceux qui dépendent d'elles. Les hommes, en revanche, du fait de leur plus grande mobilité personnelle et du plus grand réseau de contacts qu'ils possèdent à l'extérieur de l'établissement, attachent moins d'importance à l'entretien de leur domicile conjugal et, en conséquence, considèrent le problème du remboursement avec moins de sérieux.

Collecte des paiements

Il y a essentiellement deux méthodes pour collecter les remboursements: soit que chaque famille individuelle paye directement aux autorités, soit que les paiements soient collectés auprès de la communauté, puis remis aux instances officielles. Ni l'une ni l'autre de ces méthodes n'est bien adaptée pour les femmes. Il y a de fortes chances que les femmes chargées de famille ne disposent pas du temps nécessaire pour aller payer régulièrement au bureau du projet; et pourtant la collecte des paiements auprès de la communauté n'est pas idéale non plus. Une énorme pression sociale vient souvent peser sur les familles qui ne sont pas en mesure d'effectuer le paiement du montant convenu au moment voulu, et les femmes chargées de famille risquent de souffrir de l'embarras de manquer à leurs engagements sous les yeux de leurs voisins, en particulier lorsque les responsables de la collecte des paiements sont des hommes.

RECOMMANDATIONS

Capacité de paiement

Afin de s'assurer que les femmes chargées de famille ne souffrent pas excessivement du poids du recouvrement des coûts, les responsables du projet devraient:

(a) effectuer une étude détaillée de la situation économique des participantes au projet avant de calculer les termes du remboursement, et lorsque c'est possible, prolonger le délai de recouvrement des coûts;

(b) établir des termes de remboursement souples, adaptés aux caractéristiques spécifiques des divers sous-groupes au sein de la communauté. En effet, du fait que les femmes sont surtout employées dans le secteur non officiel, leur revenu est vraisemblablement plus irrégulier que celui des ouvriers, et il ne faudrait pas qu'on s'attende à ce que les femmes paient des mensualités fixes.

Etant donné que les femmes gagnent en général moins que les hommes, celles-ci nécessitent certainement une plus longue période de remboursement. En revanche, les femmes sont souvent plus dignes de confiance que les hommes lorsqu'il s'agit du remboursement des prêts. Par conséquent, tout problème d'ordre administratif éventuellement soulevé par le prolongement du délai de recouvrement pourrait être compensé par le fait que la femme prend généralement la responsabilité d'expliquer ses problèmes aux autorités compétentes et qu'elle fait tout son possible pour effectuer ses paiements au moment voulu.

On ?devrait peut-être exercer quelque discrimination en faveur des femmes en leur accordant des subventions croisées pour leurs termes de remboursement, à partir des remboursements standard appliqués pour les hommes chefs de familles. D'autres techniques pour aider les femmes sont indiquées ci-après:

Amortissement négatif

Sous ce régime, un taux d'intérêt commercial est appliqué aux soldes des prêts, mais, au début du recouvrement des coûts, on peut faire payer aux femmes un taux d'intérêt inférieur. Ce taux d'intérêt s'accroît par exemple de 1% par an jusqu'au moment où il rattrape le taux d'intérêt commercial. En d'autres termes, les femmes doivent rembourser leur prêt sur une longue période mais elles ne souffrent pas, au moins au début, de la pression du taux d'intérêt commercial. Cette méthode a été proposée pour le projet de construction en auto-assistance par les femmes au Panama (WSHCP) (Girling et al).

Cette méthode est basée sur le principe que le revenu s'accroît avec le temps. Toutefois, pour de nombreuses femmes travaillant dans le secteur non officiel, leur revenu n'augmente jamais, et elles auront des difficultés à payer les taux d'intérêt commerciaux pendant toute la période de recouvrement des coûts.

Délai de grâce

Le délai de grâce est une période de non paiement, qui permet aux bénéficiaires de consolider leur logement ainsi que de créer des activités génératrices de revenu dans leur maison même, en construisant par exemple des chambres à louer ou en aménageant de petits ateliers à des fins commerciales. Cependant, les bénéficiaires rencontrent malgré tout des difficultés dès qu'ils commencent à effectuer leurs remboursements.

Création d'emplois

La création d'emplois à l'intention des femmes pourrait être directement liée à la question du remboursement. Ainsi, un pourcentage des bénéfices mensuels moyens d'une coopérative de boulangerie locale pourrait servir de remboursement pour les femmes bénéficiaires employées par cette entreprise.

Epargne

On devrait stimuler la mise en place d'associations non officielles d'épargne au sein de la communauté, afin que les femmes aient un fonds qu'elles seraient en mesure d'utiliser lorsqu'elles se trouvent dans des situations économiques particulièrement pénibles.

Volonté de paiement

Le problème de la volonté de paiement doit être combattu sur deux fronts: d'abord, les hommes doivent être convaincus de leur responsabilité à l'égard du bien-être de leur femme et de leurs enfants, et on doit insister sur le rôle crucial qu'ils jouent dans le remboursement des emprunts pour le logement. Si l'homme chef de famille manque à ses engagements sans raison apparente, on devrait plutôt exercer une pression sur l'homme lui même que sur ses dépendants, car c'est en général lui qui se charge du contrôle du budget. Ensuite, le projet devrait inclure les femmes dans les activités de planification du projet, pour que celui-ci puisse satisfaire aux besoins et aux priorités de ses principaux usagers.

Collecte des paiements

Pour les femmes, les méthodes actuelles de collecte des paiements s'avèrent non seule ment insatisfaisantes mais encore inefficaces. Les remboursements individuels prennent trop de temps aux bénéficiaires et sont trop difficiles à gérer pour le personnel du projet. Le paiement par la communauté entière peut être embarrassant pour les femmes chargées de famille, en particulier si ce sont des hommes qui effectuent la collecte.

Pour éviter ces problèmes, on pourrait peut être faire effectuer la collecte par un certain nombre de femmes bénéficiaires, que l'on paierait pour cela. Il y a des chances qu'elles soient sensibles aux augmentations du coût de la vie, qu'elles comprennent qu'il est difficile de gérer un petit budget et qu'elles compatissent aux problèmes qui se posent particulièrement aux femmes chargées de famille. De plus, ce système contribuerait à confier aux femmes des tâches pour lesquelles elles seraient rémunérées.

QUESTIONS

(a) Travaux pratiques

(1) Quel est le pourcentage d'arriérés par rapport au nombre de bénéficiaires de votre projet? Combien d'hommes chargés de famille? Combien de femmes chargées de famille?

(2) Quels sont les membres de la famille qui essaient vraiment d'effectuer les remboursements des prêts?

(b) Sujets de discussion

(1) Comment pourrait-on adapter les termes de remboursement pour empêcher que les familles les plus pauvres de la communauté accumulent des arriérés?

(2) Quelles sont les possibilités de lier les investissements de capitaux avec le recouvrement des coûts dans les projets de création d'activités rémunératrices pour les femmes?

(3) Comment peut-on changer le système actuel de collecte des paiements pour qu'il convienne mieux aux familles intéressées?

(4) Décrivez les problèmes associés à la collecte des paiements dans votre communauté.

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Module de formation

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Horizon Local 1997
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