Par LIBIOULLE André
Date de la fiche : 1997/01/01.
La médiation interculturelle au service des acteurs du développement.
Le dialogue "interculturel" constitue désormais l'une des préoccupations majeures de la coopération au développement. Ce dialogue repose sur une reconnaissance mutuelle et une dynamisation des savoirs et des systèmes de pensée du Nord et du Sud. En les questionnant et les rapprochant, le dialogue interculturel tente de faire apparaître des valeurs communes, susceptibles de se réinvestir dans des comportements et dans des actions plus solidaires.
L'association "Nombre et culture" met en place des actions de sensibilisation qui ont pour finalité un changement partagé et un affinement de la conscience de l'autre. L'un des objectifs immédiats est de créer une meilleure compréhension entre les institutions et les destinataires de projets de développement. "Nombre et culture" s'appuie sur l'expérience de la Fondation ACP/CEE au développement de laquelle elle a participé.
La "Fondation pour la Coopération culturelle ACP/CEE", créée en 1986, à Bruxelles, dans le cadre de la Convention de Lomé III, a conçu entre 1988 et 1992 des formations spécifiques destinées aux développeurs des pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique. La finalité de ces formations, de deux types, était une meilleure compréhension interculturelle. Elles devaient veiller, en particulier, à une meilleure prise en compte de la recevabilité de projets de développement par les populations destinataires dans les pays ACP.
Les "stages de formation adaptés" s'adressaient en priorité aux fonctionnaires en poste des Etats ACP : diplomates, conseillers culturels, planificateurs, techniciens, etc... Les "formations de formateurs " visaient quant à elles des actions multilatérales de sensibilisation sur le terrain, chaque formateur travaillant à partir de sa spécialité d'origine et à travers son propre réseau professionnel, afin d'éveiller l'intérêt aussi bien de cadres associatifs que de fonctionnaires régionaux, d'acteurs de terrain, ou des populations elles mêmes.
Favoriser l'aptitude au changement par une pédagogie interactive.
Les sessions conduisaient les participants, du Nord et du Sud, à questionner leurs pratiques et leurs propres comportements. Les participants s'engageaient à faire état, sans réticences, des difficultés rencontrées, ou de leurs propres hésitations. Un climat de confiance s'établissait ainsi peu à peu, favorable à une mise à plat des situations et à l'échange en profondeur des participants.
La pédagogie veillait à ce que chaque participant réagisse à l'expérience de l'autre, lui en restitue, par ses propres commentaires, une sorte d'écho, de reflet critique. Aider à voir clair dans l'approche de chacun, à travers un certain nombre de regards croisés, avait pour effet de mettre en valeur des préjugés, des attitudes inadaptées, des valeurs obsolètes dont l'interlocuteur n'avait pas nécessairement conscience.
Ce dispositif était renforcé par la présence de deux à trois animateurs qui, dialoguant également entre eux au cours des sessions, multipliaient ainsi, sur tel problème donné, leurs regards croisés.
Les participants arrivaient, de ce fait, à un niveau de parole plus authentique, libéré des discours dominants, et se disaient plus disponibles pour une nouvelle conceptualisation. Ils analysaient différemment leurs propres besoins et faisaient davantage confiance en leurs propres ressources. L'on observait le cheminement de tous vers plus de lucidité, plus "d'autoconscience".
Les formations étaient interdisciplinaires. La Fondation considérait un stage comme réussi lorsque les participants admettaient qu'ils pouvaient désormais aborder les questions de manière moins sectorielle et relativiser leurs valeurs, comprendre que certaines qui avaient été positives dans un contexte donné ne l'étaient plus et devaient être réévaluées. En clair, c'est un apprentissage de l'aptitude au changement qui était suggéré.
En matière de changement, la méthode a toujours consisté à réarticuler les éléments du savoir dispersés dans les diverses disciplines que forment les sciences exactes, les sciences naturelles, les sciences humaines, afin de les décloisonner et de comprendre leur interaction au coeur même des faits de développement. L'enseignement occidental, basé sur la séparation de la culture dite humaniste et de la culture scientifique, ne se trouve pas toujours approprié en effet à la situation des pays d'origine des développeurs et il importe de pouvoir relativiser et globaliser, c'est-à-dire avoir une vision d'ensemble qui, sans retomber dans une forme "d'universalisme", fasse émerger des valeurs communes pour des solutions endogènes là où l'économisme ne peut être qu'une réponse partielle.
Organisme : NOMBRE ET CULTURE.
Adresse : 8 rue des Mariniers, 75014 Paris, FRANCE. Tél. 01 45 39 81 25
Mots-clés : FORMATION; RENCONTRE DES CULTURES.
Public : ADULTE.
Dossier
"Pour une terre d'avenir"
Réseau d'Information Tiers Monde
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Horizon Local 1997
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