"Eaux en partages", Animation scolaire

Par FRESNEAU Nicolas
Date de la fiche : 1996/09/26.

Le CRIDEV (Centre Rennais d'Information pour le développement et la libération des peuples) et le CIELE (Centre d'Information sur l'Energie et l'Environnement) ont organisé une animation scolaire les 26 et 27 septembre 1996 sur le thème de "L'eau en partage".

Cette animation était structurée autour d'une exposition sur le même thème réalisée par la FOL (Fédération des Oeuvres Laïque) 35 et l'URFOL Bretagne en partenariat avec le CIELE et le CRIDEV.

Cette exposition met en parallèle l'exemple de la Bretagne et celui du Mali sur le thème de l'eau : sa place dans l'imaginaire, sa gestion, sa rareté et les autres problèmes attenants. L'animation avait pour but d'informer, de sensibiliser à ces problèmes un public d'enfants en classes de 6ème et de CM2 et d'entraîner une modification de leur comportement par rapport à leur usage quotidien de l'eau.

Le bilan des animations faites à partir de l'exposition auprès du public enfant peut être qualifié d'assez positif.

170 élèves sur deux jours ont participé à cette action. Les élèves de l'école publique se sont montrés particulièrement actifs et intéressés. Les enseignants ont dit être satisfaits. Certains ont approfondi, en classe, les thèmes traités à partir d'une documentation que leur avait systématiquement proposée le CRIDEV. On peut avancer plusieurs raisons à cette réussite.

Un public pré-sensibilisé.

La pré-sensibilisation des élèves, et donc au préalable des enseignants, est essentielle dans la réussite de ce genre d'expérience.

De plus les élèves se sont sentis particulièrement concernés par le thème de l'eau du fait des problèmes que connaît leur région. Nombre d'entre eux avaient déjà des pratiques qui leur permettaient de réduire leur consommation d'eau. D'ailleurs la méthode pédagogique consistait à se référer souvent à leur quotidien et à les faire participer. On a remarqué que la participation était accrue si les élèves étaient assis par terre et non sur leur chaise ce qui les rendait plus passifs.

Des formateurs formés.

C'est un travail préalable essentiel. A titre d'exemple, le CRIDEV fonctionne avec une commission animation composée de 5 à 6 personnes qui formalisent les actions, corrigent l'animateur...La formation se complète dans l'action. Il est donc important de maintenir une telle action dans le temps. L'expérience a prouvé que la première animation a servi de rodage, les autres ont été plus concluantes.

Des outils pédagogiques divers aux impacts variables.

Les supports de l'animation étaient variés : exposition, deux supports papier, une vidéo, ainsi que deux ateliers.

Les élèves ont dans un premier temps visité librement l'exposition; or vu leur jeune âge il eut été plus judicieux de prévoir une visite guidée. De même ils paraissaient déçus qu'il n'y ait pas de correction d'un questionnaire qui leur a été remis après la visite de l'exposition; en fait les réponses ont été intégrées au fur et à mesure par l'animateur.

La carte de Peters a provoqué des réactions spontanées des élèves : "l'Afrique est plus grande", "la France n'est pas au milieu"...pour demander, une fois les explications données, pourquoi habituellement on ne leur montrait pas la "bonne carte" dans leurs manuels ou ailleurs.

A partir d'un dessin très simple représentant d'un côté les différents usages de l'eau dans un pays du Sahel et de l'autre un garçon allongé car malade (il est relié à trois bulles le représentant en train de boire, de mettre ses pieds dans l'eau, une troisième bulle représentant un moustique), les élèves avaient à identifier, aidés de l'animateur, les modes de gestion de l'eau dans le village et les causes de maladies. Même s'il a fallu quelque fois "tirer les réponses", cette méthode active s'est révélé plus efficace qu'un exposé.

Un film vidéo de 7 minutes environ montrait les solutions apportées aux problèmes de la rareté de l'eau dans des villages du Burkina Faso. Les élèves en ont retenu une grande solidarité entre les personnes, toutes générations confondues ainsi que la participation et la responsabilisation de la population toute entière. L'animateur leur a fait relever l'absence de technicien étranger qui apporte une solution toute faite...

Des "travaux pratiques" ont enfin permis au élèves de visualiser directement certains problèmes. Un bar à eau leur a permis d'identifier les différents goûts de l'eau. L'idée s'est avérée intéressante mais il aurait fallu mieux la préparer. Ensuite pour illustrer la composition de l'hydrosphère, l'animateur a demandé à un enfant d'extraire d'un seau de 10 litres d'eau (représentant le volume total d'eau sur la planète) 33 centilitres (eau douce), desquels il retire encore les 2/3 (calottes polaires et glaciers), puis en retire encore (eaux souterraines) pour ne laisser que quelques gouttes au fond d'un gobelet (eau de surface et eau facilement accessible). Cet exercice a permis aux élèves de visualiser des données pas toujours faciles a appréhender.

Des partenaires complémentaires.

Chaque partenaire est intervenu selon ses compétences. Le CIELE a plus spécifiquement abordé les problèmes sous un angle technique et tels qu'ils se posent au Nord, le CRIDEV quant à lui a axé son intervention sur le Sud et l'approche Nord/Sud. Ainsi l'animateur du CIELE a traité de la composition de l'hydrosphère, du cycle de l'eau, de sa maîtrise, du traitement de la distribution, de l'assainissement, des économies de consommation...L'animateur du CRIDEV a abordé la comparaison des modes de consommation en Bretagne et au Mali, les problèmes liés à l'accès à l'eau, ses conséquences sur l'agriculture, les problèmes sanitaires...ainsi que la diversité des solutions locales. Les durées d'intervention allaient de trente à quarante cinq minutes, celle du CIELE avant celle du CRIDEV, ce qui permettait un déroulement plus logique de l'animation.

Il est important de relever le travail préalable important fait par la FOL pour convaincre les chefs d'établissement de l'intérêt du projet, pour négocier des tarifs, aménager les horaires...

Un regret, une conviction.

L'exposition qui avait lieu dans le centre culturel de Combourg (Ile et Vilaine) a aussi été ouverte au public toute la semaine, mais sans animation prévue. Elle n'a attiré que peu de monde à part le personnel de la municipalité et une vingtaine d'adultes travaillant dans le secteur agricole. L'animation semble donc être un outil important de valorisation de l'exposition. On peut penser toutefois que les animations n'ont pas toujours atteint leurs objectifs en profondeur : responsabiliser, faire prendre conscience de l'eau comme enjeu majeur du futur... Des problématiques essentielles comme la dégradation de l'environnement, les tensions internationales liées à l'eau... n'ont pratiquement pas été abordées. Cela est dû principalement a la durée des animations qui ne permettent pas d'aborder des concepts complexes pour les 10/12 ans, au manque d'approche pédagogique spécifiques et au manque d'outil pédagogique approprié.

Alors a-t-on réellement éduqué ces enfants à la solidarité internationale ou les a-t-on seulement sensibilisés ? La question peut se poser. Mais nous sommes convaincus que la réponse se trouve surtout dans la recherche permanente d'amélioration de nos actions. Dans cette perspective le partenariat est un atout majeur.

RESEAU : RITIMO.

Organisme : CRIDEV.
Adresse : 41 avenue Janvier, 35000 Rennes, FRANCE. Tél. 02 99 30 27 20. Fax. 02 99 30 27 60
Mots-clés : EXPOSITION; EAU.
LOCALISATION : RENNES; BRETAGNE.
Public : ELEMENTAIRE; COLLEGE; TOUT PUBLIC.

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Horizon Local 1997
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