Introduction
Pour alléger la pauvreté, donateurs et praticiens font appel à la micro-finance pour insérer les populations dans le développement économique de leur pays à travers la création d'emplois, de revenus et donc de pouvoir d'achat.
Plus récemment, les donateurs s'interrogent sur la qualité de leurs interventions. L'expérience a démontré les limites et d'éventuels effets négatifs de la micro-finance et en conséquence la nécessité de mesurer l'impact de la micro-finance en termes d'amélioration de qualité de vie.
Ces mesures d'impact peuvent rassurer les donateurs et praticiens sur la qualité de leurs interventions et leur fournissent d'arguments pour justifier leur support financier qu'ils ont reçus.
En même temps, les praticiens peuvent mesurer à quel niveau, sous quelles conditions et avec quels mécanismes une approche de crédits aux pauvres est possible.
Cette tendance a été renforcée par le travail établi par quelques organisations, comme par exemple, le CGAP, AIMS/USAID, le Sommet du Micro-crédit et autres qui ont développé des méthodes de mesure d'impact au cours de longues discussions et réunions.
Pourquoi la mesure d'impact des outils interventions est-elle importante ?
Afin d'aboutir à des solutions valables de soulagement il convient d'identifier clairement les éléments qui sont à l'origine de l'état de la pauvreté.
La mesure d'impact (Impact Assessment ; IA) peut informer les donateurs à quel degré leur programme d'appui aux IMF peut contribuer à l'allègement de la pauvreté et ainsi justifier leur aide financière.
La mesure d'impact peut également contribuer à l'amélioration de la performance d'un programme par une meilleure connaissance des besoins de leurs clients.
Il est important de faire la distinction entre la performance d'un programme et son l'impact sur la pauvreté.
La performance du programme se mesure par le développement d'une IMF, nombre de clients pauvres, volume de crédits, qualité du porte-feuille, etc.
La mesure d'impact d'un programme, par contre, doit informer dans quelle mesure les programmes des IMF contribuent au soulagement de la pauvreté.
Problèmes : contraintes de l'impact de l'évaluation
La mesure d'impact peut être définie comme un " exercice d'estimer la valeur, un degré et/ou des conditions de changement associés à une intervention ". Cette méthode est plus limitée dans sa portée qu'une recherche approfondie de l'impact.
En général, elle compare les variables de l'impact à deux points dans le temps et couvre des groupes d'échantillon.
Des " études sur l'impact " essaient de comprendre le processus d'intervention et la valeur de cet impact sur la pauvreté plutôt que de mesurer, par des statistiques, chaque changement qui se produit.
Les études d'impact constituent un processus d'apprentissage dans lequel le succès et les problèmes d'une intervention sont mis en évidence et les leçons apprises sont documentées.
La micro-finance améliore-t-elle les conditions de vie des pauvres ?
Le défi des études de l'impact des mesures est d'améliorer la crédibilité et l'efficacité des programmes de micro-financement. Néanmoins, il est difficile et coûteux de mesurer, avec précision, l'impact d'un programme sur des éléments socio-économique tels qualité de vie, création d'emplois durables, pouvoir social, émancipation de la femme, etc.
Quelles sont les expériences de mesure d'impact de la micro-finance sur la pauvreté ?
On distingue fondamentalement deux approches de mesure d'impact :
- Mesure de la couverture des services financier (outreach). L'efficacité d'une intervention peut-être estimée par le volume des opérations, leurs variations pendant une certaine période (de temps) et par la qualité des services rendus.
- Mesurer l'impact de la micro-finance, c'est à dire, mesurer l'influence de la micro-finance, la qualité de vie des clients (in-depht impact) à travers l'analyse des changements dans le revenu, la santé, l'éducation, la qualité de la nourriture consommée, l'investissement dans l'entre-prise, le pouvoir des femmes, etc.
Conditions d'une mesure d'impact rentable
Les méthodes de mesures d'impact s'appuient sur des indicateurs qualitatifs qui sont difficilement quantifiables: soins de santé, éducation, amélioration de la qualité de vie, etc. Il est donc difficile d'arriver à des résultats fiables. De surplus, ces méthodes se révèlent très coûteux par rapport aux résultats obtenus.Il faut donc chercher le compromis entre la recherche de précision et le coût d'une opération de mesure d'impact.
Quelles méthodes peut-on utiliser ?
Les mesures d'impact peuvent s'appuyer sur des enquêtes formelles, sur des sondages parmi la population pauvre, par l'auto-évaluation en groupe, par les réactions et déclarations des clients, etc.
Les variables d'impact, (ci-dessous) à prix modéré, sont généralement utilisées pour les mesures.
Variables
- Revenu du ménage.
- Niveau de nourriture.
- Statut des femmes.
- Création d'emplois.
- Développement ou changement de la micro-entreprise.
- Meubles.
- Ustensiles de cuisine.
- Fréquentation scolaire.
- Recettes du ménage.
- Capacité de faire face aux crises et imprévus (épargne, fonds de sécurité).
- Qualité de l'alimentation pour le ménage
Quels sont les résultats des expériences concernant les mesures d'impact ?
On constate que les pauvres ont bénéficié, sans aucun doute, de la micro-finance, par exemple, par l'amélioration des soins de santé, des dépenses pour l'éducation. L'impact a été moins important pour les plus pauvres étant donné que leurs possibilités de rentabiliser un crédit sont plus limitées et que leurs possibilités d'investir sont plus restrictives.
- Des recherches démontrent que les ménages, ayant accès au crédit, ont plus de capacités d'adopter la technologie d'augmenter leurs revenus, d'améliorer les dépenses pour nourriture que ceux qui n'ont pas accès au crédit.
- Des études indiquent que les services de la micro-finance mènent à un meilleur niveau nutritif et une baisse de mortalité infantile.
- Au Bangladesh l'expérience de BRAC a indiqué des effets positifs sur les inscriptions scolaires, surtout pour les filles.
- Des recherches au Kenya ont démontré que l'accès au crédit a contribué à l'augmentation des dépenses pour l'éducation et la qualité de la nourriture.
- Au Bangladesh l'accès au crédit, octroyé par la Grameen Bank, a eu un impact positif sur l'usage des contraceptifs et l'émancipation des femmes. D'autre part, l'étude démontre que certaines femmes bénéficient moins du crédit que les hommes. Parfois les femmes ne contrôlent pas le crédit octroyé. Il est souvent récupéré par les hommes.
- Au Ghana la combinaison du crédit avec des services d'éducation aux groupes de femmes a sensiblement amélioré le revenu non-agricole des micro-entreprises ainsi que la sécurité de nourriture des ménages.
- Des études ont prouvé que, par le biais de la micro-finance, les pauvres prennent confiance et deviennent plus familier avec les institutions financières. L'épargne offre aux pauvres une plus grande sécurité et la capacité de faire face aux besoins urgents en cas de crise.
- D'autres recherches démontrent que l'octroi de services financiers aux femmes les aident à augmenter leur confiance, leur mobilité, leur accès aux marchés, leur indépendance et leur volonté de prendre des décisions.
Pour plus d'informations, contacter: ADA -Appui au Développement Autonome-
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