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La gestion de proximité: une condition essentielle des mécanismes de garantie solidaire

Par Marc LABIE, Université de Mons-Hainaut, Faculté Warocqué des Sciences Economiques (Belgique)


Introduction

Lorsque l'on s'intéresse aux systèmes imaginés pour fournir du crédit aux petites et micro-entreprises (MPE), on se trouve confronté, à un moment ou à un autre, aux mécanismes de garantie solidaire employés par de nombreuses institutions actives dans ce secteur. Considéré comme l'élément-clé d'une méthodologie spécifiquement orientée vers les MPE par les uns, il est cependant de plus en plus souvent remis en cause par d'autres. L'objet de cet article est de fournir quelques éléments de réflexion pour permettre à chacun de mieux comprendre ce débat essentiel pour les institutions actives en microfinance.

Présentation du mécanisme et de ses conditions d'application

Généralement abordés sous les termes de "peer pressure" en anglais (depuis l'article de Stiglitz [Stiglitz, 1990]) ou de "grupo solidario" en espagnol [Berenbach, Guzman, 1993]), les mécanismes de garantie solidaire fonctionnent le plus souvent de la manière suivante : des représentants de l'institution de microcrédit proposent à une communauté un programme de crédits qu'ils s'engagent à accorder à des groupes solidairement responsables. Dans certains cas l'octroi des fonds se fera au groupe, qui s'occupera lui-même de la distribution entre les membres. Dans d'autres, il se fera à chaque membre directement [Christen, 1994], soit simultanément soit à tour de rôle en s'assurant que le premier a remboursé avant de prêter au suivant [Huppi, Feder, 1990]. On propose donc aux MPE d'une zone donnée de former des groupes restreints de personnes qui se porteront mutuellement garantes des obligations financières contractées. Si un membre refuse ou ne peut assurer un versement, ce sont les autres membres du groupe qui devront le faire. Ceux-ci auront alors la possibilité d'exclure le membre " fautif " lors de la demande de crédit suivante [Christen, 1994], laquelle ne pourra avoir lieu que si l'ensemble des obligations a été honoré [Berenbach, Guzman, 1994]. Il serait donc plus exact de parler de "communauté d'intérêts" plutôt que de pure "solidarité" [Dhonte, 1995, 14]. Notons que dans la plupart des cas, le système prévoit également une progression dans les montants que le groupe peut obtenir, de sorte qu'il existe une double motivation pour chaque membre : d'une part ne pas être exclu du groupe, d'autre part s'assurer un financement plus important dans le futur.

Apparue au cours des années 70 au travers d'expériences comme la Grameen Bank au Bangladesh et ensuite le réseau ACCION international en Amérique latine, l'utilisation de la garantie solidaire n'est cependant qu'une adaptation de la logique propre aux mécanismes tontiniers connus depuis fort longtemps, notamment en Asie et en Afrique [Otero, 1988 ; Berenbach, Guzman, 1993 ; Christen, 1995]. Il ne faut dès lors pas exagérer le côté novateur de la démarche : il s'agit bien plus d'une heureuse adaptation plutôt que d'une véritable invention. Par ailleurs, il existe des cas de financement de MPE où le mécanisme solidaire n'est pas utilisé... On peut par exemple penser à certaines institutions indonésiennes où la seule perspective de crédits futurs plus importants et octroyés à de meilleures conditions (en fonction de la qualité des remboursements précédents) suffit à créer la motivation nécessaire [OCDE, 1993 ; Mosley, 1995]. Quoiqu'il en soit, dans certains cas notamment latino-américains, comme Finansol ou Bancosol, ce mécanisme est au coeur même du développement de l'activité crédit des systèmes actifs en microfinance [Glosser, 1993]. Il est donc essentiel de s'y intéresser.

Une fois encore, il n'est pas possible de tirer de leçon universelle des cas d'application connus car il existe de nombreuses variantes selon les programmes et/ou institutions étudiées. Dès lors, plutôt que de chercher une recette de " groupes solidaires " applicable en toutes circonstances, il semble plus judicieux de souligner les avantages communs aux différentes formules afin de voir en quoi ce mécanisme peut avoir des répercutions positives pour la mise sur pied de mécanismes de financement des MPE.

Si on considère l'abondante littérature consacrée à ce thème au cours des dix dernières années, on peut identifier deux types d'avantages à l'utilisation de mécanismes de garantie solidaire.

Premièrement, elle permet au prêteur de réduire les coûts de transaction liés à l'octroi d'un crédit puisqu'elle regroupe les clients et délègue vers ceux-ci une partie importante de la sélection et du contrôle [Gomez Vaquero, 1992 ; Berenbach, Guzman, 1993]. Il y a donc apparition d'une économie d'échelle et réduction du risque de "free-riding" (ou plus exactement transfert de ce risque vers le groupe, supposé plus à même de le minimiser) [ENDA TIERS MONDE, III, 36 ; Gentil, Hugon, 1996]. La réduction du risque de "free-riding" associée à la garantie solidaire peut d'ailleurs être comprise comme la combinaison d'une garantie ex ante et d'une garantie ex post : une garantie ex ante car ce sont les membres du groupe qui se choisissent mutuellement et on peut supposer qu'ils savent mieux que quiconque qui, au sein de leur communauté, respectera ses obligations ; une garantie ex post car les membres sont "solidairement responsables" en cas de non paiement [Williamson, 1994].

Deuxièmement, elle réduit le risque par un simple processus de diversification au sein de chaque groupe [Berenbach, Guzman, 1994]. Dans ce domaine, le fait que les membres d'un groupe exercent des activités différentes est généralement considéré comme un facteur positif [ALBERT, 1997]. Par contre, les auteurs s'opposent parfois quant à l'intérêt d'avoir des groupes de petite ou de grande taille. Si certains estiment qu'un groupe plus grand est théoriquement préférable puisqu'il permet une plus grande diversification du risque [Huppi, Feder, 1990], d'autres, plus nombreux, estiment au contraire que c'est la petite taille d'un groupe qui en assure l'homogénéité dans la mesure où elle facilite la pression directe et le contrôle de la bonne utilisation des fonds obtenus [Wenner, 1995]. On affirme aussi souvent que les programmes urbains fonctionnent plutôt avec de petits groupes (de 3 à 7 personnes selon les cas) alors que les programmes ruraux tendent à recourir à de plus grands ensembles (de 15 à 50 personnes selon les cas). Il existe cependant des contre-exemples. Ainsi, le plus célèbre d'entre-eux, la Grameen Bank qui, travaillant en milieu rural, utilise de petits groupes.

Sur base de certains cas particulièrement réussis, on voit parfois dans les groupes solidaires "la solution" pour favoriser l'émergence "d'institutions de crédit efficaces et orientées vers le client" [Berenbach, Guzman, 1994, 120]. Certains auteurs estiment d'ailleurs que cette technique est "en grande partie responsable de la réussite financière de la Grameen Bank et d'autres programmes du même type" [Stiglitz, 1990, 351]. La modalité solidaire favoriserait ainsi une certaine indépendance des bénéficiaires tout en permettant un véritable développement des relations sociales [Berenbach, Guzman, 1993].

D'autres sont cependant plus critiques en soulignant qu'en réalité la garantie solidaire n'est rien d'autre "qu'un accord forcé de partage de risque" [Besley, 1995, 119] où la solidarité en matière de remboursements se fonde sur des éléments négatifs (les pressions des autres membres) au lieu d'être "un élément de cohésion sociale pour défendre le programme de crédit comme instrument de financement au service de la communauté" [FADES, SOS FAIM, 1995, 34]. Le fait que le personnel de l'institution de microcrédit doive relayer la pression exercée par les membres des groupes vis-à-vis des mauvais payeurs vient d'ailleurs appuyer cette thèse. De plus, certaines expériences se sont soldées par des échecs qu'il ne faudrait pas oublier [Huppi, Feder, 1990 ; Berenbach, Guzman, 1994]. On a ainsi pu constater dans différents cas que certains bénéficiaires des programmes de crédit n'étaient d'accord de participer que tant que l'exercice de pressions permettait de ramener les mauvais payeurs dans le droit chemin, se refusant par contre à aller jusqu'à rembourser en lieu et place de ces derniers [Ladman, Afcha, 1990], ce qu'en outre certains systèmes de microcrédit ne semblent pas véritablement prêts à exiger [Dhonte, 1994]. La garantie solidaire serait donc bien plus efficace en tant que garantie ex ante (effet préventif) qu'en tant que garantie ex post (effet curatif) [Dhonte, 1995].

Par ailleurs, certains groupes ou bénéficiaires décident de leur propre gré de se retirer du système. Si certains sont "forcés" de le faire en raison d'un non respect d'engagements pris collectivement [Berenbach, Guzman, 1993], d'autres, par contre, le font sans aucune contrainte, simplement parce qu'ils ne souhaitent plus participer. Il existe à ce jour très peu de recherche sur ce phénomène car bien souvent la croissance du nombre total de groupes des institutions étudiées tend à l'occulter. Il n'en demeure pas moins qu'il s'agit là d'un thème qui mériterait d'être approfondi. On peut ainsi émettre l'hypothèse que parfois, le coût individuel supporté par chaque membre d'un groupe (pour que ce dernier effectue correctement ses fonctions de sélection, de contrôle et de suivi) est tel que certains estiment préférable de ne plus participer. Des études tendent d'ailleurs à montrer que si on regarde le rendement réel des prêts consentis aux micro-entreprises participant aux groupes solidaires, on s'aperçoit que la garantie solidaire est un excellent mécanisme pour améliorer la circulation de l'information mais qu'il est coûteux [Wenner, 1995]. Hoff et Stiglitz envisagent d'ailleurs ce point comme une inefficience possible des groupes solidaires [Hoff, Stiglitz, 1990, 249].

Pour notre part, nous estimerons que s'il est clair que l'utilisation de garanties solidaires en microfinance a certainement permis de débloquer toute une série de contraintes et peut donc avoir son utilité, il faut cependant être attentif aux multiples aspects susceptibles d'influencer son application. On peut ainsi retenir dix caractéristiques communes aux diverses expériences qui semblent essentielles à la réussite de groupes solidaires.

  1. La méthodologie a été pensée pour des MPE exclues des circuits bancaires traditionnels ; la clientèle doit donc être celle-là [Berenbach, Guzman, 1994 ; Gurgand, Pederson, Yaron, 1994].

  2. L'octroi du crédit doit se faire simplement et à domicile [Ladman, Afcha, 1990 ; Berenbach, Guzman, 1994].

  3. Le montant et les conditions de remboursement doivent correspondre aux besoins des MPE [Berenbach, Guzman, 1993] ; il est notamment important de ne pas surendetter de bons payeurs qui pourraient alors ne plus être en situation de gérer l'ensemble de leur dette [Adams, Von Pischke, 1992]. Il faut par ailleurs se souvenir que pour la MPE, l'accès permanent à une ligne de crédit est plus important que le montant qu'il est possible d'emprunter en une fois [Stearns, 1991 ; Trigo Loubière, 1995].

  4. Le crédit doit être disponible dans les meilleurs délais [Otero, 1988].

  5. Ce sont les membres eux-mêmes qui doivent décider des personnes qui participeront aux groupes [Berenbach, Guzman, 1993] ; ceux-ci doivent craindre une "perte de reconnaissance social" en cas de non respect de la parole donnée [Gurgand, Pederson, Yaron, 1994, XVI]. De plus, comme l'écrit Servet, "La responsabilisation s'appuie sur le respect des obligations réciproques (...). Si un épargnant reçoit un prêt d'un organisme d'épargne-crédit et s'il fait l'expérience qu'il est possible au sein de cet organisme pour certains de ne pas remplir l'obligation de rembourser leurs dettes, il y a fort à parier qu'il doutera de l'engagement de cet organisme à respecter ses engagements à son propre égard; et il craindra pour les économies qu'il y aura déposées. De même qu'il existe des chaînes de confiance, il existe des chaînes de méfiance" [Servet, 1994b, 11].

  6. Les groupes doivent être relativement homogènes quant aux besoins de financement des différents membres [Huppi, Feder, 1990].

  7. Les taux d'intérêts doivent correspondre aux coûts réels de l'octroi du crédit [Berenbach, Guzman, 1993].

  8. Un programme de formation peut être souhaitable mais seulement s'il correspond aux besoins réels en matière de formation [Berenbach, Guzman, 1993].

  9. Lorsque c'est possible, le recours à l'épargne des participants est nettement préférable au recours à des sources extérieures de financement [Huppi, Feder, 1990 ; Adams, Von Pischke, 1992]. On retrouve le débat "argent chaud et argent froid" proposé par Bédard pour établir une liaison entre la nécessité perçue de respecter ou non une obligation et l'origine des fonds à rembourser [Servet, 1994a et 1994b].

  10. Les retards de paiement doivent être considérés comme inacceptables [Stearns, 1991] et donner lieu à des réactions immédiates (par exemple sous forme de visite sur le lieu de travail [Stearns, 1991])... En cas de non remboursement par un groupe, il est essentiel de ne pas refinancer le crédit et de supprimer toute possibilité de crédit futur pour ce groupe. [Huppi, Feder, 1990 ; Christen, 1994 ; Yaron, 1994]. Il a en effet été démontré qu'accepter un taux de non remboursement important peut rapidement saper les fondements d'une institution de microcrédit, cette pratique étant par nature "contagieuse" [Christen, 1990 ; Stearns, 1991 ; Gentil, Fournier, 1993].

Dans les cas où certains de ces points n'ont pas été respectés, on a rapidement dû constater la détérioration du système de crédits mis en place [Gentil, Doligez, 1996].

Cela étant, si certains des dix points mentionnés sont directement liés au mécanisme "garantie solidaire" (ce sont les points 5, 6 et 10), la plupart relèvent d'une approche beaucoup plus générale où l'essentiel consiste avant tout à favoriser une proximité entre le prêteur et l'emprunteur. Il semble donc pertinent de ne pas considérer la garantie solidaire pour elle-même mais de l'intégrer dans la réflexion sur le "crédit décentralisé".

En fait, c'est peut-être cela le plus important car c'est la proximité vis-à-vis du client micro-entrepreneur qui conditionnera en fin de compte les résultats de l'institution de microfinance. Certains auteurs considérant que c'est cette proximité qui est essentielle désignent ainsi les institutions actives en microfinance sous le vocable "systèmes financiers décentralisés (SFD)"... Il peut donc être intéressant de s'interroger sur cette relation de proximité entre l'institution financière et ses clients MPE.

La gestion de proximité

Favoriser la proximité doit être une priorité non seulement géographique mais aussi culturelle. Dans le cas des institutions actives en microfinance, il nous semble cohérent d'affirmer que la proximité est avant tout liée au processus de décentralisation, qui ne doit pas être limité à la seule démultiplication de structures auparavant centralisées. Il faut aller plus loin et rapprocher autant que possible l'analyse et la décision de l'octroi de crédit du micro-entrepreneur lui-même. C'est possible grâce à deux mécanismes : l'implantation d'agences au sein de quartiers à forte concentration de MPE potentiellement clientes du SFD et la mise sur pied d'un service "à domicile" au travers des agents de crédits (ou "assesseurs" si on accepte le calque fait sur la langue espagnole). Si le premier mécanisme permet avant tout une proximité géographique, le second va bien au-delà : en se rendant régulièrement sur le lieu de travail du micro-entrepreneur, l'agent de crédit prend conscience des réalités du terrain et peut ainsi progressivement mieux le comprendre. Ceci est très important à la fois pour le diagnostic posé avant l'octroi du crédit et pour le suivi qui en sera fait.

En travaillant en agence, on ne peut fonder un jugement que sur des affirmations du micro-entrepreneur. Or, celui-ci a sa propre perception des choses et il est peu probable qu'elle corresponde aux exigences d'information de la plupart des procédures formalisées d'évaluation d'un crédit. En outre, par la suite, l'évaluation de l'entreprise financée ne pourra être faite qu'à partir d'une approche de terrain qui n'aura de sens que si elle est menée de manière continue. Le lien de proximité qui permettra d'assurer une parfaite relation entre la MPE et le mécanisme financier repose donc avant tout sur le lien de confiance unissant l'emprunteur et l'agent de crédit perçu comme un intermédiaire avec lequel on peut discuter. Par comparaison avec la manière de travailler des banques, c'est d'une véritable révolution dont nous parlons ici.

Pour parvenir à établir cette relation de proximité, il faut bien entendu former le personnel de terrain afin qu'il comprenne bien son rôle et dispose de l'ensemble des compétences requises [Glosser, 1993]. Il faut également lui donner les moyens pratiques d'établir cette relation. Comme l'affirme Servet, "la véritable décentralisation consiste à donner le pouvoir de décision, de pensée et d'organisation du système au niveau où les problèmes se posent" [Servet, 1994a, 37]. Pour ce faire, deux points semblent essentiels. Premièrement, il faut que les agents de crédit "adoptent " et "soient adoptés" par la zone qui leur est attribuée. Ceci suppose qu'ils y restent suffisamment de temps et que la rotation du personnel par zone soit relativement limitée ou, mieux encore, qu'ils en soient directement issus [Rhyne, Rotblatt, 1995]). Deuxièmement, il faut que la qualité de leur travail soit évaluée sur base des résultats de cette proximité (par exemple en évaluant le travail sur base d'indicateurs de retards de paiement) et non pas seulement sur base d'un volume de travail fourni. Certains SFD l'ont d'ailleurs bien compris puisqu'ils combinent divers critères lorsqu'ils évaluent les agents de crédit [Stearns, 1993].

Le rôle des agents de crédit est donc essentiel et il y a lieu d'y accorder beaucoup d'attention. La confiance que ceux-ci auront dans le système et dans les procédures à respecter est un facteur clé de la réussite globale [Kreps, 1996], surtout lorsqu'il s'agit d'une institution en phase de croissance ou de consolidation [Edgcomb, Cawley, 1994]. Certains auteurs estiment même que, bien avant d'autres facteurs, c'est l'application de politiques adéquates en matière de gestion et motivation du personnel qui permet d'expliquer le succès rencontré par certaines institutions actives en microfinance [Jain, 1996].

Quoi qu'il en soit, de nombreux efforts ont été faits au sein de certaines institutions de microfinance afin d'encadrer au mieux les personnes appelées à travailler sur le terrain et de leur offrir de vraies perspectives en terme de carrière et de développement personnel [Stearns, 1993]. Souvent, les postes hiérarchiques supérieurs sont d'ailleurs occupés par des personnes ayant commencé comme "agents de crédit" ou "formateur" [Rhyne, Rotblatt, 1995 ; Jain, 1996], le processus de croissance de ces institutions ayant rendu nécessaire un étoffement rapide de l'organisation. Dans certains cas - et c'est notamment vrai pour les cas latino-américains de Bancosol et de Corposol - ce mouvement fut d'ailleurs accompagné de fortes crises liées à la gestion du personnel, celui-ci devant s'adapter aux évolutions institutionnelles importantes vécues au cours de ces périodes [Bell, 1988 ; Rhyne, Rotblatt, 1995]. Par ailleurs, des systèmes de motivation ont parfois été mis en place sur base de primes ou de possibilités d'obtention de financements personnels à taux réduits [Stearns, 1993 ; Dhonte, 1994].

Globalement néanmoins, c'est très clairement en jouant sur l'objectif louable du SFD et sur l'autonomie dans le travail [Rhyne, Rotblatt, 1995] que l'essentiel de la motivation du personnel a généralement été obtenue, "le sens de la mission combiné avec un cadre de travail amical, des structures de gestion participatives, et l'utilisation de renforcements positifs compensant ainsi souvent des salaires relativement bas" [Stearns, 1993].

En conclusion...

Même si on affirme encore trop souvent le contraire, la garantie solidaire n'est pas une panacée et dans les cas où elle donne de bons résultats, elle le doit probablement autant à l'ensemble du dispositif de proximité dans lequel elle s'inscrit qu'à ses qualités méthodologiques propres. Il y a donc matière à réflexion et ce n'est peut-être que lorsqu'on aura parfaitement analysé ce phénomène de proximité que l'on pourra déterminer la place exacte que peuvent jouer les mécanismes de garanties solidaires.

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