Le développement communautaire est un processus qui, en théorie, peut être décomposé en étapes. Ce sont les suivantes:
1. Prise de conscience
Jusqu'en 1960, on parlait de diagnostic. Avec Paulo Freire on parle de prise de conscience, ce qui laisse apparaître le côté démocratique du processus, à l'opposé du terme diagnostic qui fait davantage "expert".
2. Réflexion sur les données
Ayant pris conscience, on réfléchit.
3. Réflexion sur le potentiel de changement
On évolue vers l'action à partir des ressources et des capacités locales et compte tenu du rapport de forces.
4. Planification d'une stratégie
On définit l'objectif et les modes d'action.
5. Exécution
On agit.
6. Evaluation
Après l'action, on fait un bilan.
Jacques Boulet, qui suggère cette présentation par étapes logiques, admet qu'elle n'est qu'un aide-mémoire et, qu'en pratique, c'est plutôt d'un processus continu et en spirale qu'il s'agit. Ce processus est un va-et-vient constant entre l'action et la réflexion.
Au sein du Réseau Cultures on rappelle que cette façon très systématique de voir est caractéristique du rationalisme instrumental moderne. Beaucoup de communautés traditionnelles ne vivent pas cette prise de conscience nette conduisant avec une belle logique à une stratégie bien rationnelle. Elles vivent une souffrance qui peut à un certain moment exploser, ou ne pas exploser. L'histoire humaine a connu des jacqueries paysannes qui ont souvent été des explosions non-programmées. Cette observation peut nous aider à prendre conscience du caractère culturel (modernité occidentale) du développement communautaire. Il n'est pas plus neutre ni plus universel que le concept de développement, même quand il vise à combattre les méfaits de celui-ci. Cela ne revient pas à le condamner pour autant. Il s'agit, dans la démarche du Réseau Cultures, non pas de rejeter tout ce qui serait moderne ou occidental, mais d'identifier aussi clairement que possible, les origines culturelles des valeurs, stratégies et institutions mises en place. Il n'y a rien de mal à introduire sciemment tel ou tel aspect de la culture moderne occidentale, pourvu qu'on sache bien ce que l'on fait et pourquoi on le fait. Sous la question culturelle, c'est la question du sens (le pourquoi) qui pointe. Qu'il y ait, à partir de cette interrogation sur le sens, apports extérieurs et fécondation mutuelle, cela est inévitable et peut avoir des effets tout à fait positifs. Il n'est pas interdit d'intervenir, mais il ne faut pas intervenir idiot. Il n'est pas interdit de croire en certaines valeurs universelles mais il ne faut pas succomber à l'ethnocentrisme qui confond systématiquement universalisme avec sa culture particulière.
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Horizon Local 1997 - 1998
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