Par IUNG Jérome
Date de la fiche : 1997/03/01.
Sensibiliser des jeunes de tout horizon à la solidarité internationale.
A l'origine de Planisfête, manifestation organisée par le CCFD et les Pastorales Jeunes de Lorraine, on trouve surtout la volonté de promouvoir, dans une ambiance de fête, l'intérêt de la jeunesse pour les questions internationales. Les pastorales de jeunes étaient surtout sensibles à l'idée d'un projet fédérateur de mouvements et de jeunes de diverses tendances ainsi qu'à la préparation de ces jeunes aux Journées Mondiales de la Jeunesse : fête, accueil de l'étranger...
Six objectifs étaient visés par ce carrefour :
- réconcilier l'opinion publique à la solidarité internationale,
- donner des clés de compréhension du monde actuel,
- favoriser un échange d'approches sur la solidarité internationale dans et hors de l'Eglise,
- favoriser des liens entre cultures différentes,
- susciter l'Espérance,
- préparer les JMJ.
Il en résulta l'idée d'une manifestation très ouverte rassemblant des communautés étrangères, des projets jeunes d'action internationale et des associations de solidarité. Un réseau Planisfête a ainsi été créé, rassemblant le CCFD, le Centre Information Jeunesse de Lorraine, le Centre Interculturel de Bevoye, le CLID, le Centre Tiers Monde de Thionville, la FOL, les Pastorales Jeunes des diocèses lorrains, les Pastorales de Migrants de Lorraine.
Cette manifestation est le fait d'une coordination de plusieurs réseaux, certes à dominante catholique, mais explicitement ouverte à d'autres tendances. Le pari de faire se rencontrer des jeunes de tout horizon fut tenu et même si cela n'a pas toujours été simple à faire comprendre, cette manifestation a su se situer partiellement dans la perspective des JMJ, sans mettre mal à l'aise ceux qui venaient pour des raisons très différentes et notamment les personnes invitées par des réseaux non confessionnels.
On pourrait définir Planisfête comme une manifestation à portes multiples où chacun pouvait trouver ce qu'il désirait sans imposer ses préférences aux autres. Certains ont pu parler de joyeuse cacophonie, de souk ou de capharnaüm.
La fête comme espace de rencontre proposant des activités "à la carte".
La phase publique de Planisfête a commencé avec le lancement d'une sphère, bleue comme la terre et décorée du logos Planisfête, annonciatrice de la manifestation et qui a fait le tour de la Lorraine un mois et demi avant la manifestation. Elle a été accueillie localement par les équipes du CCFD, et les mouvements ou associations intéressées. Accompagnée d'une exposition de dessins de Plantu, elle a fréquenté des lieux aussi divers que les supermarchés, lycées ou places publiques.
Et le 14 décembre à Nancy de 14 heures à 20 heures ce fut dans un même hall une gigantesque fête. On a vu 40 initiatives jeunes d'action internationale sous forme de stands, un espace JMJ, 15 communautés étrangères présentant leur culture sous forme culinaire, artistique ou artisanale; 15 présentations d'associations "adultes"; des groupes musicaux et de théâtres évoquant les cultures du monde ou les valeurs universelles ; des jeux, des coins conviviaux, un mur de la parole, une buvette...Ont aussi été organisées des conférences avec des intervenants du BIT et de Paysans Sans Frontières ainsi que des forums sur l'interculturalité et l'utilité des voyages humanitaires.
Le soir un concert où se sont succédés rap, musique afro antillaise et folk lorrain a drainé plus de mille jeunes.
Une fête plutôt réussie, vecteur de dynamiques.
Un travail d'évaluation s'est étendu sur trois mois. Il s'est fait à deux niveaux :
- un recueil de témoignage et des réponses à des questionnaires pour savoir si les six objectifs annoncés de la manifestation étaient atteints,
- une évaluation interne au CCFD.
On peut dire que malgré l'implication d'un collectif disparate et pas toujours très bien structuré, des résultats tout de même tangibles ont pu être atteints.
On peut estimer qu'entre 2.500 et 3.000 personnes sont venues à Planisfête. 1.500 repas "riz sauce du monde" au prix de 15 francs ont été servis. Plus de 1.000 places au concert "black and folk" du soir ont été vendues.
Planisfête a donné lieu à un rassemblement inter-génération, interculturel, inter-associatif et inter-social. A titre d'exemple, étaient présents des jeunes de la banlieue de Metz, des jeunes ruraux de la Meuse en passant par les Scouts ou les Malgaches de Nancy.
Un bon relais médiatique local a pu se faire ainsi qu'une mise en relation d'associations locales. De plus, cela a favorisé un accès plus large des OSI dans les écoles à l'occasion des JECD.
Les jeunes ont trouvé soutien et réconfort dans ce qu'ils entreprennent. Certains programmes de mouvements de jeunes ont été infléchis pour prendre en compte une dimension internationale.
Un large public a donc été sensibilisé aux questions internationales par des moyens variés; mais il est difficile d'évaluer précisément l'impact de l'action. La formule où chacun pouvait faire son programme à la carte semble avoir bien marché.
Une part des difficultés rencontrées tient à la nouveauté du projet :
- le travail en réseau n'est pas encore bien rentré dans les habitudes.
- les incertitudes liées à la nouveauté découragent naturellement les soutiens.
- l'affirmation selon laquelle le festif, le concret et le ponctuel attirent plus facilement les jeunes s'est un peu confirmée même s'il faut rester prudent quant aux jeunes auxquels on pense. Plusieurs jeunes responsables de mouvements par exemple se sont interrogés sur l'aspect éphémère de ce qui a été vécu et notamment sur le succès de la musique aux dépens de la réflexion. Passé l'émotion, que reste-t-il notamment chez les plus jeunes ?
L'objectif de l'éducation au développement "donner les clefs de la compréhension du monde d'aujourd'hui", que se donnait Planisfête a-t-il été atteint alors que beaucoup de jeunes ont surfé sur les stands et les conférences ? Cela pose un débat de fond sur ce qu'est l'éducation au développement : une salle de classe ? Le vivre n'est-il pas aussi une façon d'apprendre, dans sa chair ? Le travail en réseaux, en collectifs est-il vecteur de neutralité et donc de gratuité ? Une réforme de la culture associative peut-elle aboutir à aérer les structures déjà existantes pour que le sentiment de la chape de plomb ne dissuade pas les jeunes à partir à leur assaut ? Les associations existantes font elles le bon calcul en cherchant à tout prix à rajeunir leurs troupes ?
Le budget de la manifestation s'est élevé à 190.000 FF. Les principales sources de financement ont été : les recettes de la manifestation (70.000 FF), les associations diocésaines (45.000 FF), le CCFD (25.000); les Pastorales de jeunes (30.000 FF); les entreprises et collectivités locales (10.000 FF), les ventes diverses (5.000 FF).
Les principales dépenses sont constituées par les postes suivants : la logistique : 93.000 FF dont 66.000 parc des expositions et 27.000 de Sono; la communication : 54.000 FF; le fonctionnement : 23.000 FF; les consommables : 16.000 FF, les concerts et animation : 9.000 FF. Le bilan financier est positif.
Quant aux perspectives, quelques pistes se concrétisent :
- la création d'un outil "Taureau Zélé", maléable et humoristique en direction des jeunes,
- l'appui à un bulletin de liaison entre communautés d'origine étrangère de Lorraine,
- la mise en place d'atelier-forum sur la solidarité internationale pour les jeunes,
- la participation à des élans collectifs tels que les Assises de la Coopération.
Organisme : COMITE DIOCESAIN DE LORRAINE ET PASTORALE DES JEUNES.
Mots-clés : FETE; MUSIQUE; REPAS; IMMIGRE.
LOCALISATION : NANCY; LORRAINE.
Public : JEUNE; TOUT PUBLIC.
Dossier
"Pour une terre d'avenir"
Réseau d'Information Tiers Monde
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Horizon Local 1997
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