Un point de vue (*) : la nécessité de mettre en place des institutions spécialisées dans le financement des Micro et Petites Entreprises
Une tentative de définition
Bien que le rôle et l'impact économique des Micro et Petites Entreprises-PME notamment en matière d'emploi, soient aujourd'hui admis par tous, il semble toutefois bien difficile de les définir de façon précise. En Amérique Latine par exemple, l'entreprise moyenne comprend généralement plus de dix employés, agit comme une entreprise constituée de manière formelle, travaille avec davantage de technologie, de moyens et de ce fait, a dans la plupart des cas un accès au crédit bancaire. La micro-entreprise emploie quant à elle, 5 travailleurs, est normalement privée de tout accès au système de crédit formel, dispose de peu de technologie et agit de manière semi-formelle ou informelle. Les MPE relèvent ici d'une culture et d'une conception différente fiées d'avantage à la subsiatance qu'à l'accumulation de capital. En Afrique, les MPE s'apparentent plus au secteur dit "informel" ou non réglementé car elles sont definies comme des petites activités économiques menées en marge du système légal (hors de la législation du travail, de la fiscalité, du droit des sociétés) et en marge du système monétaire.
Les MPE auxquelles il est fait référence ici regroupent les caractéristiques suivantes :
- un chef d'entreprise autochtone,
- un petit nombre d'employés (souvent comme 'apprentis" ou main d'oeuvre familiale plutôt que salaries),
- la pratique d'un métier exigeant une certaine technicité et produisant des biens ou services (à l'exception donc de la revente de produits sans transormation ou des activités de survie),
- l'absence de comptabifité (sauf parfois la tenue d'un livre de caisse rudimentaire),
- l'incapacité de presenter les garanties habituellement acceptées par les banques.
Un problème structurel de financement
Le financement des entreprises provient généralement de trois differentes sources : les fonds propres, les prêteurs traditionnels, les institutions financières et les banques. Or, en raison de la spécificité même des MPE, elles n'ont malheureusement pas la possibifité d'accéder à ce type de financement et ce pour trois grandes raisons :
- Le niveau de leurs fonds propres est en général faible du fait de la modicité des moyens financiers de leurs proprietaires,
- les taux débiteurs pratiqués par les prêteurs traditionnels en général les usuriers sont trop éleves (taux mensuels de 20, 50 voire 100%),
- les financements bancaires s'appuient sur l'existence d'éléments comptables fiables que ces dernières n'ont généralement pas.
Des solutions qui restent peu satisfaisantes
Pour pallier ce manque d'accès aux crédits bancaires, les bailleurs de fonds ont imaginé des mécanismes qui inciteraient les banques àf inancer les MPE en surmontant les difficultés traditionnellement invoquees :
- des societes de capital risque qui, par leur prise de participation dans des MPE permettent à ces dernières d'augmenter leur fonds propres
- des fonds de garanties qui couvrent les risques d'impayés parfois à hauteur de 80% !
- des lignes de crédit extérieures qui permettent de financer à moyen, voire long terme les entreprises,
- la mise en place de cellules d'appui pour assister l'action des nombreux dossiers de crédit et assurer leur suivi rigoureux.
Malheureusement, en dépit de ces efforts d'ingéniosité, il semble que ces initiatives n'aient pas toujours été couronnées de succès, et on observe en réalité que :
- les risques d'impayés demeurent souvent élevés (de l'ordre de 30 à50%),
- le nombre de dossiers instruits est est encore trop elevé malgré les moyens mis en oeuvre au sein des banques,
- les prises de parficipations ne sont pas suivies d'un paiement de dividendes ni de rétrocession aux invinvestisseurs, mettant ainsi en peril l'existence même des sociétés de capital risque.
On observe aussi, une absence de réelle responsabifité aux différents niveaux du système. L'instruction des projets vise d'abord l'accès au crédit à l'aide de dossiers bancables mais sans réelle pnse en compte des capacités à gérer mais surtout à rembourser des entrepreneurs. En cas de défaut de paiements, les rôles et responsabifités de chacun (banques, cellules d'appui) ne sont pas toujours bien définies.
La création d' institutions financières specialisees à la base : une perspective intéressante
Les solutions traditionnelles envisagées jusqu'à présent n'apportant pas de réponses durables à la problematique de financement des micro entreprises ne sont donc pas toujours satisfaisantes. D'autres alternatives existent pourtant qui semblent peut être plus adaptées au contexte des micro et petites entreprises africaines. Ces institutions doivent être enfièrement consacrées au financement des MPE, indépendantes des banques existantes mais surtout capables de se pérenniser économiquement et institutionnellement au delà de l'appui des bailleurs de fonds.
L'expérience de l'ACEP au Sénégal fournit une illustration riche d'enseignements sur la problématique liee au financement des MPE. Elle reste encore un cas isolé qui meriterait d'être étendu à d'autres pays.
(1) D'après l'article de Marie France L'Heriteau (Caisse Francaise de développement, "Comment appuyer le développement des Petites et Micro-Entreprises , Revue Techniques Financieres & Développement, N37 (Déc-Janv 95).
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