AMIMAYA : Une rencontre d'enfants du Nord et du Sud

Par DAGNINO Nicole
Date de la fiche : 1997/01/30.

AMIMAYA est l'histoire d'une rencontre Nord/Sud entre enfants âgés de 8 à 12 ans pour les uns, élèves de l'école de Chambles (France) et pour les autres, enfants mayas du camp de déplacés de Las Violetas (Guatemala).

Cette histoire, résultat d'un partenariat local élargi, a commencé en 1991 et se poursuit toujours.

Il était une fois.

La préparation du voyage et la découverte.

En 1991, devant un public de parents et d'enfants de l'école primaire de Chambles, un reporter présente un diaporama réalisé au Guatemala. Les écoles y découvrent le lotissement de déplacés internes à Las Violetas qui abrite 200 FFamilles indigènes du Triangle Ixil, réfugiées dans leur propre pays, chassées de leurs terres par la "sale guerre" qui oppose depuis plus de 10 ans, armée et guérilla. Le programme de santé et d'éducation mené par Enfants Réfugiés du Monde depuis 1987 auprès des enfants de la communauté y est décrit.

Parce qu'ils ont reçu avec émotion ces images d'un monde si différent du leur, ils décident d'envoyer eux-aussi leurs images. Au fil des mois, on se raconte, on décrit son quotidien, ses joies, ses peines.

Puis ils expriment le besoin d'aller plus loin dans la découverte de l'autre, d'où l'idée d'organiser une rencontre à Las Violetas.

La préparation de la rencontre a été mise sous le signe du jeu grâce à un animateur, véritable médiateur culturel qui, d'un côté comme de l'autre, a préparé avec les enfants des activités à partager ensemble, plus tard.

C'est donc par le jeu que s'est tissé l'échange, il restera le fil conducteur du projet.

15 écoliers français, leur instituteur, deux parents d'élèves et des éducateurs d'ERM, sont ainsi partis en Juin 1993 à la rencontre de leurs correspondants.

La première semaine, les enfants ont dû accomplir des épreuves, par équipe, afin de recueillir des bons de voyage leur permettant de partir à la découverte du Guatémala, à bord de la "Camioneta", un vieux bus scolaire prêté par les autorités guatémaltèques. Les équipes parcourent le village pour répondre à des questions sur la santé, l'alimentation, l'artisanat, les traditions des Ixils.

Et puis ils sont partis tous ensemble sur les routes du Guatemala, ont découvert la misère à la ville, mais aussi d'autres projets de solidarité.

Après 20 jours de vie commune, ils se sont séparés entre rire et larmes.

Une histoire qui continue : Les retombées de la rencontre.

Au retour à Chambles comme à Las Violetas sont nées des associations où se sont engagés les instituteurs et les enfants : l'association AMIMAYA en France créée en Janvier 1994, avec un CA composé d'un tiers d'enfants et de deux tiers d'adultes; l'association AMICH créée à Las Violetas en 1995 (instituteurs, parents, représentants du comité de village).

Des séjours des membres des associations chez leur partenaire ont eu lieu : séjour d'un mois en France de 3 membres de l'association AMICH (1 instituteur, 1 animateur, l'éducatrice pour jeunes enfants), visites de membres de l'association AMICH au Guatemala (Février à Décembre 1996).

Les échanges de correspondance entre les enfants se poursuivent. Un échange entre les élèves de maternelle (école de Chambles) et du jardin d'enfants (Las Violetas) est en cours de réalisation.

Un film de 52 minutes AMIMAYA dont le commentaire est dit par Brigitte FOSSEY, raconte la rencontre des petits Chamblous avec leurs correspondants. La réalisation du film faisait partie du projet et a eu un fort impact quant à la mission d'information et de sensibilisation de l'action. ; il a été projeté en salle et en milieu scolaire dans le cadre d'activités de sensibilisation et multidiffusé à la télévision. D'autre part au montage audiovisuel, "L'Homme déraciné" présentant le travail d'ERM en Amérique centrale, a intégré des images et souvenirs de cette rencontre (projection dans le cadre des tournées "Voyage Aventure").

Un soutien matériel est apporté aux enfants et aux jeunes de Las Violetas dans le domaine de l'éducation formelle et informelle : matériel scolaire, bourses scolaires pour les élèves de l'école secondaire, construction de deux salles de classes à Las Violetas financées par l'association AMIMAYA/Solidarité Laïque/ERM.

Le bilan confronté aux objectifs.

Cette expérience avait plusieurs objectifs.

- Avant la rencontre : découvrir une situation, celle d'enfants indigènes victimes de la violence; et un pays à travers les photos, les courriers, les dessins.

- En préparation de la rencontre : initier à l'espagnol, présenter l'histoire et la géographie des deux pays (diaporama, activités manuelles...).

- Pendant la rencontre : permettre aux enfants français de concrétiser par le contact physique la somme de connaissances acquises dans la période précédente à travers les mots et les images. Pour les enfants guatémaltèques : appréhender un autre type de rapport avec l'étranger, hors du racisme et de la négation des indigènes, et montrer les trésors que recèle leur propre pays, grâce à un voyage réalisé en commun.

- A l'issue de la rencontre : développer des actions de solidarité active d'enfants à enfants, et de communauté à communauté.

L'évaluation des résultats.

Des questionnaires ont été adressés aux enfants par l'instituteur en 1994, 95, 96.

Des 15 enfants ayant participé au voyage, 11 poursuivent les échanges de courrier avec leurs correspondants. Deux ont intégré le Conseil d'Administration de l'association AMIMAYA.

La plupart d'entre eux se réunissent une fois par trimestre pour faire le bilan de leurs activités.

Les réponses aux questionnaires révèlent :

- un impact durable de cette expérience au plan émotionnel (discours chargé d'affectivité).

- une volonté d'apporter une aide concrète.

- un désir de faire connaître cette expérience.

- le souhait (qui n'est pas partagé par tous) de faire venir en France des enfants Mayas.

Nature des difficultés rencontrées :

- Perte de temps pour la recherche de financements (crédits insuffisants voire quasi-inexistants pour ce type de projet.).

- Absence de formation des animateurs à l'interculturel.

- Difficultés pour les enfants de concilier leur engagement associatif et leurs activités scolaires.

- Difficulté à évaluer l'impact en termes d'éducation au développement et de sensibilisation.

Facteurs de réussite.

- La rencontre s'inscrit dans le prolongement d'un échange poursuivi pendant près de deux ans : c'est la durée qui lui confère de la profondeur.

- Mise en place d'un animateur-relais sur le terrain, irremplaçable pour tout le travail de médiation culturelle entre le groupe français et guatémaltèque.

- Poser clairement les objectifs dès le début en faisant émerger les attentes des enfants, des animateurs, des familles; rechercher la collaboration de personnes ressources et travailler autant que possible en réseau.

Le coût global de l'opération s'est élevé à 160.000 FF dont 115.000 FFde frais de transports financés par la mairie de Chambles, la Région de Loire au titre de la coopération décentralisée, le CCAS, le BICE, les Parents et un collectif de commerçant et industriels de la région de Chambles.

Organisme : ENFANTS REFUGIES DU MONDE.
Adresse : Cap Gaillard, 34 rue G.Lauriau, 93512 Montreuil Cedex, FRANCE. Tél. 01 48 59 60 29. Fax. 01 48 59 64 88
Mots-clés : RENCONTRE DES CULTURES; VOYAGE; REFUGIE.
LOCALISATION : CHAMBLES; RHONE ALPES.
Public : ELEMENTAIRE.

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Horizon Local 1997
http://www.globenet.org/horizon-local/