S'immerger dans un pays du Tiers Monde pour une meilleure éducation au développement

Par HORDAN Véronique

Date de la fiche : 1997/02/17.

Qu'est-ce qu'un voyage d'immersion ? L'expression voyage d'immersion est la traduction française de "Exposure programme", dénomination utilisée par les Organisations de solidarité internationale. Pour le CCFD, immerger les participants c'est les plonger dans la vie quotidienne d'un peuple, les différents aspects de sa culture, de ses religions... A travers nos partenaires et leurs projets, ils découvrent des situations du Tiers Monde et sont amenés à réfléchir sur leurs engagements pour le développement et la solidarité internationale.

L'immersion comme outil d'éducation au développement et de construction d'un partenariat de proximité.

Pour le CCFD, le voyage d'immersion est à la fois un outil d'éducation au développement et un outil de construction d'un partenariat de proximité. A ce titre il répond à la fois au désir des animateurs locaux et des membres du CCFD de se "rendre sur le terrain" pour mieux connaître et comprendre ceux qui mettent en place des projets de développement. C'est, à ce titre, un temps de formation, un investissement et un pari sur l'avenir. D'autre part il répond au désir des partenaires qui souhaitent faire partager leurs espoirs et leurs difficultés à ceux qui les soutiennent. Ces rencontres permettent aussi aux partenaires de créer des réseaux au sein de la société civile française. Ces voyages d'immersion traduisent donc aussi concrètement la volonté du CCFD de stimuler un partenariat de proximité.

On peut dégager quatre objectifs principaux de cette pratique.

- La formation : il s'agit d'accroître les connaissances des participants sur un pays du Tiers Monde, sur le développement, le CCFD, ses partenaires, son réseau. Le voyage favorise l'acquisition des méthodes d'organisation, d'analyse et d'animation; il permet enfin de vivre une expérience de vie collective, d'ouverture.

- Le partenariat : grâce à la co-organisation du séjour avec nos partenaires se développe une meilleure connaissance réciproque entre les réseaux du CCFD engagés solidairement ici et là bas.

- L'animation : le voyage est prétexte à l'organisation d'animations au retour, à partir des témoignages des participants.

- La communication : en faisant participer des journalistes et en les invitant aux conférences des participants, on arrive à développer une certaine "couverture médiatique".

L'immersion comme facteur de cohésion d'un groupe de militants de base.

Ces voyages s'adressent aux animateurs membres des comités diocésains et / ou mouvements et services d'Eglise qui composent le CCFD, notamment ceux qui sont en responsabilité ou vont le devenir au sein des équipes locales et comités diocésains. Les immergés, dix à trente personnes par voyage, viennent de toutes les régions de France, avec toutefois une région prépondérante par voyage. Ils sont représentatifs de la diversité des milieux socio-économiques présents au CCFD. Agés de 18 à 65 ans, ils sont agriculteurs, ouvriers, cadres, infirmières, enseignants, femmes au foyer, travailleurs sociaux, chômeurs, étudiants... Chaque groupe est accompagné par un cadre permanent du CCFD. Par ailleurs, en général, à chaque immersion sont invités un ou deux membres du Comité National du CCFD, un journaliste de la presse régionale et enfin un évêque.

Le voyage.

Entre 1984 et 1995, le CCFD a organisé vingt cinq voyages d'immersion en Thaïlande, au Sénégal, au Burkina Faso, au Niger, au Brésil, au Vietnam, à Madagascar, en Algérie, au Chili, en Afrique du Sud, en Colombie, au Liban, au Guatemala et Salvador, en Inde, au Pérou et au Maroc.

Il n'existe pas de programme type de ces voyages d'immersion. Cependant quelques éléments constants se dégagent.

La préparation du voyage fait l'objet d'une attention particulière. Les futurs immergés reçoivent un "dossier du participant". Outre des conseils pratiques, il contient une documentation sur le pays et le partenariat du CCFD. Un week-end de préparation permet de souder le groupe, de rencontrer le chargé de mission du CCFD et des intervenants. Les aspects pratiques du voyage tels que la répartition en sous groupes, les méthodes de travail communes, la division des tâches sont traités. Des exposés de personnes ressources permettent d'introduire et de comprendre la situation économique, religieuse, politique et culturelle de la région et du pays.

Durant le voyage, des rencontres avec les organismes d'Eglise, les ONG, les associations, les coopératives...partenaires du CCFD sont organisées, ainsi que des visites de projets soutenus par le CCFD ou représentatifs d'un certain type d'action. Le voyage est ponctué de temps de convivialité, de fêtes, de célébrations, de voyages touristiques pour découvrir les richesses naturelles, artistiques et culturelles du pays. Enfin un temps est consacré au travail et à l'évaluation pour le groupe.

L'impact : des militants convaincus, relais de la sensibilisation à la solidarité internationale.

A leur retour, afin de contribuer à notre effort d'éducation au développement, les participants organisent des rencontres et des animations afin de présenter le pays, les partenaires et les projets. Cet engagement ne saurait se limiter à son seul milieu familial, social ou professionnel mais il s'intègre dans le programme d'animation et le plan média de son comité diocésain.

Durant un week-end, le groupe des participants se retrouve afin d'évaluer le voyage d'immersion et de préparer ces diverses interventions. La participation du chargé de mission du CCFD permet d'affiner l'analyse.

Paroles d'immergés :

Souvent, les réflexions des voyageurs immergés, sont révélatrices de l'impact du voyage ; il en ressort un raffermissement de leur engagement, lequel passe par une prise de conscience nouvelle, née de leur contact direct avec la réalité "là-bas". En voici quelques illustrations, puisées à l'occasion du dernier voyage d'immersion, au Pérou.

"Désormais, derrière les mots "partenariat" et "développement" que l'on emploie parfois sans bien savoir à quoi ils correspondent, je vois des visages".

"En quinze jours, on économise des années de formation".

"Quand on est là-bas, on prend conscience que les gens qui sont dans la misère sont comme vous et moi, avec la même intelligence. Et ce qui est frappant, c'est de voir leur créativité lorsqu'ils sont soumis à cette économie de subsistance...La misère en France fait presque plus mal car les gens sont peut-être plus passifs et surtout plus seuls.".

"Nous n'avons pas été accablés par la misère, car on a rencontré parallèlement des gens très dynamiques, très créatifs, qui croient en l'homme. C'est en ce sens très différent de l'impression accablante que l'on peut ressentir en voyant des images trop souvent misérabilistes des pays du tiers monde". "La force des pauvres c'est quelque chose qui n'est pas théorique, mais que l'on a pu palper".

Notons encore cette dernière impression "Ce dont je peux témoigner, c'est que ces projets de développement dont on parle sans cesse, ont des effets tout à fait concrets sur la vie des gens. Et aussi que le développement implique nécessairement des alliances avec d'autres, qu'il ne s'agit pas de travailler dans son coin...".

Organisme : CCFD.
Adresse : 4 rue Jean Lantier, 75001 Paris, FRANCE. Tél. 01 44 82 80 00. Fax. 01 44 82 81 43
Mots-clés : RENCONTRE DES CULTURES; VOYAGE; FORMATION.
LOCALISATION : FRANCE.
Public : JEUNE; ADULTE.

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Horizon Local 1997
http://www.globenet.org/horizon-local/