Par Yolanda Ziaka, Isabelle Boch, Annie Simon
ETAT DES LIEUX
LE DEBAT INTERNATIONAL
PROPOSITIONS POUR LES Ong FRANCAISES
1. ETAT DES LIEUX
L'éducation, la sensibilisation du public et la formation sont des préalables indispensables à la construction d'un développement durable. Promouvoir l'idée d'une solidarité entre pays et générations pour préserver notre patrimoine commun qui passerait par d'autres modes de production et de consommation, tel est l'enjeu essentiel d'une éducation au développement durable dans les pays du Nord. Pour les pays du Sud, les enjeux ne sont pas moindres : éradiquer l'analphabétisme et la grande pauvreté, préserver les ressources, promouvoir la démocratie, tout cela passe aussi par une éducation du citoyen, par la formation ou tout simplement par l'accès à l'information. Ces objectifs, en effet, ne peuvent être atteints que relayés par une participation effective du public à l'élaboration des solutions aux problèmes d'environnement et de développement ainsi qu'aux prises de décision. Cette participation accrue du public impose un effort renouvelé en matière de formation en direction des jeunes, qui seront demain les citoyens en charge de la planète.
L'humain est donc au coeur des bouleversements de son environnement, et, comme l'indique un texte de l'Unesco, puisque c'est dans l'esprit des hommes qu'est né la dégradation de l'environnement, c'est aussi dans l'esprit des hommes qu'il faut en élever les défenses.
Nécessité de lier éducation au développement et éducation à l'environnement
On ne peut dissocier éducation à l'environnement et éducation au développement, car les états respectifs du développement du Nord et du Sud ont des conséquences pour la planète entière. C'est ainsi que la surconsommation d'énergie au Nord et le déboisement des forêts tropicales au Sud provoquent aussi bien le réchauffement global de la planète et la disparition de milliers d'espèces animales et végétales que le déplacement et la déculturation des populations indiennes tirant leur subsistance et leur mode de vie de la forêt. La désertification n'est pas seulement un problème d'environnement : elle a des conséquences très graves pour les agriculteurs et pour les éleveurs.
Pour de multiples raisons, il est actuellement difficile d'imaginer une action soutenue et cohérente à l'échelle mondiale. En revanche, si, à l'échelle nationale ou régionale, l'on s'emploie à modifier par le biais de l'éducation le comportement des hommes, on peut penser qu'au cours des prochaines années, ces nouveaux comportements permettront de résoudre au moins partiellement les problèmes. Il est donc capital de mettre au point des stratégies de participation des individus à la recherche de solutions tout comme il faut apporter à chacun les connaissances, les savoir-faire et la motivation indispensables à la maîtrise du phénomène de changement global de l'environnement planétaire1.
Or, depuis la Conférence de Rio, on constate que les programmes d'éducation au développement qui intègrent la notion de durabilité dans leurs actions sont peu nombreux, en particulier en Europe, qu'il s'agisse des programmes développés dans le cadre scolaire ou en dehors de celui-ci. Les programmes d'éducation à l'environnement qui prennent en compte la dimension du développement sont, quant à eux, quasiment inexistants.
Pourtant, si l'on considère qu'un développement durable au Nord est bien une condition du développement durable au Sud, la nécessité d'une collaboration entre les associations de solidarité internationale et les associations de défense de l'environnement devient évidente.
Reste que la séparation qui existe encore entre environnement et développement dans les institutions et dans le milieu associatif ne facilite guère cette coopération.
Associations
La complexité de l'EE rend difficile le travail des enseignants, qui ont alors tendance à s'adresser à l'extérieur pour trouver des "produits préfabriqués". Les associations d'initiation à l'environnement interviennent ainsi à l'école et, dans certains cas (comme en Italie), prennent en charge la gestion complète de l'EE dans le système scolaire. Leurs actions ont cependant le plus souvent un impact local et limité faute de moyens. Les associations interviennent aussi à travers les loisirs : centres d'éducation à l'environnement, parcs, réserves naturelles, etc. La médiatisation des actions de militantisme des associations de défense de l'environnement constitue, en elle-même, une source de messages environnementaux de caractère "naturaliste" envers le grand public mais elle est également limitée.
Des associations de professionnels de l'EE (enseignants, animateurs) ont été créées dans plusieurs pays. Elles ont pour objectif de faire avancer la réflexion autour de l'EE par l'échange d'expériences et ont joué un rôle important dans la formation des enseignants et des animateurs. Cependant, ces rencontres ne débouchent pas toujours sur une réflexion théorique approfondie sur l'EE mais constituent plutôt un lieu d'échange sur les pratiques d'EE ("recettes" d'animation). Il y est plus question d'"animation nature" que d'EE, comme si l'environnement était ailleurs : là où l'homme n'a pas accès.
Les associations peuvent jouer un rôle considérable dans l'éducation du grand public en intégrant les éléments économiques, sociaux, environnementaux ou éthiques dans les systèmes de formation "officiels" aussi bien que dans les systèmes traditionnels de transmission des connaissances. Le "Cirque de la santé et du Bonheur" dans l'Amazonie au Brésil combine l'éducation à la santé, l'éducation à l'environnement, l'art, les communications et la production rurale. Mené par une équipe interdisciplinaire composée de médecins, infirmières, enseignants et artistes, ce projet a pour but d'améliorer la capacité des gens de la communauté à comprendre l'environnement et de leur fournir les outils pour agir tout en valorisant la culture et l'identité locale2.
Il faut distinguer ici les associations publiques des associations privées. Les premières sont généralement créées par des collectivités territoriales et ne disposent pas d'indépendance financière (cas des Maisons de la Nature en France) ni d'autonomie quant au choix du message transmis. Celui-ci dépendra alors de l'image de marque que la collectivité désire diffuser auprès du public. Les associations privées, en revanche, disposent d'une indépendance qui leur permet de mettre en question, le cas échéant, les choix politiques qui ont un impact sur l'environnement et le message qu'elles transmettent porte le plus souvent la marque d'un véritable engagement.
Médias
Les médias de masse répondent à la nécessité d'une alphabétisation environnementale du public non scolaire et pallient également en partie les carences du système éducatif.
Cependant,vulgariser les sciences dans le domaine de l'environnement se révèle une entreprise périlleuse : des sources d'expertise multiples se contredisent, des intérêts économiques divergents opposent les acteurs impliqués. Les termes scientifiques et les méthodes d'analyse sont souvent présentés sans être explicités, ou bien encore on fait abstraction de l'incertitude scientifique, ce qui contribue probablement à renforcer la confusion du public. Les problèmes de l'environnement sont présentés comme des problèmes de gestion et non comme la conséquence d'un système de production/consommation3.
Pourtant, la prise en compte régulière de l'environnement dans les médias familiarise le public avec des concepts et des images scientifiques et banalisent des termes spécialisés qui entrent ainsi dans le langage courante. Le trou dans la couche d'ozone, l'effet de serre, le principe "pollueur - payeur", étaient des concepts chimiques, physiques, économiques sans signification pour la plupart d'entre nous il y a encore peu de temps. Ils font maintenant partie de notre vocabulaire et de notre univers quotidiens.
Il reste néanmoins qu'il ne faudrait pas que les médias contribuent comme ils le font trop souvent à entretenir la peur des crises environnementales et un sentiment d'impuissance devant les problèmes de dimension planétaire.
Entreprises
Certaines entreprises interviennent en EE par la vente de matériel pédagogique et par la sponsorisation d'associations. Le matériel pédagogique (ouvrages de référence, films, jeux, logiciels, etc) diffusé dans les écoles lors d'activités d'EE véhicule par l'intermédiaire de l'enseignant, des messages culturels qui peuvent parfois être en contradiction avec les valeurs éducatives que ce dernier souhaite transmettre à ses élèves. D'autre part les associations sponsorisées sont amenées à servir les intérêts ou du moins à faire de la publicité pour les entreprises qui financent leurs actions.
Les institutions au Nord : l'exemple de la France
Le ministère de l'Education nationale, en collaboration avec le ministère de l'Environnement fait figurer l'éducation à l'environnement dans certains contenus de l'enseignement. Par ailleurs, il s'agit d'établir des convergences entre l'enseignement de certaines disciplines au programme obligatoire cette discipline et l'éducation au développement. L'objectif est d'aider l'élève à faire le lien entre ce qu'il apprend et ce qu'il vit tout en développant son sens de la responsabilité vis-à-vis de soi et des autres. On considère ces deux thèmes transversaux, tout comme le sont les droits de l'homme et la formation du citoyen, comme devant faire partie intégrante de la culture de base.
Le ministère de l'Education nationale et celui de l'Environnement tiennent ce même discours qui s'applique à l'ensemble du système scolaire et universitaire. Il se traduit par des circulaires, des notes de service, des protocoles comme celui du 15 février 1993 qui stipule :"l'éducation à l'environnement, par des démarches scientifiques interdisciplinaires, vise à rendre chacun conscient de sa place dans le milieu, de son action sur celui-ci et à donner à tous les moyens d'un comportement responsable". La coopération entre les deux ministères se traduit par la mise en place d'une commission mixte, par des stages et des rencontres entre les deux administrations.
L'éducation nationale s'est dotée de son côté d'un certain nombre de moyens :
- moyens d'action : parmi ceux-ci, on peut citer les Projets d'Action Educative (PAE) qui favorisent la pluridisciplinarité ; les Actions de partenariat Nord/Sud qui, par le biais de jumelages d'établissements scolaires, se traduisent par la correspondance et l'envoi de matériels scolaires et plus rarement par des échanges.
- moyens en formation : de 1983 à 1988, dans le but de favoriser la démultiplication de la formation (formation de formateurs), des Ateliers de Sèvres se sont tenus à la demande des Ong et de l'Administration centrale. Par ailleurs, des délégués à l'éducation au développement, dans chaque rectorat, ont pour mission de développer des stages de formation pour les enseignants.
- mise en place de partenariats : depuis 1987, l'Education nationale a régulièrement pour partenaires de nombreuses organisations : le Comité Français pour l'Unicef, les Clubs de l'Unesco, Orcades, le CCFD,...
- collaborations avec d'autres ministères : ministères de l'environnement, déjà mentionné, mais aussi ministère de l'agriculture dans d'autres actions, telle celle intitulée "A l'école de la forêt" qui sensibilise les élèves des écoles primaires aux rapports entre la protection de la forêt et sa gestion.
Le bilan est pourtant à nuancer : s'il y a une politique affirmée de traiter les deux thèmes, à aucun moment n'est établi un lien entre les deux, hormis parfois la journée "Tiers Monde à l'Ecole". Les associations partenaires, de leur côté, manquent de moyens techniques et humains pour accomplir leur mission.
Depuis 1992, l'ensemble des formations menant au métier d'enseignant (de la maternelle à la terminale) est pris en charge par les Instituts Universitaires de formation des Maîtres. Dans querlques IUFM se mettent en place des modulesde formation à l'environnement, intégrant la dimension du développement durable.
2. LE DEBAT INTERNATIONAL
Une reconnaissance internationale au niveau institutionnel
La reconnaissance internationale de l'importance d'un effort éducatif autour de l'environnement se matérialise dès les années 1970 avec le lancement du Programme International de l'EE (Education relative à l'Environnement), parrainé à la fois par l'UNESCO et le PNUE (Programme des Nations Unies sur l'Environnement). Ce programme fait suite aux recommandations de la première Conférence des Nations unies sur l'environnement humain, tenue à Stockholm en 1972. Les objectifs assignés à l'EE étaient alors de permettre une prise de conscience des problèmes environnementaux et d'autre part l'acquisition de connaissances, d'attitudes et de savoir-faire permettant l'engagement dans des actions individuelles ou collectives. L'EE peut être définie par ses objets d'étude : en tout premier lieu, les problèmes de l'environnement (pollution, nuisances,...) dont les origines se situent dans les activités humaines économiques qui sont basées sur l'utilisation des ressources4, deuxième objet de l'EE.
Le concept d'"écodéveloppement" adopté au lendemain de la Conférence de Stockholm, a servi de fil conducteur à quelques projets d'EE menés depuis 1970, comme, par exemple, les expériences de "formation pour l'environnement" menées dans plusieurs pays africains5. De nombreuses actions pilotes, propositions d'aides didactiques ou publications relatives à l'EE ont vu le jour dans plusieurs pays.
La La CNUED (Conférence des Nations unies sur l'environnement et le développement) créée en 1983 à l'initiative des Nations Unies, insiste dans son rapport ("Rapport Brundtland", 1987) sur la nécessité "de campagnes d'information intensives, de débats, et de la participation de tous et de chacun"6. L'effort éducatif sera, selon la Commission, l'oeuvre des groupes de citoyens, des organisations non gouvernementales (ONG), des institutions d'enseignement et de la communauté scientifique. Il existe ainsi au Kenya et au Brésil des projets d'EE inspirés du concept de "développement durable" que cette commission a contribué à développer dans le monde entier.
La CNUED tenue à Rio en 1992 a fait l'objet d'une importante campagne médiatique qui a contribué à la popularisation des problématiques environnementales. Un des faits marquants de cette conférence a été la tenue par des organisations non gouvernementales d'un forum parallèle à la rencontre des chefs d'Etat. Les mouvements de citoyens sont ainsi apparus à la fois comme un interlocuteur de poids et comme une seconde source d'information et d'éducation à l'environnement ; leurs thèses ont été ainsi largement diffusées (voir encadrés 1 et 2).
Plus de vingt ans après sa naissance, le bilan global des programmes éducatifs inspirés par le concept d'Education à l'Environnement est cependant très mitigé. Si la réflexion méthodologique et les actions développées fournissent une base solide pour l'avenir, l'EE dans les systèmes éducatifs est presque partout fort réduite7. Le travail des institutions scolaires dans ce domaine ne trouve de relais ni vers le "grand public", ni vers les responsables de la gestion de l'environnement.
Les partenaires de l'EE
Au Nord, ce sont les ministères de l'Education Nationale qui sont généralement chargés de la coordination des programmes d'EE. Ils collaborent souvent avec d'autres institutions : autres ministères, établissements scolaires, organisations intergouvernementales telles que l'UNESCO. Ils collaborent aussi avec des entreprises et avec des associations. Ils forment des enseignants, établissent des inventaires, produisent et diffusent des matériels pédagogiques, proposent des activités pour les établissements scolaires.
Mais du fait de son caractère innovant et interdisciplinaire, l'EE rencontre de nombreuses difficultés. Dans le cadre scolaire elle se heurte souvent au fonctionnement centralisé et rigide des systèmes éducatifs ; au cloisonnement disciplinaire (l'absence de plages horaires communes à tous les cursus fait que la formation d'équipes interdisciplinaires se fait difficilement) ; aux visions "traditionnalistes" de l'administration scolaire ou des parents ; au manque de financement. ; à la non reconnaissance de cette éducation par non-validation lors des examens en concours.
De plus, l'intégration de l'EE dans les programmes scolaires se fait d'abord au travers des sciences exactes et rarement par les sciences humaines. En outre, on a encore peu recours à des approches interdisciplinaires : l'approche dominante est naturaliste, centrée sur l'observation du milieu à travers des expériences de recherche sur le terrain ou de préparation de jardins scolaires. L'enseignement de l'EE est également dispensé dans des cours magistraux dans lesquels les relations de l'homme avec son environnement sont abordés sous le seul angle des pollutions et des nuisances. L'EE conçue comme une éducation civique en est encore au stade du voeu théorique, sans application concrète. Les interactions entre systèmes écologiques, économiques et politiques et entre environnement et développement ne sont pas expliquées.
Au Sud, il se pose d'autres problèmes encore : absence quasi totale de matériels éducatifs dans les langues nationales, manque de formation des enseignants.
Institutions internationales et régionales
Des institutions comme le Bureau International du Travail mènent des recherches sur la formation d'adultes et sur l'environnement dans une perspective de développement durable, pour promouvoir notamment un développement économique et social de populations du Sud qui protège l'environnement. Ces projets ont pour but d'améliorer la capacité des communautés à comprendre l'environnement et à agir dans des domaines variés (santé, biodiversité) tout en valorisant la culture et l'identité locale.
La CEE
L'action de la Communauté Economique Européenne (CEE) en matière d'Education à l'Environnement s'est traduite par la création d'un réseau "d'écoles pilotes" où des projets d'EE se mettent en oeuvre à travers toute l'Europe. En 1988, à la suite de cette expérience, la CEE adopta une résolution dans laquelle les états membres affichaient leur volonté de promouvoir l'EE.
Partant du constat qu'il existe une demande croissante de personnel spécialisé en matière de protection de l'environnement, la CEE a mis en place un certain nombre de projets. C'est ainsi qu'en 1989, la CEE finance des projets d'échanges pour les jeunes : "Jeunes pour l'Europe" (45 projets), ARION (5 visites d'experts), ERASMUS (20 programmes interuniversitaires), COMMET (54 projets en agriculture, environnement et audiovisuel/observation). Depuis 1990, en dehors des programmes scolaires, 50 projets interdisciplinaires sont financés chaque année (400 000 Ecus/an). Il s'agit d'échanges d'expériences et de la création de démarches (Campus Européens de l'Environnement) et d'outils didactiques.
Si l'orientation de ces projets se veut très globale, il faut bien reconnaître qu'il est difficile de passer de la déclaration d'intention à l'institutionalisation de l'EE ou de l'expérimentation à une généralisation qui permette à tous, et en particulier au public adulte d'en bénéficier. Ce n'est, en effet, que par l'alphabétisation environnementale du plus grand nombre de citoyens que la participation à la prise de décisions peut être renforcée à l'intérieur de systèmes démocratiques dignes de ce nom.
Par ailleurs, on note l'absence de lien entre éducation au développement et éducation à l'environnement, même si certaines opérations comme les "Campus Européens de l'Environnement" mettent l'accent sur d'autres aspects, tel l'échange des cultures.
Les gouvernements au Sud : des exemples de réforme
Certains gouvernements du Sud ont tenté des réformes radicales de leur système éducatif avec une visée environnementale, cette dernière dimension étant considérée comme vitale en raison de la dégradation de certaines ressources du pays. A Madagascar, une loi de 1978 prévoyait que les formations aussi bien primaires que secondaires ou professionnelles devaient faire une large part à l'adaptation de l'éducation à la culture du pays, voire à l'intégration de l'environnement à l'éducation. Ce projet a eu un impact réel sur le programme d'enseignement de base et les manuels d'enseignement ont été complètement remaniés. La réforme a pourtant échoué au bout de cinq ans car insuffisamment préparée et appliquée de façon trop précipitée. Elle imposait par exemple d'un seul coup l'usage de la langue malgache, ce qui bouleversait trop brutalement les habitudes des enseignants et des élèves.
Une autre expérience tentée en Ouganda (en zone rurale) associait étude de l'environnement local, expérimentation et production agricole. Les bénéfices générés par la commercialisation des produits payaient la pension des élèves. Fort de son succès auprès des communautés locales qui impliquait jeunes, femmes et hommes, le projet se généralisa au bout de six ans sous le nom d'"éducation de base intégrée".
Du côté des Ong...
Au Nord, nombreuses sont les associations de solidarité internationale qui, conscientes de l'importance de l'éducation au développement, investissent une grande partie de leurs moyens humains et financiers dans domaine. Mais bien souvent l'éducation au développement touche un public déjà acquis.
Souvent conscientes de la globalité des enjeux, elles conçoivent, à titre individuel (AUI : Action d'Urgence Internationale) ou en association avec d'autres, des programmes et des manifestations (colloques, expositions, spectacles, courses à pied solidaires, échanges Nord/Sud) liant les thèmes de l'environnement et du développement auxquels s'ajoutent aussi d'autres approches comme celle de l'interculturalité.
Les associations environnementalistes ont, de leur côté, une approche surtout naturaliste et locale, ce qui rend difficile l'approche Nord-Sud des problèmes environnementaux. Quant aux rapports Nord/Sud, ils sont souvent abordés sous l'angle humanitaire, ce qui rend difficile une discussion sur les modèles actuels de développement.
3. PROPOSITIONS POUR LES Ong FRANCAISES
Au cours des années 80 la notion de développement a été malmenée à cause du renforcement de la tendance humanitaire et caritative de l'aide. Pourtant, dans les pays du Nord la réduction des inégalités a été le résultat combiné de la mise en place de systèmes de cotisations sociales... et d'efforts d'organisation des plus exploités. A l'échelle de la planète, c'est aussi vers de telles solutions qu'il faut aujourd'hui s'orienter.
La rupture avec la seule logique de l'aide impose que la solidarité soit construite sur deux piliers : d'une part la reconnaissance de l'Autre, de son autonomie, de ses capacités, de ses projets, et d'autre part, la remise en cause des comportements, des structures , des modes de vie qui, chez nous, renforcent les inégalités. Parmi les injustices les plus évidentes dénoncées par les pays en développement, figure la pression exercée par les sociétés développées sur les ressources renouvelables et non renouvelables de la planète.
La notion de développement s'est donc déplacée, pour les associations de solidarité, du Sud vers le Nord. C'est cette perspective qui fonde aujourd'hui la nécessité de lier les deux types d'éducation et la collaboration entre les associations de solidarité internationale et les associations environnementalistes mais également de rechercher des collaborations entre acteurs venus de milieux en principe éloignés les uns des autres : recherche, médias, Ong, élus, etc.
Les Ong du Nord ont un rôle à jouer dans la prise en compte des enjeux environnementaux dans l'éducation au développement, que ce soit au niveau de l'acquisition des connaissances, des actions de protection ou de gestion de l'environnement ou encore dans l'exercice des responsabilités individuelles et collectives.
Comment lier les deux types d'éducation ?
Les Ong de solidarité internationale ont traditionnellement pour démarche de démontrer les interdépendances entre les pays du Nord et les pays en développement. Cette démarche est également pertinente lorsqu'il s'agit de développement durable et les actions éducatives doivent favoriser une compréhension du local par le global autant que du global par le local.
Il s'agit de démontrer que les enjeux planétaires de l'environnement et de la solidarité sont constamment liés par le biais d'actions qui s'appuient sur des expériences pratiques et concrètes montrant la complexité des questions traitées.
Pour ce faire, on peut s'appuyer sur des sujets connus et d'actualité. Par exemple, celui de l'aménagement et du développement des territoires, décliné en termes de désertification rurale d'une part, surpopulation, pollutions urbaines d'autre part. Une pédagogie de l'environnement et de la solidarité devrait permettre à chacun de connaître le milieu dans lequel il vit et de comprendre les interactions qui se produisent entre lui, les autres êtres humains et les différents milieux de la biosphère.
Les acteurs de l'éducation au développement durable
L'éducation au développement durable peut s'adresser à chaque citoyen et à tous les milieux professionnels : l'agriculteur est concerné car son métier l'amène à utiliser des pesticides, mais aussi le transporteur routier et son carburateur mal réglé, l'imprimeur et son papier blanchi au chlore, l'agent d'entretien et sa lessive riche en phosphates, la ménagère dans son appartement, tous devraient pouvoir trouver des lieux d'information proches pour les amener à agir en citoyens responsables de leur mode de vie.
Dans la mesure où l'éducation au développement et à l'environnement a pour ambition de "faire bouger les choses", les messages devront dépasser l'aspect purement informatif de protection de la nature pour montrer au citoyen comment il peut concrètement agir dans sa vie quotidienne pour améliorer son environnement et favoriser le développement durable de toute la planète.
Dans le domaine de la solidarité, il faut là aussi insister sur des actions concrètes et durables à réaliser mettant en relation les réalités du Nord et du Sud. On peut, par exemple, promouvoir des pratiques d'échange équitable et de commerce solidaire.
Une politique d'échanges...
La complexité et l'importance, voire l'urgence, des enjeux nécessitent la confrontation d'approches culturelles et sociales différentes entre régions d'Europe et entre continents. La rencontre et le dialogue de ces diversités est l'une des conditions indispensables à l'émergence d'une véritable citoyenneté régionale et planétaire.
La Ligue française de l'Enseignement préconise également le jumelage entre équipes et structures investies dans des démarches éducatives similaires en valorisant le caractère équitable et réciproque de la relation d'échange.
...et de collaboration entre institutions
Certaines associations se consacrent exclusivement à l'éducation au développement et collaborent souvent avec l'Education nationale (Ligue de l'Enseignement, Orcades). Depuis Rio, elles metttent en oeuvre des campagnes et des programmes destinés à faire comprendre que le développement et l'environnement sont indissociables ("Un seul monde" ; le programme "Planète Passion") : actions pédagogiques concernant l'environnement, comme la récente campagne européenne "Eco-école" dont l'initiative revient à la FEEE8 et à la LFEEP9 déjà mentionnée ; création du label du même nom décerné conjointement à des écoles primaires, à des municipalités ou à des collectivités territoriales. Celles-ci s'engagent à agir sur un programme de trois ans pour l'environnement de leur commune ou pour leur cadre de vie quotidien mais en relation avec l'environnement planétaire. Un autre label, CED "Citoyenneté-Environnement-Développement" lancé aussi par la LFEEP fait la promotion de l'éducation à l'environnement dans des perspectives de développement durable et de prise en compte des enjeux planétaires (voir encadrés 3 et 4).
De telles initiatives restent cependant limitées et, bien souvent, la complexité même du sujet empêche ces Ong de faire passer leur message auprès du public, surtout lorsqu'elles s'adressent à un public scolaire. Ainsi, des notions telles que le "développement local" est bien compris et bien mis en oeuvre, mais des notions telles que le développement régional, national et européen (l'aménagement des territoires) et le développement global, à l'échelle planétaire ("développement durable"/"développement solidaire") sont abordés avec beaucoup plus de difficultés (graph. 1).
Les enseignants ou les intervenants des Ong peuvent prolonger les actions ou structures déjà existantes au sein de l'Education nationale, par exemple, profiter des journées de l'Environnement à la fin de l'année scolaire pour en faire l'aboutissement d'initiatives formulées lors de la journée Tiers Monde à l'Ecole en octobre10.
... et entre associations de développement et d'environnement
Une coopération plus importante des associations de solidarité internationale et d'environnement est indispensable. Les compétences complémentaires de ces associations permettraient d'amener un public plus vaste à prendre conscience et à agir dans le sens du développement durable.
Les Ong et les élus
Si le développement est une affaire de concertation d'acteurs, le monde associatif pourrait oublier la méfiance qu'il entretient vis-à-vis des élus pour essayer de faire pression sur eux en matière de développement et d'environnement. On peut, par exemple, demander à une municipalité qu'elle fasse faire des travaux d'isolation thermique sur des logements HLM et que les économies d'énergie ainsi réalisées financent des projets de développement au Sud. Par ailleurs, ce type d'actions pourrait fournir quelques emplois bienvenus en la période actuelle de crise du travail.
Les Ong et les médias
Les Ong devraient mener une réflexion fondamentale sur les médias, notamment sur la télévision. Comme nous l'avons vu dans la partie précédente, l'éducation passe aussi par l'information. Les Ong devraient unir leurs forces pour être en mesure de réclamer la parole et de diffuser leur message sur les chaînes les plus regardées. La télévision n'est-elle pas dans certains cas un service public ? Des expériences en la matière, telle celle de l'émission "Chassés Croisés" produite par le CRID et diffusée par TV5 en 1992 devraient encourager à travailler en ce sens.
Les Ong et la recherche scientifique
La participation de tous aux débats démocratiques, scientifiques et techniques est nécessaire pour soutenir une politique de véritable coopération politique, économique et culturelle. Il est, en effet, indispensable de mettre à la portée de chacun les sciences du domaine de l'environnement pour permettre à l'ensemble de la population d'intervenir dans les choix techniques et scientifiques et dans les orientations économiques qui affectent son environnement.
C'est pourquoi tout le monopole de l'information scientifique doit être combattu car il rend impossible l'exercice du contrôle démocratique de la science par les citoyens. Le rôle de sources d'expertise indépendantes est donc prioritaire pour l'exercice d'un contre-pouvoir face aux sources officielles de diffusion de l'information scientifique sur l'environnement. Ce rôle pourrait être joué par les institutions de la société civile relayées par les Ongs auprès du grand public.
La formation des intervenants en éducation au développement durable
Dans la mesure où l'avènement d'une société durable passe par l'action de chacun, la LFEEP préconise qu'on fasse appel à des spécialistes formés et reconnus mais aussi à des intervenants occasionnels : animateurs, jeunes en formation, professionnels en activité, retraités, mères de famille, etc. Des formations et sensibilisations courtes, modulables, progressives, peu onéreuses seraient nécessaires pour faire en sorte qu'un "référent" soit présent dans le plus grand nombre de lieux et de structures possibles.
L'éducation au développement durable au Sud
Nous l'avons vu, l'interdépendance de nos sociétés du Sud et du Nord oriente nécessairement l'éducation au développement durable vers les échanges d'expériences. Le travail des Ong du Nord doit donc principalement s'appuyer sur les analyses et sur les orientations des pays du Sud en la matière. Tâchons d'en esquisser ici quelques objectifs définis par les Ong et par les chercheurs du Sud.
Au Sud également, il est souhaitable que l'éducation environnementale soit intégrée dans tout le processus éducatif car tout le monde, du paysan au décideur, est concerné. Là aussi l'imbrication de l'éducation à l'environnement et au développement répond à la nécessité de former un projet de société. Ceci implique une rénovation globale des systèmes d'éducation, objectif apparemment démesuré pour des pays aux moyens très limités. Mais, si l'on considère que c'est l'éducation de base qui conditionne le reste du système, alors le changement ne paraît plus matériellement impossible.
Reste que dans beaucoup de pays l'éducation formelle ou étatique sert uniquement l'élite et que souvent, c'est aux habitants des communautés de s'organiser et de se donner les moyens d'avoir accès à une éducation de base... (voir encadré 5).
Quelles pourraient être les caractéristiques d'une telle éducation ?
L'ancrage dans un milieu, un"terroir" à partir de l'observation des réalités de la communauté, du village, des activités menées dans le milieu de l'apprenant est perçu d'emblée comme fondamental par la plupart des chercheurs.
L'éducation environnementale s'inscrit naturellement dans une telle approche de découverte pratique et permet à une communauté, à une population de s'approprier son milieu. Cette démarche élargie à un pays, à un continent permettrait aux populations du Sud de se construire une identité pour pouvoir ensuite la revendiquer face aux autres continents et à leurs modèles de développement.
Car l'un des enjeux de l'éducation au Sud est bien "d'apporter quelque chose de soi dans le concert des nations de demain"11 et de ne plus copier les modèles venus du Nord.
Bien sûr, la qualité de l'éducation reposant sur celle des formateurs, ceux-ci auraient tout intérêt à se former au contact des réalités de leurs pays plutôt qu'exclusivement à l'étranger.
Autre enjeu de taille à relever : la lutte contre un modèle occidental de développement remis en cause à Rio pour le danger qu'il représente pour l'humanité entière et la fascination que la société de consommation des pays du Nord exerce souvent sur les pays du Sud.
Parmi les objectifs spécifiques de l'éducation au Sud, on peut également citer la mise en garde des populations à la fois contre l'utilisation de produits chimiques comme les pesticides, contre l'importation dans leurs pays de produits frelatés (médicaments) et contre l'installation d'industries polluantes. Les populations du Sud doivent, en effet, se prémunir contre la volonté de certains décideurs du Nord d'exporter le traitement des déchets au Sud et contre l'acceptation de ce type d'opérations sur leur territoire par certains décideurs du Sud.
Les atouts des pays du Sud
Les pays du Sud possèdent des atouts majeurs pour réussir une telle éducation. En effet, la culture traditionnelle dans les pays du Sud comporte un ensemble de savoirs qui intéresse directement le développement et le respect de l'environnement, et dont la justesse est souvent confirmée par la recherche scientifique. Les pasteurs Fulani du Niger, par exemple, connaissent et appliquent la méthode scientifique du groupe témoin lors de l'expérimentation de nouveaux médicaments contre la cécité de leurs troupeaux.
Par ailleurs, les savoirs traditionnels sont considérés comme un bien à partager avec la communauté tout entière : dans la pharmacopée africaine, celui qui hérite des savoirs doit lui-même y ajouter quelque chose de nouveau. il existe donc un concept d'accumulation, mais qui est intégré au bien communautaire et pas seulement à celui de tel ou tel individu12. Ces traditions s'opposent à la conception individualiste occidentale de propriété intellectuelle à travers de très monneyables brevets et licences.
La tradition animiste elle-même n'offre-t-elle pas une entrée directe sur une culture environnementale quand dans les pays du Nord, une véritable "alphabétisation" en la matière est devenue nécessaire.
Pour conclure sur l'éducation au développement durable au Sud, on pourrait citer Pierre Rakatomalala : le développement durable, l'éducation environnementale lancent aux pays en développement un double défi : celui de l'affirmation préalable de son identité et celui, majeur, de l'épuisement sans rémission de ses ressources naturelles. En tout cas, les promesses de solidarité mondiale affirmées à Rio resteraient vaines si les pays en développement ne réagissaient pas en s'assumant pleinement... et n'agissaient résolument et sans tarder. Il est presque trop tard.
L'éducation au développement durable pour un projet de société
L'éducation au développement et à l'environnement remplit une fonction politique dans le sens de l'étymologie du mot "politique" ("gestion de la Cité"). En permettant à chaque citoyen, grâce à l'information et à la connaissance, de participer à la prise de décisions, elle contribue à instaurer une véritable démocratie et devient synonyme d'éducation à la citoyenneté. Face aux bouleversements de nos sociétés, nous devons pratiquer une éducation pour le changement, notion maintenant fondamentale, et aussi pour la sécurité, la paix, la tolérance et la solidarité, dans un véritable projet de société.
UN EXEMPLE D'EDUCATION A L'ENVIRONNEMENT ET AU DEVELOPPEMENT
ORCADES : UNIVERSITE D'ETE 1991
En 1991, forte de son expérience dans la formation et la production de matériels pédagogiques, ORCADES organisait une Université d'été avec le concours de l'Education nationale. Cette Université d'été est destiné à former des formateur, surtout des enseignants, sur les problèmes d'environnement et de développement.
Les objectifs de formation des organisateurs de l'Université étaient les suivants : comprendre la relation qui existe entre les problèmes d'environnement et de développement, découvrir la richesse de l'approche interdisciplinaire, mettre en place des situations d'apprentissage permettant le travail sur des thèmes transversaux, créer un réseau d'échange international pour l'organisation de projets communs.
Les participants ajoutaient à ces objectifs celui d'étudier comment varier les méthodes destinées à former les écoliers à être "des jeunes citoyens du monde", que le cadre de la formation soit l'école ou les associations.
L'Université d'été a duré une semaine et comprenait des conférences, en matinée, consacrées à la compréhension des relations entre environnement et le développement et des ateliers de travail l'après-midi. Les thèmes des conférences menées par des orateurs extérieurs (juristes, représentants officiels, chercheurs, consultants) allaient des atteintes à l'environnement en Afrique de l'Ouest et à la forêt tropicale du Sud-Est asiatique aux "indicateurs du développement et développement des indicateurs".
De nombreuses ressources documentaires (sur les outils informatiques, video, audio-visuels et pédagogiques) étaient à la disposition des participants et un système d'évaluation permanente permettait l'inter-action entre le programme prévu et les demandes précises des participants.
Cette Université constituait le développement logique d'une approche commencée il y a quelques années par l'Académie de Poitiers. La majorité des participants ont envisagé comme prolongement de cette université l'organisation de réunions régionales et départementales et au sein des académies, la création d'un réseau télématique (minitel), une lettre d'information qui rende compte des activités de chacun, une évaluation à long terme.
Dans l'ensemble, les participants ont considéré que les objectifs coïncidaient avec les méthodes. La documentation a été jugée variée, exploitable mais on regretta le manque de temps pour la consulter. Des objectifs de départ, c'est celui sur la compréhension entre environnement et développement qui a été estimé le mieux atteint. En revanche, les participants ont considéré que la mise sur pied d'un réseau international d'échange constituait un objectif trop ambitieux.
Rôle des gouvernements vu par l'Agenda 21.
La promotion de l'éducation, de la sensibilisation du public et de la formation est un thème transversal à tous les domaines abordés par l'agenda 21. Le texte demande aux gouvernements de rendre accessible à chacun, quel que soit son âge, l'éducation à l'environnement et au développement et de préparer les populations à affronter les problèmes croissants liés à ces deux domaines pour évoluer vers des sociétés durables.
Selon ce texte, l'éducation de base est, bien sûr, prioritaire et indispensable à une bonne compréhension des changements planétaires. Tous les pays devraient donc dispenser un enseignement primaire à 80 % au moins des enfants et ramener l'analphabétisme à la moitié au moins de son niveau de 1990 ,y compris pour les femmes.
Tous les programmes d'enseignement scolaire et universitaire doivent inclure les questions d'environnement et de développement mais on doit pouvoir également traiter ces questions dans les activités non scolaires au niveau local, régional et national.
La sensibilisation du public passe par la diffusion de l'information et l'élaboration de matériels pédagogiques, mais aussi par l'appui de propositions de loisirs et de tourisme qui respectent l'environnement. Coopérer avec les médias ou les secteurs du spectacle et de la publicité pour promouvoir un débat public, employer les techniques modernes de communication pour atteindre toutes les couches de la population, telles sont les méthodes que les gouvernements doivent mettre en place. Les industries, les universités, les pouvoirs publics, les Ong, les organisations communautaires doivent contribuer à ces programmes de sensibilisation.
Dans le domaine de la formation, les pays doivent recruter et former des spécialistes locaux de l'environnement. La formation des décideurs et des responsables est également indispensable.
En matière d'information, les gouvernements doivent faire en sorte que les communautés locales, les utilisateurs des ressources et, d'une façon générale, tous les secteurs de la société bénéficient de l'information et des compétences nécessaires pour gérer durablement leur environnement. Ils doivent également élaborer des indicateurs qui, intégrés dans les évaluations nationales, en particulier économiques,permettront de créer un mécanisme de surveillance du développement durable. Une assistance financière sera, bien entendu, nécessaire pour permettre aux pays en développement d'accéder aux systèmes d'information et aux bases de données privées.
Enfin, les gouvernements doivent tenir compte de l'expérience et des connaissances des populations indigènes en matière de développement durable qui peuvent jouer un rôle important dans les programmes d'éducation, de formation et d'information.
L'éducation au développement durable vue par les Traités des Ong.
Insatisfaites des textes officielles, les Ong ont signé à Rio leurs propres Traités.
Ceux-ci définissent l'éducation au développement durable à la fois dans ses aspects environnementaux, mais aussi dans ses dimensions politiques et sociales. En rappelant tout d'abord que l'éducation est un droit pour chaque individu, le chapitre 5 des Traités indique que l'éducation au développement durable est un acte politique de transformation sociale. Elle doit mener à la création de nouveaux modes de vie qui permettront la satisfaction des besoins essentiels de tous. En ce sens, elle doit stimuler "la solidarité, l'égalité et le respect des droits humains à partir de stratégies démocratiques, dans un climat ouvert d'interaction culturelle" et permettre le dialogue entre les individus et les institutions. L'éducation au développement durable doit également amener le citoyen à comprendre qu'il y a des limites à l'exploitation par l'être humain des autres formes de vie et l'aider à faire le lien entre le niveau local et le niveau planétaire, entre surproduction/surconsommation au Nord et sous consommation/sous production au Sud.
Mais pour appliquer ces principes, il est nécessaire de démocratiser les moyens de communication de masse qui, transformés en canaux d'éducation privilégiés, diffuseront l'information et favoriseront les échanges d'expériences, de méthodes et de valeurs.
Dans le plan d'action proposé, les Traités, comme l'Agenda 21, insistent sur la nécessité de pratiquer une éducation au développement durable en pratiquant l'interdisciplinarité que ce soit dans un cadre scolaire ou non scolaire. L'éducation au développement durable doit promouvoir et soutenir les compétences humaines en matière de préservation, de conservation et de gestion de l'environnement, informer sur les savoirs et la mémoire populaire et sur les technologies faisant un bon usage des ressources naturelles.
Au plan organisationnel, l'éducation au développement durable passe par des campagnes individuelles et collectives en faveur de nouveaux modes de vie, campagnes organisées par des Ong, des mouvements sociaux et des réseaux d'éducateurs.
Le texte du traité d'éducation au développement durable a d'abord été élaboré sous la forme d'une Charte de l'Education Environnementale avec des contributions provenant de 5 continents. La version finale du Traité a été présentée le 9 juin 1992 durant la réunion plénière du Forum International des Ong.
L'enseignement dans les pays en développement
Illettrisme
Près d'1 milliard de personnes - 35 % de la population adulte - sont encore illettrées, et le taux d'abandon au niveau de l'enseignement primaire est encore de 30 %.
Enseignement primaire et secondaire
Le taux de scolarisation dans l'enseignement primaire a augmenté au cours des deux dernières décennies et est passé de moins de 70 % à près de 90 %. Au cours de la même période, le taux de scolarisation dans l'enseignement secondaire a presque doublé, passant de moins de 25 % à 40 %.
Enseignement supérieur
Le taux de scolarisation dans l'enseignement supérieur a plus que doublé de 1965 à 1990.
Plus d'1/3 de la population adulte décroche avant la fin du secondaire ou des études supérieures.
Source : PNUD, Rapport sur le développement humain, 1994
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Horizon Local 1997
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