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Crédit-bail et leasing

Par François PANDOLFI (Financial)


Le Irana, crédit-bail et l'anglo-américain leasing sont frères pour l'utilisateur, même si le juriste n'est pas d'accord. Ils représentent deux manières juridiques d'une même réalité économique : mettre à la disposition un équipement pour produire biens et services chez les entrepreneurs Grands ou petits de l'industrie, du commerce, des services ou de l'agriculture. Ces deux frères font rêver pour l'apparente facilité qu'ils sont censés procurer.

Recevoir un matériel et le payer avec le produit de la vente de sa production sans limitations financières est le souhait de tout homme entreprenant, surtout si il n'y a pas de fonds propres à immobiliser, avec la pérennité dé l'usage et la possibilité de devenir propriétaire en fin de location pour une valeur modique.

Le statut juridique

Le nom français de crédit-bail recouvre trois contrats Juridiques. Le mandat qui permet à l'utilisateur de choisir le bien sans responsabilité du loueur. Le contrat de location d'une durée basée sur l'amortissement fiscal. La promesse unilatérale de vente du loueur à l'utilisateur locataire.

Le leasing anglo-américain est d'abord une location d'un bien décidé d'un commun accord entre le locataire et le loueur. La possibilité de rachat est négociée ou non entre les deux partenaires et les modalités peuvent aller de la restitution au loueur au rachat à prix fixe, en passant par le partage du bénéfice de la revente du bien.

En droit musulman cette location est rétribuée par un loyer, qui inclut ou non un partage de bénéfice et ce contrat est conforme 'a la charria.

Des idées fausses

- Il faut démystifier les prétendus avantages fiscaux dont bénéficierait ce moyen de financement. Ceux qui affirment cela sont souvent bien en peine de trouver de vrais arguments quand l'analyse financière est poussée. -Il est vrai que des montages internationaux ont pu faire profiter certains utilisateurs de facilités d'amortissements possibles dans certains pays anglo-saxons. Les exemples ont été rares et limités- à des opérations unitairement très importantes qui n'entrent pas dans l'objet de notre propos .

C'est la situation inverse qui est le lot plus souvent des sociétés et des utilisateurs de crédit-bail. En effet, les conséquences fiscales de la propriété par un tiers ne sont pas neutres pour l'entreprise utilisatrice car la fiscalité 'ou les aides à l'investissement ne prévoient pas toujours l'affectation du bénéfice à l'investissement ou les aides ou lés facilités à l'utilisateur pour les réserver au propriétaire/loueur.

- Il faut bannir l'idée selon laquelle le financement à 100% suffit à permettre la production et génère le profit qui découle de la vente. Il faut organiser la production, financer les stocks de matières premières et ceux en attente de livraison. Il faut organiser la vente et ceci implique des coûts salariaux. En résume la production est un travail de professionnel qui nécessite un fond de roulement parfois très important. Le crédit-bail /leasing n'apporta qu'un soulagement pour autant que le modèle de matériel corresponde bien au de production du marché tant en qualité qu'en qualité. L'expérience que ce mode de recours au crédit-bail/leasinq est plutot un aboutissement de la démarche de l'animateur dans l'activité. A cela il est différentes considérations que nous allons tenter d'examiner.

Les difficultés à la mise en place du crédit-bail

Pour l'utilisateur

Le fait de ne pas être propriétaire de l'équipement est en de nombreux endroits un obstacle psychologique important. L'entrepreneur aime montrer son bien.

- Pour le loueur

Les aranties de propriété sont souvent illusoires et de ce fait la location ne peut exister. Un bien sophistiqué sur un marché limité ne permet pas une garantie car il n'y a pas de possibilité de revente dans des conditions financières satisfaisantes. Le résultat est le cantonnement des financements à des biens très standards tels les véhicules industriels de transport ou la bureautique.

Il faut convaincre le bailleur de la compétence technique de l'utilisateur et de l'existence d'un marché solvable. Malgré les études, le choix final du loueur reste une appréciation personnelle hors rentabilité prévisionnelle et fonction de ses expériences passées. Le plus souvent le loueur ne donne son accord que si le risque de voir cette activité en difficulté est compensé par l'activité des autres secteurs de l'entreprise. Il ne peut donc s'agir d'une création ex nihilo d'activité.

Par ailleurs, en cas de litige. il ne faut pas négliger les risques juridiques apportés par juges peu au fait de la nature de ces contrats. Une autre difficulté non négligeable est celle de lenteurs infinies dans la tentative de récupération du bien par le loueur. Dans les faits, celles-ci le rendent sans droits sur son matériel qu'il ne retrouvera dans le meilleur des cas que dans un état d'entretien tout à fait relatif.

Le loueur recherche toujours un garantie financière et la création/projet est examinée avec beaucoup de circonspections, le bilan et l'activité passée sont de bons indicateurs de capacité professionnelle.

Il faut parler de ces difficultés pour pouvoir les surmonter et avoir un dialogue franc entre les parties. Un grand nombre d'opérations se réalise tous les jours même si l'usage n'est pas encore suffisamment possible dans tous les Etats

Le choix du matériel

La règle usuelle du crédit-bail est celle du choix du matériel par le locataire qui définit les caractéristiques techniques. Il negcocie le prix et les modalités de paiement. Le loueur fait souvent une vérification pour limiter les tentations d'accords qui pourraient le léser. Le locataire devient responsable de la qualité du bien, des caractéristiques de productivité, de la qualité des produits, et aussi de l'entretien, de l'approvisionnent en pièce détachées, du paiement des assurances.

Il arrive que les fabricants de matériels ou les concessionnaires proposent leur biens avec le financement, voire l'entretien comme cela est fréquent avec les ordinateurs. Le plus souvent il s'agit d'equipements importants ou bien banalisés sur le marché local ou régional. Le choix du locataire est alors très encadré mais il reste responsable devant le bailleur qui appréciera toujours une garantie d'entretien préservant la valeur et la possibilité de revente de l'équipement sauf obsolescence.

Le cas le plus rare est celui dans lequel le bailleur propose ou choisit lui-même le matériel objet du crédit-bail leasinq. Le locataire peut y trouver un avantage dans la capacité de négociation du bailleur avec les fournisseurs en discutant les modalités financières ou techniques. En Côte d'Ivoire la société Taw leasing s'était créée en proposant uniquement une marque et quelques types de véhicules de transport routier avec un contrôle et une assistance entretien. Ce concept très anglo-saxon est une forme de location longue durée avec services qui poursuit le même but économique.

Trouver un contrat de crédit-bail/ leasing

Deux catégories d'aqents économiques peuvent procurer un contrat de crédit-bail les financiers, les fournisseurs.

La catégorie des financiers est constituée par les banques et les etablissements financiers spécialisés. Dans chaque pays il est facile de contacter d'abord sa prope banque puis les concurrents pour savoir ce qui se pratique. La Banque Centrale est aussi une bonne source de renseignement car elle a l'avantage d'être souvent plus complète dans ses informations. La démarche qui paraît complexe est en fait relativement aisée car il suffit de s'adresser au guichet et ensuite la recherche chemine.

Dans les zones BCEAO et BEAC les banques sont autorisées par la législation à établir des contrats de créditbail. En pratique cela est très rare pour des raisons techniques qui tiennent au manque de spécialistes, à la complexité des opérations juridiques et comptables sans parler de l'informatique qui doit avoir été préalablement conçue pour cela.

Les banques entretiennent des rapports avec les établissements spécialisés du pavs et ont souvent connaissance de ce qui se fait à partir de pays voisins. Dans ce dernier cas de figure l'utilisateur doit savoir qu'une garantie bancaire est, habituellement, demandée et le dossier repasse par la banque. Il est souvent plus facile de demander une garantie par signature à une banque qu'un crédit d'un meme montant directement dans les pays francophones, les sociétés faisant des opérations de crédit-bail sont des établissements financiers. dans les pays anlophones, il s'agit de spécialistes qui sont des sociétés de localtion. La recherche doit alors se faire auprès des fournisseurs.

Bien que la démarche soit rare en dehors des pays développés, les fournisseurs peuvent proposer les services d'une société de crédit-bail.

Les exemples

Les historiens du crédit-bail/leasinq rappellent que la première opération de crédit-bail/leasing est celle consentie aux frères Bothe pour honorer un marché de fourniture de chaussures avec l'armée américaine puisque leur capacité de production était insuffisante. Le matériel servit de gage et l'opération fut profitable. Il est admis qu'ils obtinrent par la suite d'autre marchés de l'armée.

Dans les pays industrialisés tous les biens d'équipement font l'objet de crédit-bail /leasing. Cette pratique financière s'est étendue aux autres pays et dès 1974 Madaqascar a pu bénéficier de navires battant pavillon national pour le transport de produits pétroliers. Les premiers DC10 d'Air Afrique appartenaient à l'EY-IMBANK: Le passager pouvait voir une plaque rappelant cette propriété.

Dans les expériences intéressantes du point de vue du développement il faut citer le Sri Lanka qui avait constitué une société pour le financement de petits matériels agricoles, outils pour l'entretien des champs comme pelles, rouettes, matériels attelés ... Le comité de location était proche de celui d'une mutuelle, installé localement qui assurait en outre la surveillance des paiements et celle de l'entretien du matériel. L'effet fut notable, les fonds furent remboursés grâce à l'amélioration de la productivité et de la qualité, avec une pénibilité moindre pour le travail.

On peut noter,la présence de pionniers dans chaque région et sans être exhaustif il est Possible de citer Wàfabail au Maroc, Safbafl en Côte d'Ivoire, Locafrique au Sénégal, une création avec une assistance IFC en Turquie ou les sociétés d'Indonésie avant même le développement de Orient Leasing qui ont été les premiers à voir l'intérêt de ce moyen financier. Les vocations au financement ont été spécialisées ou très généralistes.

Pour terminer, il faut dire que le crédit-bail et le leasing sont des moyens bien adaptés au financement de l'industrie et de l'artisanat. L'agriculture de production non industrielle n'a pas encore bien trouvé ses marques mais cela tient sans doute au caractère trop centralisé de décision et du suivi des dossiers. Une réussite doit être possible.

L'organisation d'une société de crédit-bail/leasing peut s'adapter à toutes les formes juridiques qui sous tendent les rapports de hommes dans le fonctionnement. Elle peut être coopérative, mutualiste, capitaliste et peut être même associative.

La véritable utilité économique est la mise en place d'un moyen de production. La véritable richesse est la possibilité pour l'entrepreneur de conserver un bien rentable au-delà de la période de location pour constituer un autofinancement complémentaire qui permettra une nouvelle expansion et de nouveaux investissements.


ESF - , numéro 6, juin-juillet 1996

Pour plus d'informations, contacter:
Epargne Sans Frontière
32, rue Le Peletier - 75009 Paris
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