Par ERARD Pascal
Date de la fiche : 1997/02/04.
La deuxième phase de la campagne Libère tes Fringues (LTF), conduite par Artisans du Monde, s'est déroulée en 96/97. Son objectif est de promouvoir le code de conduite que nous avons élaboré, auprès notamment des grands distributeurs de vêtements et de chaussures et de poursuivre la sensibilisation des consommateurs. Il s'agit d'inciter les distributeurs à "Mettre de L'éthique sur l'étiquette".
Cette campagne intègre la campagne "Soyez sport" d'Agir Ici. C'est pourquoi elle inclut un nouveau produit : les chaussures. Cela traduit la volonté du collectif "Libère tes fringues !" et d'Agir ici de regrouper leurs efforts dans le cadre d'une campagne commune d'éducation au développement durable.
Des modes d'action complémentaires.
En plus de la Journée nationale de lancement, à l'occasion de laquelle des animations locales ont eu lieu dans une soixantaines de villes, un événement national a eu lieu à Paris : une étiquette de 5 m x 2,5 m a été posée sur la façade du Conseil National du Commerce (Branche distribution du CNPF). Nous demandions au président du CNC de mettre de "L'éthique sur l'étiquette". Elle était illustrée par 3 pictogrammes symbolisant l'interdiction de l'exploitation des enfants, de l'esclavage et le respect de la liberté syndicale. Cette opération a fait l'objet d'un reportage dans le "19-20" de France 3 (16/11/96) et dans le journal de 13 h de TF1 (17/11/96).
Nous proposons aux consommateurs 2 types d'engagements :
Signer une pétition demandant au Président du CNC de prendre position en faveur du code de conduite "LTF". Une pétition est en effet un moyen peu coûteux et facilement diffusable (publication dans la presse, photocopies...).L'objectif est d'atteindre 100.000 signatures.
Notre but est de montrer qu'un nombre important de consommateurs est préoccupé par les conditions de production des vêtements et chaussures qu'ils achètent. Cela devrait encourager les entreprises à adopter le code de conduite LTF.
Envoyer des cartes postales à des entreprises ciblées afin qu'elles adoptent le code de conduite LTF. L'objectif à atteindre était de 15.000 cartes envoyées aux entreprises. On ne peut espérer atteindre un nombre aussi important qu'avec la pétition : les encarter dans un magazine est coûteux, elles ne peuvent être photocopiées....
Cette démarche renforce les effets de la pétition sur les entreprises ciblées car les consommateurs écrivent directement aux chefs d'entreprises. Elle permet également aux consommateurs d'avoir un engagement plus fort que la seule signature de pétition.
Les entreprises ciblées sont : La Redoute, Groupe André (dont dépend Kookaï) et Décathlon. Ces entreprises ont été choisies car ce sont elles qui ont fait la preuve d'une certaine ouverture par rapport aux campagnes LTF ou "Soyez sport". Ce sont celles qui sont les plus susceptibles d'ouvrir des discussions en vue de l'adoption du code de conduite LTF. En outre, leur centre de décision est en France. La mobilisation des consommateurs aura donc plus d'impact sur les entreprises ciblées. Nous n'avons ciblé ni Carrefour, ni Camaïeu, puisque nous avons déjà entamé des négociations avec ces entreprises.
Un impact important auprès du public et des médias.
La campagne a connu un fort impact auprès du public :
Le stock des cartes postales et du 4 pages, que nous avons édités à 150.000 exemplaires a été épuisé début 97. Une réimpression a été effectuée. Plus de 80.000 personnes ont répondu à notre appel, soit 4 fois plus que l'année dernière.
L'impact auprès des médias s'est accru sur les deux ans :
- 15 passages TV journaux TF1, France 2, France 3 ; Consomag, "Les beaux matins"; Parole d'Expert ; Canal plus : Nulle Part Ailleurs ; L'Hebdo (dans le cadre d'un sujet de 30 mn sur les chaussures, avec notamment un reportage sur Nike) ; La Grande Famille (20 mn). A cela s'ajoutent au moins 4 reportages dans des journaux régionaux de France 3.
- De nombreux passages sur l'ensemble des fréquences de Radio France (France Inter, France Info...). Une nouveauté : bonne couverture de la part d'Europe 1 et de RTL .
- En presse écrite : en 95, les articles dans la presse nationale étaient courts. Cette année, de nombreux articles ont traité en profondeur notre campagne (dossiers dans 60 millions de consommateurs, articles dans Marie Claire, Le Point, Le Nouvel Observateur, France Soir, Télérama...). Les articles sont aussi nombreux dans la presse régionale.
Les réactions des entreprises.
Le 25 juin 1997, les pétitions ont été remises à M. Dermagne, Président du Conseil National du Commerce, (le CNC est l'organisation patronale de la distribution, membre du CNPF). Il était entouré de responsables de plusieurs fédérations affiliées au CNV : vente par correspondance, succursalistes de l'habillement, commerce des articles de sport, syndicat national de la chaussure, bricolage, tissus, fédération du commerce et de la distribution, grand commerce de centre ville. A cette occasion, les responsables présents nous ont indiqué avoir engagé une réflexion autour des questions posées par le collectif "Libère tes fringues", suite généralement, au lancement de la campagne "de L'éthique sur l'étiquette". Pour sa part, le 24 juin, l'Union du Grand Commerce de Centre Ville (UCV), qui compte parmi ses adhérents Le Printemps, Monoprix, Prisunic, les Galeries Laffayette, le BHV, C&A..., a adressé une lettre à Mme Lebranchu, Ministre du Commerce et de l'Artisanat, dans laquelle ces enseignes "s'engagent chacun pour ce qui les concerne, à adopter une charte éthique ou un code de conduite proscrivant en particulier le travail forcé, le travail des enfants et le travail illégal". Il s'agit là d'un pas positif, mais nous regrettons l'absence de référence explicite à la liberté syndicale et à l'acceptation de se soumettre au contrôle d'un organisme indépendant. Le dialogue doit se poursuivre dans ce sens.
D'autre part Auchan, Carrefour et Camaïeu ont engagé des négociations sérieuses avec le collectif, lesquelles devraient rapidement déboucher sur l'adoption de notre code de conduite par une au moins de ces entreprises. Par contre, La Redoute, Décathlon, et le Groupe André ont eu des réactions décevantes. Notons cependant que le 18 juin, un responsable de La Redoute s'est déclaré favorable à notre démarche mais souhaite que les discussions se déroulent dans le cadre du syndicat des entreprises de vente par correspondance.
Enfin, rappelons que l'impact de la campagne augmente avec le temps : 44 organisations participent à la campagne LTF, elles étaient 27 en juin 1996. Une nouvelle campagne d'une durée de 6 mois sur le modèle de la campagne "de L'éthique sur l'étiquette" va être lancée. Son thème en cette année 1998 de la coupe du monde de football sera : les conditions sociales de fabrication des vêtements de chaussures de sport.
Organisme : FEDERATION ARTISANS DU MONDE.
Adresse : 67 av.de la République, 75011 Paris, FRANCE. Tél. 01 49 29 95 15. Fax. 01 49 29 95 25
Mots-clés : CAMPAGNE D'INFORMATION; GROUPE DE PRESSION; CONDITION DE TRAVAIL; DROIT DE L'HOMME; COMMERCE INTERNATIONAL; CONSOMMATION.
LOCALISATION : FRANCE; EUROPE; MONDE.
Public : JEUNE; TOUT PUBLIC.
Dossier
"Pour une terre d'avenir"
Réseau d'Information Tiers Monde
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Horizon Local 1997
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