Par KABORE Anne
Date de la fiche : 1997/03/21.
En 1985, le Collectif Régional Tiers Monde de Provence-Alpes-Côte d'Azur (PACA) a rédigé un texte présentant les grands principes à suivre en matière d'éducation au développement. Nous reprenons ici, les têtes de chapitres de ce texte et des extraits qui nous paraissent les plus pertinents.
L'éducation au développement part des représentations mentales des élèves et de leur solidarité.
"Avant d'enseigner l'anglais à John, il faut connaître John". "Avant de parler du Tiers Monde aux élèves à quelque niveau qu'ils appartiennent, il est indispensable de connaître les élèves, non seulement dans leur milieu et leur vécu quotidien, mais aussi dans leur perception du Tiers Monde" (perception totalement influencée par le traitement qu'en font les médias).
De même, à faire l'économie d'une connaissance des solidarités vécues au quotidien par les élèves, "on risque de plaquer des recettes qui satisfont la bonne conscience mais n'éduquent pas".
L'éducation au développement est une tâche de longue durée qui se prépare et se prolonge.
"(Elle) n'est pas une opération ponctuelle". (Même si on prévoit des temps forts : vidéo, débat, collecte...). "Elle est de l'ordre de la durée et se définit en termes d'objectifs à atteindre et de projet éducatif à vivre".
Il ne s'agit pas d'une discipline supplémentaire, mais d'une réalité qui transparaît dans tous les contenus d'enseignement.
L'éducation au développement n'est pas seulement du ressort de spécialistes extérieurs. L'histoire, la géographie, l'économie, l'art, la littérature...toutes ces disciplines abordent d'elles mêmes le sujet du Tiers Monde. "Le Tiers Monde, loin d'être étranger à l'enseignement, est une réalité inscrite au programme des disciplines enseignées. Il n'est donc pas besoin d'en "rajouter" : il suffit de ne pas esquiver la réalité". "Toute opération directement liée à l'éducation au développement doit s'appuyer sur les contenus de l'enseignement".
L'éducation au développement suppose une pédagogie appropriée.
Trois axes sont à privilégier :
- une pédagogie active,
- une pédagogie ouverte et plurielle,
"Les problèmes de développement sont complexes. Tout simplisme est de l'ordre de la caricature. Tout ce qui ramène à identifier le Tiers Monde à un seul type d'action (souvent la quête...), à un modèle d'analyse, ou à un organisme, est une mutilation".
- une pédagogie de conformité entre la pratique et le discours.
L'éducateur doit donner à ses élèves la "possibilité d'être acteurs de leur propre développement et de leurs propres découvertes. Plus qu'en tout autre domaine il y a là une exigence de vérité.".
L'éducation au développement peut prendre les formes les plus variées.
De la maternelle à la terminale, les exemples de moyens ne manquent pas (certains types d'action sont évoqués).
L'éducation au développement n'a pas pour but la satisfaction de la bonne conscience.
Au manque d'analyse de la réalité, on a trop longtemps suppléé par les appels à la générosité et à la charité, or trente ans d'aide ont montré les limites de cette approche.
- La cible là-bas (exemple les enfants malheureux, la famine dans une région...). Ce qui est visé est trop sectoriel et trop "catastrophiste" pour qu'il s'agisse de développement, le Tiers Monde n'étant pas seulement peuplé d'enfants malheureux ou d'affamés.
- La cible ici. "On s'adresse en général à une catégorie particulière (croyants, militants, enfants...) comme si les problèmes de développement n'étaient pas des problèmes de la société toute entière".
- L'action. "Faire quelque chose pour le Tiers Monde se réduit à la quête sous tous les prétextes possibles. Or ce sont des organismes mendiants qui font du Tiers Monde un mendiant universel".
- La réflexion. "Plutôt que de s'interroger sur les causes politiques ou économiques, on préfère intervenir sur des conséquences (la faim, la misère...) pour ne pas avoir à trop réfléchir et se remettre en question. Comme toute réalité, l'éducation au développement a donc ses caricatures...". "Ouvrir son porte monnaie et fermer les yeux : ce n'est pas de l'EAD".
Toute action éducative doit s'appuyer sur quelques principes fondamentaux concernant le Tiers Monde.
Plusieurs fois, la complexité des problèmes de développement a été évoquée. Quel fil conducteur faut-il tenir pour qu'il y ait éducation ? Toute intervention en milieu scolaire devrait s'appuyer sur ces trois principes :
- La notion de "mal-développement".
"Il n'y a pas un "bon développement" ici et un "mauvais développement" là-bas. Comprendre que le chômage, la violence, l'exploitation, le gaspillage, la faim, les conflits armés, etc...tout cela n'est que le visage multiforme d'un mal-développement mondial".
- Le Tiers Monde est actif et vivant.
"Parler des Tiers Mondes serait plus pertinent"...A travers des conditions sociales ou géographiques inégales, des hommes et des femmes s'organisent, se prennent en charge, vivent...". Quand cessera-t-on de montrer que le visage misérable du Tiers Monde ? ".
- Le Tiers Monde est ici.
"Nos vêtements, notre café et nos fruits exotiques, notre pétrole et notre main d'oeuvre immigrée...tout cela montre combien les économies et les problèmes sont imbriqués, et qu'il n'est pas nécessaire d'aller chercher loin les causes de ce déséquilibre qui crée le Tiers Monde...".
"A chaque intervenant ou enseignant d'avoir toujours présentes à l'esprit ces trois pistes essentielles. Toute action éducative qui ne comporterait pas l'ensemble de ces principes de base risquerait de donner du Tiers Monde une vision erronée".
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Mots-clés : ANALYSE; MILIEU SCOLAIRE; GUIDE; PEDAGOGIE; EDUCATION; DEVELOPPEMENT.
Dossier
"Pour une terre d'avenir"
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