Le 22 mars prochain ne sera pas une journée comme les autres. Le 22 mars 1995 sera la journée mondiale de l'eau. Pourquoi l'eau ? Pour rappeler que l'élément naturel dont l'être humain a sans doute le plus besoin est plus que jamais menacé. Inégalement réparties, les ressources naturelles d'eau potable ne profitent qu'à une partie de la population mondiale.
A l'inégalité d'accès s'ajoute l'inégalité de qualité, mais il est difficile de s'en rendre compte lorsqu'une eau traitée et potable s'écoule quotidiennement de notre robinet. Chaque jour davantage, les pays industrialisés gaspillent l'eau. Par exemple près de 60% de l'eau destinée à l'irrigation est mal utilisée.
Dans les pays en développement, 80 % des coûts destinés à l'approvisionnement et à l'assainissement ne profitent qu'à une minorité de citadins ayant déjà accès à l'eau potable. Seule une fraction des fonds restant est affectée à des technologies appropriées à faible coût pour la majorité des personnes non desservies dans les zones rurales et périurbaines.
Au Québec et en Allemagne, la pollution a engendré les pluies acides, véritable désastre pour l'écosystème. Le déversement de déchets en tous genres dans les mers, fleuves et rivières contribue à bouleverser souvent de façon définitive l'équilibre écologique. De plus, dans les pays en développement, les variations climatiques, la dégradation des sols due à d'incertains transferts de technologie, la déforestation sont autant de causes expliquant la raréfaction de l'eau.
Enfin, la pression démographique est telle qu'aujourd'hui la disponibilité en eau par individu est trois fois moins importante qu'elle ne l'était en 1970. La dernière décennie a été marquée par une explosion de la démographie urbaine et le développement de quartiers d'habitats précaires dans les villes du Tiers-Monde. La fourniture en eau potable et l'assainissement sont donc au coeur des enjeux actuels.
L'augmentation de la demande mondiale en eau semble inéluctable, avec comme conséquence l'accroissement des conflits entre États, groupes sociaux et acteurs économiques. Source de convoitise, enjeu stratégique inexorablement lié au développement économique, l'eau semble s'éloigner de ce qu'elle est à l'origine : la vie.
Doit-on sacrifier l'élément naturel le plus précieux au nom du développement économique ? Jacques Béthemont, professeur à l'Institut de géographie de Lyon, est catégorique : l'homme doit aujourd'hui prendre conscience de la rareté de l'eau et modifier ses habitudes de consommation, autrement ce sera la catastrophe.
À moins d'une gestion rigoureuse tant à l'échelle locale qu'à l'échelle planétaire, la Terre risque de manquer d'eau.
QUELQUES CHIFFRES
Rareté : 40% de la population mondiale (environ 1,5 milliard de personnes) n'a pas accès à une quantité suffisante d'eau potable. 2 milliards d'êtres humains manquent d'installations sanitaires dont 330 millions dans les pays de l'OCDE.
Répartition : dans certaines parties du désert d'Atacama en Amérique du Sud, il n'a pas plu depuis plus de 5 ans. Les régions arides du monde (précipitations annuelles inférieures à 300 mm) sont habitées par 600 millions de personnes.
A l'inverse, les inondations sont de plus en plus fréquentes et graves. Elles sont désormais responsables de 40% des décès dus aux catastrophes naturelles (plus de 25% d'entre eux ont lieu dans les pays en développement, notamment en Inde, au Pakistan et au Bangladesh).
Consommation : en 1940, la consommation totale d'eau était d'environ 1 000 Km3 par an; en 1990, elle atteignait 4 130 Km3 par an; elle devrait atteindre 5190 Km3 en l'an 2000, soit une augmentation de 20% en 10 ans. Inégalités : la consommation par habitant se situe entre 20 et 30 litres dans les pays en développement, entre 100 et 400 dans les pays développés; un européen consomme 70 fois plus d'eau qu'un Ghanéen, un habitant des États-Unis 300 fois plus. Santé : 5,2 millions de personnes meurent chaque année de maladies transmises par l'eau, dont 4 millions d'enfants de moins de 5 ans. Dans les pays en développement, plus de 80% des maladies et plus du tiers des décès sont dûs à l'ingestion d'eau contaminée.
Source : CFSI
DEMAIN LE MONDE ... L'EAU
L'eau, l'environnement, le développement et la solidarité Nord/Sud sont les thèmes qui rassemblent des collectifs d'ONG, d'éducation et de jeunesse, des collectivités territoriales, des syndicats, des entreprises, des ministères et le Comité Français pour la Solidarité Internationale (ex-CFCF) autour d'une grande campagne d'information et de sensibilisation.
L'objectif ? Une prise de conscience de la nécessité de protection, de partage, de non-gaspillage, et ce entre toutes les régions du monde, de cet élément indispensable à chacun. Parce que la prise de conscience concerne tout le monde, cette campagne a pour objectif d'initier pendant deux ans une véritable dynamique d'actions.
La campagne est ouverte à tous. Vous pouvez y participer en organisant une action de sensibilisation telle que : exposition, spectacle, concours, conférence, jeux, film, publication, animations diverses... Vous pouvez organiser cette action en partenariat avec des associations locales, votre fac, votre école, une entreprise, un conseil général, une municipalité.
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